Prologue

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Maison-de-Dieu de Nevira, Ecritoire n4, lettre 7 : d'Amadeïs Ravière

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Maison-de-Dieu de Nevira, Ecritoire n4, lettre 7 : d'Amadeïs Ravière

Mon bien très cher Gaara du désert,

Je réponds au nom d'Amadeïs Lucius Armaël Ravière. Je suis le fils cadet de l'Archi-doyen le plus influent du pays de cendres, l'Archi-doyen de Névira, Ulrich Ravière. Je naquis le 13 Aost à Névira même, dans l'enceinte de la Maison-de-Dieux. Je reçus une éducation stricte et pieuse pour faire de moi un homme droit et érudit. J'ai voué mon existence toute entière au Seigneur. On m'a destiné à devenir le successeur de mon père, qu'importent mes inclinations. J'ai toujours été docile, toujours j'ai écouté les vœux de mon père. Je savais que je ne goutterais aux plaisirs de la chaire avant le mariage, et qu'à cette femme, choisie pour n'éveiller aucun désir, je devrais donner des enfants, qui seront mes successeurs. Jamais je n'ai failli à mes devoirs. J'ai tendu la main aux plus démunis, je les ais accueillis à bras ouverts dans la Maison-de-dieu, je leur ai ouvert mon cœur.

Qu'importe. Je ne suis pas là pour faire mes propres éloges, la vanité est un péché, mais je suis venu en cet écritoire m'adresser à toi, Gaara, à quelques jours de ma fin pour me confesser. Je suis humain, j'ai péché. J'ai aimé, j'ai désiré et j'ai tué. J'étais un exemple de droiture, tout être pourra en témoigner, toi même tu le sais, et toi même tu t'es toujours méfié de moi pour cette même raison.

Mais "elle" me détourna du droit chemin. Le chemin que mon seigneur m'a tracé.

Je l'ai rencontrée au village. Ce même village où nous avons tous deux grandis sans jamais que je prête attention à sa dance et à son chant. Alors que j'effectuais une ronde d'usage, je fis tomber mon talisman. Elle le ramassa et vint me le rapporter. Elle avait dans les yeux toute la misère et la beauté de ce monde à la fois.

Alors que j'avais fait vœux de chasteté pendant ma cérémonie de sacre, elle m'a fait rayer ce serment d'un coup d'épée. Je l'aimais. Elle m'a montré son peuple et ses couleurs, les larmes de ces misérables opprimés, et pourtant leur philosophie de vie et de joie, à laquelle je sais que toi aussi tu as été sensible. Elle souriait chaque jours, bien que le destin semblait s'acharner sur ses frêles épaules. Elle souriait ...

Le Démon l'aurait-il envoyée pour détourner l' Homme du Destin que le Maréchal a offert à lui ? Serait-elle sur cette terre pour tricher et échanger les cartes qu'il nous a mises en mains à la naissance ? J'accuse cette zingara de corruption. Je l'accuse d'être le "rat porteur de la peste" que le grand Maréchal Godwin voit en elle et en son peuple.

Alors que je m'en allais, en ignorant le protocole et l'avis de mon père, la demander en épousailles, j'ai été confronté à un homme railleur. Celui-ci, la cigarette au bec, m'a craché ma naïveté à la figure en m'apprenant la terrible vérité que mes yeux refusaient de percevoir jusqu'alors. Elle à qui j'offrais mon cœur n'était qu'une zingara. Mais pourquoi était-elle donc si belle si c'était pour appartenir à tout le monde ou à personne ? Je m'en suis retourné, aveuglé par la rage. La honte me pesait courbant mon dos, je vomissais ma dignité sur les trottoirs, trottoirs dont elle était la princesse. Si mon père apprenait que je désirais une fille de ce peuple, s'il savait que je brulais pour une simple esclave, il me renierait, me déshériterait ... Je serais bannit ... Je suis la honte de la famille.

Alors j'ai pris une décision afin d'enterrer à jamais ce cadavre encombrant le placard de ma poitrine. Il fallait l'éliminer, elle qui me coutait mon honneur.

Je suis allé trouver le Général de la G.A.S en charge du quartier, Pyoutra. Je lui ai expliqué que les habitants de la masure où elle créchait étaient un danger pour la société et devaient être déportés prestement, malgré le ghetto dans lequel ils se trouvaient. Il m'a répondu que c'était impossible, que chacun de ces miséreux étaient protégé par un contrat passé avec le Seigneur Von Belt ayant acheté trois villages pour en faire des terres où s'appliquaient le droit d'Asile pour les basses castes opprimées. Face à cet argument j'ai péché à nouveau. J'ai corrompu le Général d'une poignée d'or.

-Le travail sera fait.

Pour noyer le poisson je condamnais à mort d'autres enfants aussi. J'ai été lâche. Pas même capable de l'occire de ma propre lame, pas capable d'affronter son regard et d'écouter ses derniers soupirs. Je voulais qu'elle périsse loin de ma vue, loin de mon cœur. Pardonnes-moi seigneur, j'ai condamné une de tes filles. Car oui, je veux continuer à croire que, malgré tout, chaque enfant en ce monde est tien.

Je sais quelle inclination tu avais pour cette même zingara, quelle amitié tu éprouvais pour Jo des chantiers, et Azlan des mines. C'est pourquoi c'est à toi que je dois confesser ma faute pour m'en voir expié avant que ma gorge par la corde ne soit tranchée.

Depuis le début, c'est toi qui avait raison ... sur l'homme : l'homme est un loup, et je suis un homme.

Que ce dernier aveux soit mon tombeau, Gaara.

Amadeis Lucius Armael Ravière, lupus sum. (loup je suis)

 (loup je suis)

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On Sera tous des CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant