- Non !
- Mais pourquoi ?
Liako soupira de désespoir. Elle savait que la sirène ne lâcherait pas l'affaire mais cette fois, la faelienne ne cèdera pas !
- Je ne veux pas me rendre à ce bal, un point c'est tout.
- Mais enfin, il y aura tout le monde ! Rétorqua Alajéa, et puis, ce bal n'a lieu qu'une fois tous les 5 ans ! On danse, on fait de nouvelles rencontres, on discute, on s'amuse quoi ! Si tu n'y vas pas, tu vas le regretter !
Nouveau soupir de désolation pour Liako. Comment faire comprendre à Alajéa ce qu'elle ressentait ? L'univers de la faelienne tournait autour des combats, des ballades dans la forêt en solitaire et du silence. Son monde ne correspondait pas du tout à celui des bals avec son hypocrisie de mise et son étalement des richesses personnelles. Elle était certaine qu'elle n'y serait pas à sa place. C'est pourquoi cette dernière avait décidé que, le jour de cette fête, elle resterait dans sa chambre à nettoyer ses armes. Ce qui n'était pas du goût de la jeune sirène.
Soudain, celle-ci eut une idée. Alajéa se pencha vers Liako et murmura à son oreille sa dernière carte : un moyen de pression. Elle la menaça de dévoiler au grand public quelques secrets de la faelienne que seule la sirène connaissait. Liako étouffa un juron.- Tu es un monstre...
- Je sais ♥, répondit-elle malicieusement.
Quand cette dernière quitta la chambre, elle annonça à sa victime qu'elle s'occuperait personnellement de la toilette de la faelienne. En effet, Alajéa n'avait pas confiance en les goûts trop peu féminins de Liako. Celle-ci, dès la porte refermée, poussa un énième soupir de désespoir. Elle s'allongea sur son lit en se demandant dans quelle galère elle s'était encore embarquée.
Elles arrivèrent avec les derniers retardataires. Quel cliché, ne put s'empêcher de penser Liako. Il fallait dire qu'elle avait rechigné à la tâche, espérant décourager Alajéa et pouvoir enfin échapper au bal. Liako ne put s'empêcher d'admirer la patience dont la sirène avait fait preuve. Celle-ci l'avait calmement aidé à s'habiller et à la coiffer, malgré les tentatives de sabotage de la faelienne. Même en ce moment, elle se laissait presque trainer par Alajéa pour les retarder encore un peu, trébuchant à chaque pas.
Enfin, elle pénétra dans la tant redoutée salle de bal. Celle-ci était comble, il lui semblait que toute la garde d'Eel s'était rassemblée ici pour danser et bavarder. La piste de danse se trouvait au centre de la salle et occupait la plus large place de la salle. L'orchestre, qui jouait une chanson gaie et entrainante, s'était installé en face de la porte d'entrée. Tout autour de la piste de danse, les gens avaient formés des groupes et bavardaient tranquillement.
D'instinct, la sirène se dirigea vers un banc capitonné où elle assit de force la faelienne qui s'accrochait à son bras. Quand Alajéa s'éloigna, Liako l'interpela :- Attend ! Qu'est-ce que je suis sensée faire, là ?
- Tu laisses ton charme agir~
- Qu-quoi ?
Trop tard, la sirène avait déjà disparu dans la foule. Liako attendit donc sur ce banc, ne sachant trop quoi faire. Elle croisa les jambes, lissa sa robe, réajusta ses manches, vérifia que son chignon tenait bien, décroisa les jambes, etc...
Elle revit Alajéa à l'autre bout de la salle, sa robe bleue nuit étant une tâche bien visible au milieu de cet océan de blanc. Liako se souvint quand celle-ci était rentrée dans sa chambre, il y a à peine quelques heures, vêtue de cette tenue moulante dont elle seule avait le secret. Ensuite, la sirène lui avait tendu cette robe blanche qu'elle portait actuellement. La couleur l'avait laissé perplexe, pensant que cela faisait trop pensé à une robe de marié. Cependant, quand elle avait vu que les couleurs claires étaient dominante dans l'assemblée, elle s'était rassurée. Quand la jeune femme regarda autour d'elle, elle ne put s'empêcher d'admirer les tenues des autres invités. Somme toute, la sienne se fondait bien dans le décor. En effet, c'était une simple robe blanche aux manches trois-quarts dont tout le tissu, à partir de la poitrine, était en dentelle. Elle avait un col rond, une fine ceinture ornée de quelques perles et la jupe arrivait jusqu'à ses pieds.
Le plus bel atout de cette robe trop simple pour Alajéa, était son dos nu. La peau de la faelienne était dénudé jusqu'au-dessus des reins et agrémentée d'un bijou de dos en perle. Ses cheveux relevés en épais chignon donnait un côté très sensuel à sa tenue. Trop sensuel pour la jeune femme, peu habituée à des vêtements aussi féminins. Cependant, elle se raisonna en voyant des tenues bien plus affriolantes que la sienne, et qui ne semblaient choquer personne.
Liako s'ennuyait comme un rat mort sur son banc et se demandait quand allait finir son calvaire. Quand elle vit un jeune homme faire une gracieuse courbette devant elle pour lui tendre sa main, elle comprit que sa torture ne venait que de commencer.