Une jeune fille se leva de sa chaise, courbant son dos. Elle marcha lentement, ralentie par le poids du ventre déjà bien arrondi qui protège un bébé. A vue d'œil, elle devait en être à huit mois de grossesse.
Les regards se posèrent sur la bosse recouverte par le fin tissu de son tee-shirt. Ils se demandèrent comment une jeune fille pouvait être enceinte aussi jeune avec tous les moyens de protection qui existaient de nos jours.
Les mains posées sur le ventre, la jeune fille inspira profondément avant de relever son doux visage pour affronter le regard des personnes présentes dans la pièce.
« Je sais ce que vous vous dîtes. Comment peut-elle être enceinte à cet âge ? J'aimerais vous dire que le petit être se trouvant à l'intérieur de moi est le fruit d'un amour passionné. Je préfèrerais même vous dire qu'il est le résultat d'une relation non protégée durant une soirée trop arrosée, mais la vérité est tout autre. »
Elle marqua une pause tandis que les souvenirs refaisaient surface dans son esprit. Les larmes aux yeux, elle continua son récit.
« C'était il y a presque huit mois. J'avais seize ans. Je rentrais chez moi après les cours sous une pluie battante. Le ciel était très sombre. Je n'avais qu'une hâte c'était de rentrer chez moi. Quelqu'un me suivait. Je m'étais mise à courir, mais lui aussi. Il avait finalement réussi à me coincer dans une ruelle. Les murs étant très hauts, il y faisait encore plus sombre. Je n'étais qu'une jeune fille tétanisée. Je n'avais pas assez de force pour me défendre face à lui. Je me souviendrais toujours de l'expression qui ornait son visage, le sourire qu'il a arboré... » dit-elle la voix tremblante, prête à fondre en larmes. « Il disait qu'il ne fallait pas que je m'inquiète, qu'il ne me ferait pas de mal. Hors, on sait tous que lorsque quelqu'un dit ça, c'est toujours le contraire qui arrive. Ce soir-là, j'ai perdu ma virginité et toute confiance en moi. Je suis restée seule dans la ruelle pendant un bon moment afin de libérer toutes les larmes que contenait mon corps. Lorsque je suis rentrée chez moi, je n'ai rien dis à personne. J'ai simplement été prendre une douche pour essayer de faire partir ce dégout qui me recouvrait. Ça n'a rien changé. Je n'en ai jamais parlé à personne. »
Elle s'arrêta quelques secondes puis leva légèrement la tête pour regarder les personnes qui l'écoutait attentivement.
« Quelques semaines après, j'ai commencé à avoir des nausées puis des douleurs dans la poitrine. Vous devez vous en douter en me voyant aujourd'hui, cet individu, car je n'ose pas appeler ça un homme, m'a mise enceinte. Pour être sûre de moi, j'ai évidemment fait un test de grossesse puis j'ai été chez le médecin pour faire une prise de sang. Tous deux se sont avérés positifs. »
La jeune fille laissa glisser quelques larmes silencieuses sur ses joues. En regardant autour d'elle, elle remarqua que plusieurs personnes avaient les larmes aux yeux. Ils étaient tous touchés par son histoire. Le premier jeune homme à s'être lancé leva alors la main pour lui poser une question. Elle hocha donc la tête pour lui donner la parole.
« Comment as-tu fais pour annoncer à tes parents que tu étais enceinte ? Ça n'est pas une chose facile, surtout à cet âge. »
« Non, ça n'est pas une chose facile, en effet. Pour tout vous dire, ils ne connaissent même pas la vérité. Je n'ai jamais réussi à raconter mon histoire jusqu'ici. Lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, je me suis renfermée, dans tous les sens du terme. Je ne parlais plus aux personnes qui m'entouraient, je ne sortais plus de ma chambre. Néanmoins, il fallait que je me fasse une raison, m'enfermer dans ma chambre ne résoudrait rien et ne ferait que retarder l'entrevue avec mes parents. De plus, mon ventre commençait à bien s'arrondir au fil des jours. J'étais donc sortie lentement de ma chambre et, voyant mes parents assit dans le canapé, je m'étais dit que c'était le bon moment et que ça se passerait bien. »
Elle respira longuement, les regardant tous avant de reprendre la parole d'une voix tremblante.
« Je me souviens parfaitement de cette soirée. Ils étaient prêts à m'écouter attentivement alors je m'étais lancée, commençant par leur demander de m'écouter jusqu'au bout sans m'interrompre. Je leur ai dit que, quelques semaines plus tôt, j'étais à une soirée où il y avait beaucoup d'alcool. J'ai dit que j'avais commencé par un verre, puis deux pour finir par ne plus réussir à les compter. J'étais saoul, du moins c'est ce que je leur ai dit. J'ai continué en disant qu'il y avait ce garçon qui me plaisait depuis un certain temps avec qui j'avais commencé à danser. Etant fatiguée après quelques heures de danse, il avait gentiment proposé de m'accompagner à l'étage pour que je puisse me reposer. Je leur ai dit que c'était moi qui avait empêché ce garçon de partir en l'embrassant et qu'une chose en entraînant une autre, nous avions passé la nuit ensemble en oubliant de nous protéger. »
Elle ravala un sanglot qui la coupa dans son récit. Elle reprit donc en redressant la tête :
« Mon père serrait tellement ses poings que ses phalanges blanchissaient alors que ma mère avait simplement mît sa main devant sa bouche, sous le choc. J'avais glissé mes mains sur mon ventre, leur disant que ce n'était pas la seule chose que je voulais leur annoncer. Ils ont suivi mes mains du regard avant de me regarder avec des yeux arrondit de stupéfaction sous l'effet de la nouvelle. Tout ce que j'ai réussi à leur dire était que j'étais désolée. Mon père ne s'était plus retenu et m'avait donné la gifle que méritait mon histoire. Les pleurs et les cris de ma mère sont arrivés en même temps que les insultes de mon père. Ne pouvant pas rester plus longtemps devant eux, j'avais couru m'enfermer dans ma chambre. Je ne leur en veux pas tellement d'avoir réagi de cette façon. J'ai moi-même presque cru à mon mensonge. Mes parents ne voulaient plus me voir alors je suis partie vivre chez mon oncle et ma tante. Ils m'acceptent même si je reçois quelques petits piques de leur part. Je sais que ça aurait été plus facile si j'avais dit la vérité, mais je n'ai pas pu leur dire. C'était trop difficile. Je me suis sentie tellement humiliée, salie, faible par ce qu'il s'est passé. Mes amis m'ont tous laissé tomber. Tout le monde me traite de fille facile au lycée. Je n'en peux plus. »
C'est à ce moment qu'elle fondit en larmes. C'était bien trop difficile pour elle de parler de ce qu'elle avait vécu. Elle ne le ferait pas tous les jours. Elle était tout de même soulagée d'en avoir parlé. Elle savait que personne dans cette salle ne la jugerait.
« Mais pourquoi tu n'as pas avorté ? Après tout, c'est ce qu'il faut faire lorsqu'on est dans ta situation. » dit une jeune fille très mince avec le teint pâle.
La jeune future maman regarda la jeune fille et fit un léger sourire.
« Malgré le fait que cet enfant ai été conçu à cause d'un viol, il reste un bébé. Et par-dessus tout, mon bébé. Je le porte en moi, c'est une partie de moi. Avorter aurait été le tuer et, même si son géniteur est un monstre, il doit avoir une chance de vivre. Qui sait ce qu'il pourrait accomplir plus tard ? »
Elle avait retrouvé le sourire. Le simple fait de savoir qu'elle allait pouvoir tenir son bébé dans ses bras d'ici un mois la comblait.
« Si j'ai accepté de parler ici, aujourd'hui, c'est parce que je veux que les gens arrêtent de me juger sans savoir pourquoi je suis comme ça maintenant. »
Elle retourna s'asseoir à sa place, un poids en moins sur le cœur après s'être livrée à des personnes inconnues.
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🔸 NDA🔸Omg, désolée, la semaine dernière je vous ai complètement oublier ! Je crois que c'était le stress de commencer mon stage lundi. Je suis tellement désolée. 😔 Mais voilà la partie !
Elle a été écrite en collaboration avec ange7960 😊
Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Je vous souhaite une bonne soirée ! Personnellement, je suis enfin en vacances pour une semaine. Ça va me faire du bien d'être à la maison. 😊 Bisous. 💜
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Different ? Not different [arrêté]
Narrativa generaleIls vont tous chez la même psychologue depuis plus ou moins longtemps. Ils sont tous différents à leur façon, mais ils vivent la même chose. Ils sont regardés, moqués, insultés, rejetés de la société d'aujourd'hui. Ils vont vous raconter leur histoi...