Jungkook
Aujourd'hui est le premier jour de tournage. On m'a expliqué qu'il n'y en aura qu'un seul, et que pendant cette journée, Jimin et moi pouvons faire ce que nous voulons. Une fille du staff s'approche de moi, les mains chargées de fils et de micros.
"Je dois t'installer le micro."
Je hoche la tête et me redresse, pour lui faciliter l'accès à mon torse. La femme s'occupe de moi pendant quelques bonnes minutes avant de s'en aller. Une autre personne, un homme cette fois-ci, s'avance.
"Jimin vient te chercher dans vingt minutes. Fais ce que tu veux en attendant."
Avec un dernier clin d'œil encourageant, il s'éloigne, me laissant seul face à toutes ces caméras.
Je suis à l'extérieur, à l'entrée des dortoirs. Emmitouflé dans ma veste, je souffle pour essayer de me détendre. Peine perdue, mes muscles ne se relâchent pas d'un pouce. Je regarde le ciel. Il fait sombre, car il est déjà tard, et les nuages s'amoncellent au dessus de mon crâne.
Un frisson me surprend dans ma contemplation. À dix heures du soir, en plein hiver, c'est normal qu'il fasse froid. Quand je pense que je dois attendre vingt minutes... Je soupire.
"Je peux aller me chercher un café?"
Le directeur acquiesce. Aussitôt, je me mets en route. Je ne m'attendais pas à ce que ce 'je' se transforme en 'nous'. Quand je me retourne, alerté par le bruit, je vois trois personnes armées de leurs caméras.
"Vous faites quoi, exactement?"
L'un des trois hommes rigole, tandis qu'un autre me répond.
"On te filme, quoi d'autre?"
Je les fixe, abasourdi.
"Mais je ne vais que chercher un café!"
L'homme qui m'avait répondu haussa un sourcil.
"On ne t'a jamais appris à faire un programme de variété, à toi, non?"
Je secoue la tête. Les trois individus baissent leurs appareils et se groupent autour de moi. Un petit grassouillet commence.
"Règle numéro un. Les fans adorent voir leurs idoles faire des trucs normaux. Ça les rend plus accessible, plus réels."
Le premier qui m'avait adressé la parole, avec un bonnet rouge sur son crâne rasé, continue.
"Règle deux. Tu dois être soit drôle soit mignon. Ce sont deux qualités qui plaisent. Si tu te tais, tu perds tout ton charme. Même chose si tu t'énerves ou si tu te fâches."
"Allez, on reprend, on a déjà perdu assez de temps!" clôture le dernier.
Ils s'éloignent de moi et remettent les caméras sur leurs épaules.
"Ça tourne!"
Sans rien demander, je me remets en route. Ce n'est vraiment pas agréable d'avoir ces hommes sur le dos.
Un café, enfin, ose pointer le bout de son nez. J'entre, en tenant la porte, pour laisser les trois caméramans s'engouffrer dans le commerce.