5ème OS

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-Tiens, tu n'as pas mis la robe rouge de Nevra?

Elle savait qu'il allait dire ça. On aurait dit que c'était dans sa nature de la taquiner. Elle soupira, comme à son habitude. Non seulement, cette robe avait été brûlée depuis un bon moment, mais en plus, la soirée ne s'y prêtait pas. C'était une fête réservée aux Obsidiennes. Elle se voyait mal arrivée à la taverne, en robe, entouré de guerriers ivres qui parlent fort. Non, elle s'était contentée d'un haut et d'un pantalon marron, dans l'espoir de se faire plus discrète que la dernière fois.

-Arrête de te moquer, Wedrekil.

Le jeune homme pris une tête boudeuse, déçu qu'elle ne rentre pas dans son jeu. Il la guida néanmoins jusqu'à la taverne où avait lieu la fête de la garde Obsidienne. Liako lu « la taverne Bersek » sur l'enseigne au-dessus du bâtiment illuminé de l'intérieur. Il n'était pas encore rentré qu'ils entendaient déjà les éclats de voix et sentaient presque l'alcool. L'ambiance s'était déjà installée.
Quand ils entrèrent, la pièce parut beaucoup plus grande que vu de l'extérieur. Et chaque mètre carré était occupé par au moins 2 Obsidiennes et leur chope d'alcool. Le brouhaha était incessant mais la bonne humeur régnait. Un homme prit Wedrekil par l'épaule et avant qu'ils ne s'en rendent compte, le jeune homme avait disparu, embarqué par l'inconnu. La jeune femme dériva pendant un temps dans la boutique, poussée et bousculée, par inadvertance, par des hommes beaucoup plus forts et grands qu'elle. Elle commençait à croire qu'elle n'arriverait jamais à s'asseoir quand elle revit son ami aux cheveux rouges qui lui faisait signe de venir. Elle joua des coudes et finalement, parvint à la table de Wedrekil. On se serra pour laisser une place sur le banc à la nouvelle venue. Tiens, Valkyon est là aussi. En effet, il se trouvait en face d'elle. Ils se sourirent puis l'homme aux cheveux rouges parla.
Wedrekil était un homme turbulent qui adorait la taquiner –et elle adorait ses blagues- mais son talent de conteur était indéniable. Il se mit à raconter une légende eldaryenne et tout le monde à la table l'écoutait dans un silence religieux. Durant son récit, quelqu'un posa une chope d'hydromel devant Liako et elle trempa ses lèvres dans le liquide ambré. C'était doux et sucré.
Devant elle, la jeune femme vit son chef vider sa propre chope d'une traite. Le souvenir de la nuit où elle l'avait surpris, totalement ivre, lui revint brusquement en tête. Elle tenta de dissimuler ses joues rougissantes, garda un air calme et détourna le regard de son supérieur. Peine perdu. Il avait gardé son bras levé, sa choppe en l'air et la regardait. Comme si il avait lu dans ses pensées, il dit :

-Je n'étais pas dans mon état normal, déclara-t-il à son attention.

Mon Dieu ! Il se souvient de ce qu'il s'était passé ? Il se souvient de ce qu'il m'a dit ?
Son malaise grandit mais elle ne le montra pas. Cependant, ce qu'il avait dit lui avait transpercé le cœur. Tout, absolument tout ce qu'il avait pu dire ou faire cette nuit-là était effectivement dû à l'alcool. Il n'était pas dans son état normal donc peu importe qui était rentré dans sa chambre cette nuit-là, il se serait passé exactement la même chose. Il venait de lui crever le cœur mais elle garda un visage impassible. Ils se regardèrent dans les yeux. Valkyon dut prendre ça pour un défi car il dit :

-Tu ne me crois pas ? L'alcool fait faire beaucoup de chose qu'on ne voudrait pas faire en temps normal.

-Je te crois, je n'ai rien dit contre ça.

Il la regarda. Il plissa légèrement les yeux, sembla vouloir lire en elle, trouver quelques secrets. Puis tout à coup, il sembla comprendre quelque chose.

-Tu n'as jamais été saoule, accusa-t-il d'un ton calme.

Toute la table s'était retournée pour la regarder. C'était vrai, elle était déjà allée en soirée avec des amies, avait déjà bu de l'alcool mais jamais à outrance. Elle voulait à tout instant garder le contrôle sur elle-même, et la boisson était le meilleur moyen de se laisser aller. Comme elle ne répondait rien, les guerriers attablés comprirent que c'était un « oui » silencieux. On se désintéressa de Wedrekil et ses fabuleuses histoires. Une petite dizaine de chope de bière ou d'hydromel apparurent devant elle, un don généreux des Obsidiennes autour d'elle. Elle était au centre de l'attention de tous. Devant elle, Valkyon avait croisé des bras et l'avait posé sur la table. Il la regardait.
Elle comprit brusquement. Un bizutage ... Son chef déclara :

OS Eldarya Où les histoires vivent. Découvrez maintenant