Chapitre 16, vingt milles lieux plus loin

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C'est le grand jour. Une belle journée de Juin ensoleillée. Elle est là, devant moi, terminant de boucler son sac de voyage déjà trop chargé. Elle trie ses vêtements sur le volet, me donnant au passage quelques fripes qu'elle ne remettra jamais. Elle semble anxieuse, elle qui est d'habitude si calme. Elle fourre les quelques habilles restant dans des sacs poubelles qui finiront empoussiérés au fond d'une armoire.

Je suis assise sur son lit. Je la regarde. Ses cheveux sont attachés et elle vêtue simplement: spartiates, short bleu et haut gris/bleuté avec écrit "College" en gros sur sa poitrine légère. Pendant que je me tourne les pouces nerveusement, elle clip enfin son sac, me jetant de temps en temps un coup d'oeil.

- Voila c'est bon j'ai fini..! soupire t'elle soulagée

- Stella, on part dans 10 minutes! crie sa mère dans l'entrebâillement de la porte.
Elle aussi a l'air nerveuse du départ de sa fille. Mais c'est normal: son bébé s'en va à l'autre bout du monde. Et Dieu seul sait si elle reviendra un jour.
10 minutes. Il nous reste 10 minutes.Je l'observe, elle et ses cheveux couleurs miel. Je voudrais lui dire tant de choses, lui déclarer ma flamme une énième fois, la supplier de ne jamais m'oublier. Mais aucun son ne sort de ma bouche. Je reste stoïque, les yeux grand ouvert. Elle m'invite à s'assoir à côté d'elle, dans ce grand lit ou nous avons fait l'amour tant de fois et ou il ne reste plus qu'un drap blanc abandonné. Elle m'attrape la main avec douceur et la couve dans les siennes. La chaleur de son corps fait naitre un frisson en moi, amplifient un peu plus ma tristesse "Tu ne sentiras peut-être jamais plus ce sentiment de bien être quand elle te touche". Elle soupire encore une fois et plonge ses yeux dans les miens. On ne se dit rien, peut-être car il n'y a rien à dire. Je sens les larmes qui montent et je ne les retiens pas. Elle prend ma tête et la colle contre la sienne. Les huit premières minutes passent ainsi et les deux dernières se concentrent sur nos baisers qui se mélangent à nos larmes.

Nous n'avons pas parlé d'avenir elle et moi. Je ne sais pas quand je la reverrai, ni si on sera de nouveau un jour ensemble. Je suis dans ses bras, et je pleure, silencieusement. Qu'est ce que je vais faire sans toi... Je voudrais tout abandonner, la suivre, partir avec elle, n'importe quoi, n'importe comment, du moment que je suis avec cette fille qui en partant, s'en va avec une partie de moi que rien d'autre qu'elle ne me rendra.
Je ne suis pas la seule à être brisée. Je le lis dans ses yeux, dans ses baisers, dans nos étreintes.
Quand on sait que quelqu'un va partir, il est profondément difficile de le réaliser, jusqu'à la dernière seconde. La personne est là, devant vous. Elle est là depuis longtemps, des jours, des semaines, des années parfois. Elle a toujours été là. Chaque matin à vos réveil, chaque soir à vos couchés. Se dire qu'elle part, c'est imaginé quelque chose qui n'existe pas. Qui n'a jamais existé à partir de l'instant ou elle est entrée dans votre vie. Car on ne veut pas savoir ce qui nous attend derrière. On ne veut pas penser à l'immense vide que cette absence va laisser. Et surtout, on ne le réalise pas.

- Stella, on y va! La voix de sa mère me tire de mes pensées et de notre étreinte passionnelle. Il est temps pour moi de partir.

- Prend soin de toi. C'est tout ce que j'arrive à lui dire

- Toi aussi murmure t'elle la voix brisée et le regard terriblement triste.

Je la regarde une dernière fois, pour ne jamais oublier. Ses yeux en amandes, son grain de beauté au coin de la joue, son nez nubien, sa bouche trop pulpeuse, sa peau caramel, ses courbes parfaites. Je n'oublie rien. Ma main finit par lâcher la sienne et dans un dernier sanglot, je tourne les talons et franchis le pas de sa porte. Je marche vite jusqu'à l'entrée de son appartement, murmurent un au revoir discret à sa mère pour ne pas qu'elle est le temps de voir toutes les larmes qui coulent sur mes joues. Je claque la porte d'entrée et cours, prenant la sortie de son immeuble, traversant l'entrée de sa résidence jusqu'à ma voiture sans jamais me retourner. Je m'installe au volent et passe très vite la première pour ne pas être tentée de faire demi tour. Je roule très vite. Trop vite. Aussi vite que cette amour qui s'enfuit. Arrivée chez moi quelques minutes plus tard, je m'effondre dans mon lit, n'arrivant pas à tarir la douleur que le manque d'elle fait naitre en moi: "voila c'est finit. Il n'y aura plus jamais de réveil à deux, de sorti Parisienne et de films fantastique quand la nuit tombe. Il n'y aura plus de nuit d'amour, ni de baisers tendres. Je t'imagine déjà à l'aéroport, portant ton sac pleine d'aventure sur le dos, à la conquête d'un nouvel univers que je ne partagerai pas avec toi. Ton monde continuera de tourner mais sans le mien, c'est ainsi. Comme tu vas me manquer. Tu me manques déjà, c'est si douloureux. Que vais-je faire maintenant que tu n'es plus là..." Mes pensées divaguent comme une âme en peine et tandis que je frôle la dépression instantanée, mon portable vibre:

Mon amour,

Comme tu vas me manquer. Je suis déjà à l'aéroport. Je devrais être heureuse et pourtant mon coeur est si lourd. Tu ne sais pas comment c'est difficile pour moi. Je sais que nous n'avons pas parlé d'avenir, mais j'espère que malgré la distance tu resteras mienne, car je ne peux définitivement pas continuer ma vie sans toi. Je mourrais de ne pas t'avoir à mes côtés. Tu me manques déjà si fort, je t'envoie un message quand je suis arrivée. 20 milles lieux plus loin, mais tout prêt du coeur

Stella

Je relis son message dix fois, si ce n'est cent fois.

Stella,

Je crois que je ne survivrais pas de ne pas t'avoir à mes côtés. Te savoir à l'autre bout du monde me déchire profondément, mais pour nous je tiendrais le coup . Qu'importe le temps, la distance ou tout ce qui nous sépare, tu es dans mon coeur. Je suis encore tienne et compte bien le rester même si le chemin sera dur. Si ma vie continue malgré ton départ, elle ne reste rien sans toi. Profite bien du trajet avec tes copines.

Je t'aime

C'est dit. Stella reste mienne. Je voudrais faire la danse de la joie, sauter dans mon lit, participer au triathlon, faire le tour du monde en montgolfière. Elle est toujours mon amoureuse et compte bien le rester. Paisiblement je m'amuse à faire défiler nos photos car c'est tout ce qu'il me reste. Et tout en réalisant pour la première fois de ma vie que l'amour n'a aucune frontière, je songe à tout le bonheur qu'elle m'apporte, oubliant comme le font si bien les enfants, toute la difficulté de la réalité que nous venons de décider d'entreprendre.

*Hello tout le monde. Mille pardons pour ce chapitre tardif, malheureusement je n'ai plus trop de temps à moi mais je compte bien continuer cette histoire même si c'est avec moins de régularité. J'espère que ce chapitre vous a plu et le changement du passé au présent aussi. N'oubliez pas de voter si c'était un bon moment pour vous! Je vous souhaite un bon début de semaines et vous dit à bientôt!*

La première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant