"Durant un moment, il ne se produisit rien.
Puis, au bout d'une seconde à peu près, il continua de ne rien se produire." - Douglas Adams
J'ai mal. Un peu. Je ne sais pas vraiment où. Ça me tape. Sur le haut de mon crâne. Je ne sais pas comment définir ça. Je ne sais pas d'où me viennent ces mots. Qu'est ce que c'est des mots ? Qu'est ce que je fais ? Qu'est ce que je suis ? Qui je suis ?
Il fait noir. Pourquoi noir ? Pourquoi ce mot ? Qu'est ce qu'il signifie ? Je suis perdu. Je ne sais pas quoi faire. Mais je pense. Je crois que je pense. Mais j'ai mal. Quand je pense j'ai mal. Est ce que c'est bien de penser alors ? Je ne sais pas. Je ne peux pas m'en empêcher. Mais je pense des mots. C'est rigolo, comme expression. "Mot". Je ne sais pas vraiment à quoi cela me sert. Mais c'est comme ça que je vois mes pensées. Enfin, je ne les vois pas vraiment. Aïe ! J'ai mal.
Quelque chose bouge. Je sens une légère pression sur ma tête, juste à côté de l'endroit où ça me fait mal. C'est bizarre... au même moment, je sens autre chose, à un autre endroit de mon corps. C'est aussi moi ? Qu'est-ce que c'est "moi" ?
Je sens la pression se relâcher. Je crois que c'était ma main, je n'en suis pas très certain. Lentement, je remue les doigts. Il y a quelque chose dessus, une sorte de liquide un peu poisseux. Ça colle et ça pue. Une odeur désagréable de rouille. Je me sens mal, mais cette fois-ci, ça ne vient pas de la douleur de mon crâne. Je ne sais pas trop pourquoi.
Ces "mots" que je pense sont vraiment bizarres. Je devrais arrêter d'y penser. Peut-être que si j'arrête d'y penser, j'aurai moins mal. Quoique ce n'est pas le fait de penser qui me fait si mal, je crois. L'odeur est insupportable. Je ne sais pas l'identifier, mais je crois que je la connais.
Je ne sais pas vraiment ce que je connais. Je sais juste que j'ai mal. Et plus j'y pense, plus je me rends compte que ça n'est pas que dans ma tête. Je crois que c'est sur ma tête. Mais je ne peux pas voir.
Enfin .. Peut-être que si. Je crois que je ferme les yeux. Oui, je pense que je ne vois pas parce que je ne regarde pas. Je devrais essayer de les ouvrir. Encore un mot intéressant ça. Yeux. Un yeux des yeux. Non, ça ne colle pas. C'est étrange.
Et comment on fait pour les ouvrir, ces yeux ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. J'ai oublié. J'ai oublié ? Pourquoi j'ai oublié ? C'est quoi, oublier ?
Il y a tant de choses que je ne comprends pas. Ces mots qui apparaissent et disparaissent dans mes pensées. D'où viennent-ils ? Et pourquoi sont-ils là ?
J'ai l'impression de passer à côté de quelque chose d'important. La source. La base de tout. Pourquoi suis-je ici ? Et c'est où, d'abord, ce "ici" ?
Si j'essaie de bouger, que se passera-t-il ? Si je pense à ouvrir les yeux, est-ce qu'ils s'ouvriront vraiment ? Ça ne me coûte rien d'essayer, après tout.
J'ai du mal à distinguer les choses autour de moi. Ma vue est obstruée. Brouillée. Floue. Mais je vois. Il y a comme un éclairage succinct. Léger, mais présent. Suffisamment puissant pour que je distingue les contours, suffisamment absent pour que je ne voie pas grand chose d'autre. De toute façon, la mise au point semble difficile ; je vois vraiment flou.
Je suis dans une pièce. Tout du moins, c'est comme ça que j'appellerais ce lieu. Lieu, c'est rigolo, comme mot. Je dirais que cette pièce est carré. Rectangulaire peut être. Ça n'a que peu d'importance après tout. Ce qui est important par contre, c'est la source de lumière. Elle semble provenir d'un interstice dans un coin de cette pièce. De ce lieu. J'aime dire lieu, ça me fait sourire. Enfin, j'aime penser. Je ne dis rien. J'aurais l'air stupide à parler d'interstice dans un coin de carré rectangulaire. C'est vraiment amusant d'y penser.Je crois que c'est une porte. Elle paraît haute. Peut-être parce que je suis allongé par terre. Ça expliquerait beaucoup de choses. Notamment la température. J'ai vraiment froid. Et ça, ce n'est pas amusant. Cependant, je crois pouvoir me lever, et m'approcher de cette porte. Sa couleur n'est pas uniforme, l'un des coins semble plus sombre. Mais ça n'a plus vraiment d'importance. En cet instant, je ne peux m'empêcher de vouloir découvrir ce que cette porte peut cacher.
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Rapport
General Fiction« Chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière. » - Victor Hugo