Chapitre 17, HB

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Les jours passèrent, comme tourne la terre. Stella était loin, si loin. Il n'y eu pas un matin ou je ne me levai pas sans penser à elle. Ses messages se faisaient rare et parfois, je me sentais seule. Je continuais ma vie, tout comme notre histoire.
Elle me manquait chaque jour, à chaque heures. Stella me racontait qu'elle voyait des choses merveilleuses, qu'il faisait très chaud là-bas et qu'il y faisait bon vivre. Elle m'écrivait peu à mes yeux. Trop peu. Mais beaucoup selon elle. En France déjà ce n'était pas son fort. Mais elle était là devant moi et le manque ne se ressentait pas. A distance, tout était plus compliqué. Le décalage horaire tout d'abord. Quand elle s'endormait je me réveillais et inversement. Ce détail n'aidait pas. Et pour continuer, elle ne parsemait pas ses messages de mots doux, des mots qui me faisait rêver ou me sentir aimer. Des mots qui pouvait simplement me donner l'illusion que le soir venu elle serait là pour caresser ma joue quand je m'endors. Stella était juste simple et pudique sur ses sentiments, négligeant peut-être un peu que tout cela ne me suffisait pas. On s'appellait très peu. Car cela coutait trop cher et que je pense que dans le fond, ce n'était pas trop notre truc le téléphone. Mais quand elle m'écrivait, elle s'appliquait, à sa façon et surement qu'à cette époque, je n'avais pas la maturité nécessaire pour le comprendre:



Aujourd'hui on a enfin acheté notre van! Il est tout bleu alors que ceux des autres est blanc! Tout le monde veut monter dedans pour voir à quoi il ressemble, alors avec Karina et Anne on a fait un petit apéro avec des autres backpackers, on est garé sur la plage, le couché de soleil est merveilleux, j'aimerais tellement que tu vois ça..! Je vais pas tarder à aller me coucher, belle nuit à toi

Je lisais ses mots et ne retenais que le fait qu'elle était avec des inconnus, à l'autre bout du monde, me trompant peut-être. Alors je noyais ma colère dans des reproches que je lui lançais à la tête et dans des soirées trop festives et quand je rentrais à quatre heures du matin, je roulais très vite pour oublier à quelle point elle me manquait tout en écoutant des musiques d'amour qui vous font rêver de sable blanc et de nuit de passion.




L'été arriva. Et avec lui toute sa folie. J'abandonnais les cours, infirmière ce n'est pas pour moi, ce fut les mots que j'adressai à ma mère quand elle me demanda en pleurant pourquoi je quittais encore l'école. Peu importe. Tout n'était pas perdu songeai-je, il y a Stella.

Je descendis dans le sud à Avignon, spécialement pour faire le festival.
Le festival d'Avignon c'était plus de deux milles pièces jouaient pendant tout un mois, avec des milliers de comédiens venus montrer leurs talents et des spectateurs du monde entier qui enchainent les pièces, regardant jusqu'à cinq à six comédies dans une même journée. Les rues étaient bondées et il y avait tellement d'affiches aux murs qu'on ne pouvait même plus distingué la couleur de la pierre. Les gens s'affairaient dans les rues piétonnes, voguant d'un théâtre à un autre, dans l'espoir de repartir avec des souvenirs artistiques qu'ils n'oublieraient pas. On croisait à chaque coin de rue des comédiens qui promouvaient leur pièce: "venez voir Hamelet revisité, ce soir à 20h, au Kabarouf! Shakespeare comme vous ne l'avez jamais vu!"  Il faisait beau, il faisait chaud, les gens étaient heureux et moi aussi. Je n'ai jamais oublié cette été. 

On avait répété toutes l'année avec mes camarades, des heures et des heures durant. Nous étions enfin prêt pour présenter chaque soir pendant un mois cette pièce que nous avions tant travaillé. On jouait chaque jour, à la même heure. Et chaque jour, quand on passait devant ce Foodtruck chez qui on prenait parfois des cornets de frites, il y avait cette fille qui me regardait avec insistance. Elle avait de jolie yeux verts et des cheveux mi long, couleur or. Comme elle portait tout le temps ce short qui valorisait parfaitement ses formes, je pouvais voir son tatouage qui recouvrait sa cuisse. Un jolie halo qui en faisait tout le tour. C'était très beau.
Elle avait l'air plus âgé que moi, pas loin de la trentaine, mais ça n'enlevait rien à son charme. Un jour, en me tendant le cornet de frite, elle me demanda mon prénom, peut-être car je l'observais toujours avec cette même curiosité depuis maintenant une semaine

La première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant