Chapitre 7 (1/2)

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« 31 juillet 2023... Je... je ne suis pas sûr de ce qu'il vient de se passer. Je crois que j'ai vu... Mais c'est impossible... Ce serait parfaitement incroyable...

« Comme je l'avais prévu, je suis remonté jusqu'à mon enfance en poussant les paramètres de simulation du TS au maximum. Les souvenirs d'enfance sont les plus profonds, donc les plus ancrés dans la mémoire, mais aussi les plus difficiles à reconstruire et à remettre en ordre. Je suis remonté vers mes sept ou huit ans... et puis j'ai changé ma propre personnalité. En modifiant les différentes relations que j'ai eues pendant mon enfance puis mon adolescence, je suis devenu... une tout autre personne... Mais, on s'en fout, on s'en fout complètement ! C'est ce qui est arrivé après ça qui est intéressant... effrayant, fascinant...

« Je suis mort. Mais le Tulving Simulator ne s'est pas arrêté de fonctionner pour autant. Non, il a continué les simulations. Et j'ai vu... ce qu'il y a après. Le TS a simulé... non, a vu ce qu'il y a après la mort ! Hahahaha ! C'est incroyable, impensable ! Il faut que j'y retourne tout de suite, il faut que je replonge, jusqu'à ma naissance s'il le faut, et il faut que je meure à nouveau. J'ai déjà l'impression d'en oublier les détails... Il y avait une lumière aveuglante, mais ça ne s'arrêtait pas là... J'ai observé mon propre corps, comme si je me parlais à moi-même...

« Il faut que je revoie ça... encore. Je vais à nouveau augmenter les paramètres sensoriels jusqu'au maximum possible avec les ressources disponibles. J'étais tellement choqué, tellement interpellé par ce qui se passait que je me suis réveillé par réflexe. Cette fois, je vais plonger si profondément que je ne me réveillerai pas. Oh, évidemment, il y a un risque pour que je ne me réveille... jamais. Et alors ? Ce monde n'a plus rien à m'offrir ! Tout m'a été pris, plus rien n'a d'intérêt dans ce petit monde ridicule où le temps s'écoule aussi lentement et aussi froidement ! Dans le Tulving Simulator, je suis le maître du temps, de l'espace, de la vie et de la mort ! Je peux tout voir, tout entendre, je peux tout vivre et tout faire !

« Cet enregistrement est sûrement le dernier que je vais effectuer. Il est donc temps de dire adieu à...

*BANG*

« Qu'est-ce que c'était ? On aurait dit un coup de feu... dans mon laboratoire ? C'est impossible. Non, j'ai dû rêver... je... Il faut que j'aille vérifier. »

*

Harvey passa doucement sa main sur le côté droit de son visage, percevant chaque cloque, chaque plaie, chaque empreinte que les flammes avaient laissées sur sa peau. Le simple fait d'y toucher envoyait un frisson le long de sa nuque, diffusant une douleur et un plaisir étrangement complémentaires dans tout son organisme.

Le patron était mort. Le grand John Tucker, abattu comme un chien dans une ruelle par un pisseux et une vieille agonisants. Mais avant de mourir, il avait laissé un ordre à ses hommes, et Harvey était le seul survivant de l'entrepôt. Il était de son devoir d'accomplir cette mission.

D'un geste cérémonieux, presque religieux, il rabattit sa capuche sur son crâne à moitié brûlé et se concentra sur son objectif. La femme avançait rapidement, déterminée. Harvey la suivait, sa détermination à lui étant infiniment plus grande.

Soudain, la femme s'arrêta. Elle observait l'entrée d'un vieux garage de réparations de voitures. Harvey, lui, l'observait, elle. Elle jeta un coup d'œil à droite puis à gauche, ne sembla pas s'apercevoir de la présence de l'homme encapuchonné au coin de la rue, puis elle poussa la porte de la réception. Harvey se mit en marche.

Il se posta devant l'entrée qu'avait franchie la femme et attendit. Il entendait ses pas à l'intérieur, il sentait son parfum, percevait sa présence. Un bip retentit, et une nouvelle porte s'ouvrit, quelque part dans le bâtiment. Harvey posa sa main droite sur la poignée, sa main gauche empoignant son Smith & Wesson.

SiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant