DEADLINE [BoyxBoy]

11. Pas une deuxième fois

Dring dring dring... J'ouvre faiblement mes yeux et me contorsionne dans mes draps pour étirer mes muscles endoloris en poussant un petit gémissement fatigué. La sonnerie est arrêtée et j'entends qu'on s'agite en bas. Avec le peu d'énergie qui m'habite juste après le réveil, je me redresse sur mon matelas en position assise et jette un coup d'oeil par dessus la barrière de sécurité au bord de mon lit. J'hausse un sourcil surpris en voyant Bo Gum sauter dans un jogging.

« Tu fous quoi ? » Il tressaillit sur le coup et me lance un regard par dessus son épaule « C'est vrai, quoi.. il est seulement.. » je m'arrête le temps de me saisir de mon téléphone et de vérifier l'heure « Il est seulement six heures trente du matin Bo Gum.. » je marmonne à moitié endormis en me frottant mollement le visage.

« Rien, rien, rendors-toi ! » Bo Gum dissimule sa crinière ébouriffée sous la capuche d'un sweat beaucoup trop large pour lui, puis glisse ses pieds dans des claquettes avant de quitter la pièce en trombe sans plus d'explications. Je grogne en me laissant retomber dans mes couvertures, quelque peu énervé d'avoir été réveillé de si bon matin pour "rien". Le corps en boule, je m'enroule dans le draps comme dans un cocon et ferme les yeux. J'ai beau chercher désespérément le sommeil il semble bien loin de vouloir se pointer à moi. Rapidement découragé, car oui je fais partie de ces gens qui abandonnent facilement, je déverrouille l'écran de mon portable et passe une bonne demie-heure à trainer sur les réseaux sociaux. Je retourne sur les profils des amis que j'ai laissé en France et voilà que tout ce que j'obtiens en retour c'est trois tonnes de sentiments nostalgiques et chiants qui m'arrivent en pleine gueule. En y repensant, ces personnes-ci me manquent beaucoup. Je ne sais pas si c'est le fait de ne plus les avoir vus depuis un moment, mais j'ai juste l'impression que ces personnes-ci viennent d'un univers parallèle au mien. C'est pour dire si je ne les avais pas déjà oubliés, les pauvres. Revoir leurs visages de cette manière me fait juste me sentir.. étrange.

Bo Gum revient plutôt rapidement par rapport à ce que j'avais imaginé en prenant bien soin de fermer délicatement la porte, s'imaginant sans doute que je me suis recouché. D'après ce que je peux voir en me penchant un peu entre les barreaux de la barrière de sécurité, notre Bogummie est revenu de son excursion avec un petit sac en plastique noir. Il retire ses tongs et traine ses pieds nus jusqu'à la salle de bain où il vient s'enfermer, toujours aussi silencieusement. Puisqu'il met du temps et que le bruit d'en bas qu'il s'efforce de dissimuler m'intrigue, je me décide à sortir mon cul hors du lit et d'aller le rejoindre en toute discrétion. Lorsque j'ouvre la porte, je découvre mon colocataire avec la tête penchée de côté qui s'applique à badigeonner son cou de fond de teint.

« Qu'est-ce que-.. ? » Trop concentré sur ce qu'il faisait pour remarquer ma présence à travers le miroir, il sursaute violemment et lâche le flacon qu'il avait dans la main sous le coup de la surprise. Le verre explose et le carrelage se retrouve tout tâché de beige. Les yeux de Bo Gum s'écarquillent et sa main vient rapidement couvrir sa bouche béante alors qu'il me lance un regard encore tout paniqué par l'intermédiaire de la glace. « Ça va ? Tu t'es pas coupé les pieds j'espère ? » je demande légèrement inquiet par cette expression choquée qui persiste sur son visage. J'en profite et me rapproche pour poser mes mains sur ses épaules minces, histoire de m'assurer qu'il ne s'est pas blessé avec le verre. Bo Gum secoue la tête de droite à gauche comme pour me faire comprendre que tout va bien et rabaisse sa main. « Tant mieux, alors.. Mais pourquoi du fond de teint ? » Il se pince soudainement les lèvres, l'air honteux, et se hâte de trouver réponse à ma question.