➰ Chapitre 2 ➰

17 2 0
                                    

Je me réveille. Assise sur la chaise du bureau de ma mère, je me sens mal. Comme si elle allait venir m'engueuler parce que je prends toute la place sur son bureau en vrac. Tout est comme si ils étaient encore là. Mon regard encore endormi se tourne vers le sol. Mon téléphone est encore là, sur le carrelage, foudroyé, par ce qu'il a subit hier. Je le prends. J'ouvre le petit cache au niveau de la carte SIM et retire cette petite carte contenant contacts, photos et musique de mon passé. Je vais tout réécrire. Je veux tout reconstruire. Faire un trait sur ce qu'était mon passé. Même si cela est dur, il faut que je me sépare de tout ce qui me rappelle mes chers parents et ma tendre sœur. Je pose délicatement cette carte 8 Go sur le bureau en bazar. Je bouge mes fesses et décide de me préparer quelque chose à grignoter. Quand mes pâtes finissent de cuire, la sonnerie retentit. J'éteins le feu et laisse mes pâtes là où elles sont. Je n'attends personne. Le bruit de mes chaussons contre le sol reflète la lenteur avec laquelle je me déplace. Un faux sourire est fixé sur mon visage. J'ouvre la porte de ce qui était autrefois la chambre des chiens et je redresse la tête. Mon visage s'illumine. Les bruits de mes chaussons contre le sol sont plus rapides. J'accours pour ouvrir la porte à celui qui m'aura fait sourire :Tom. Devant ma porte, il m'attends. D'un grand geste, j'ouvre cette fichu porte qui nous sépare. En quelques secondes, il se retrouve avec mes bras le serrant d'une forte étreinte. Je lui murmure à quel point je suis heureuse de le voir et il me murmure la même chose à l'oreille. De manière difficile, il réussit à se délier un peu mon étreinte et à glisser ses bras musclés le long de mon dos tel un protecteur. Je me sens en sécurité. Je sens nos deux corps, toute la chaleur monte, je me sens bien et heureuse. En quelques secondes, il aura réussi à me redonner de l'espoir. Malheureusement, un petit coin de ma tête me rappelle que je vais bientôt devoir le laisser partir... Mon corps se refroidi et il le ressent... Il me repousse lentement de son corps chaud, avec ses mains, il me serre les épaules. Son regard perce le mien. Je m'y plonge. Ses yeux marrons-verts me tuent. Je ne peux rien lui cacher. Une lumière se dépose dans son regard. Une source d'espoir. Un instant où il me supplie de tout lui dire. De lui dire ce qui ne va pas. Je ne peux pas m'y refuser. Même si je dois combattre ce sentiment. Tout garder pour moi. Tout garder pour mon petit cœur. Tous ces pleurs. Pour moi. Seulement moi doit et peux savoir. Je le regarde. Tendrement. Et, lui offre un hochement de tête afin de lui dire « non, je vais bien ». Il me rapproche de lui et me serre. Je pose ma tête sur son épaule et laisse tomber une larme sur son pull. Un courant d'air frais passe. On s'écarte. Cet instant de tendresse m'a remonté le moral. Je l'invite à me suivre à l'intérieur. Il me suit d'un pas rapide, ce qui me pousse à faire de même. Je lui propose un verre d'alcool mais s'y refuse. Étonnée, je me dirige vers le salon à ses côtés. Je m'effondre sur le plus grand canapé tandis que lui s'effondre sur l'autre canapé. On parle. Pendant quelques temps, on parle de tout et n'importe quoi. On rigole. On soupire. On constate. On se rappelle le passé. On se remémore nos erreurs. On remarque les gros changements... On discute comme avant. Je me sens bien. Très bien. J'oublie le départ affreux de mes parents et de celui de ma sœur. Et je pense à moi, à ce qu'il vit et à tout ce qui nous entoure. On reste longtemps allongé à ne rien fait. Je repense aux pâtes que j'ai laissé dans la casserole. Je m'assieds d'un geste et me lève. Il m'envoie un regard surpris. Je le regarde et lui lance un « Je reviens ». Il me suis du regard jusqu'à ce que je quitte la pièce. Je me hâte vers la cuisine. Je prend la casserole de ma main droite. Mon bras est incroyablement étonné par le poids de l'eau. Je soulève avec difficulté la casserole. Je l'emmène jusqu'à l'évier. Au passage, je prends l'égouttoir qui est en train du sécher sur le plan le travail. Je le pose. Je verse le mélange de pâtes et d'eau dans l'égouttoir. J'écoute le bruit de l'eau qui tombe contre le fond de l'évier. Quand tout est dans l'égouttoir, je pose la casserole non loin de l'évier. Je laisse égoutter. Je prend une assiette dans le placard juste au dessus de ma tête. Une petite assiette blanche. Je la pose sur le bord de l'évier. Je prend, de mes deux mains, l'égouttoir, et je remue le contenu. Tout est bien rincer et égoutter. Je verse les pâtes dans la petite assiette blanche. Je laisse l'égouttoir poser au fond de l'évier. Je prends l'assiette, la pose sur le plan de travail. Et retourne aux côtés de Tom. J'essaye de faire le moins de bruit possible. Je marche sur la pointe des pieds. J'arrive au niveau du canapé. Je baisse la tête pour voir s'il est toujours allongé. Il n'est plus là. Je m'attriste. Délicatement, je tourne la tête de droit à gauche, plusieurs fois. Rien. Soudainement, je sens ses mains me rapprocher de son corps. Il me murmure à l'oreille « Tu voulais me surprendre ? ». Je sursaute. Il ricane dans mon oreille et me serre encore plus contre lui. Sa chaleur me réchauffe. Ses bras me couvre. Me protège. Je me retourne pour être face à lui. Je lui souris. Une larme dévale ma joue. Son sourire se transforme en mécontentement. Il est furieux contre moi ? Qu'ais-je fais ? Il m'essuie cette larme, à l'aide de son index droit, et me serre de plus en plus fort. Je pose ma tête sur son épaule et le laisse me bercer. Me rassurer. Je remarque que nous n'avons pas aborder le sujet de amours. Je me libère de son étreinte. Je le regarde. Je me plonge dans son regard persan. Je le supplie de ne pas m'interroger sur ma larme de cristal. Il ne le fait pas. Je tire un soupir de soulagement. Je lui demande : « Côté cœur ? ». Il me regarde, tourne le regard pour éviter de me répondre. Il a l'air perdu. Sa tête de côté ressemble toujours à la même chose. Il a un peu évolué. Mais il est toujours le même que dans mon passé. Je reste quelques secondes à le fixer comme pour le graver dans mon esprit : « Je t'adore Tom, merci d'être et d'avoir toujours été là... » dis-je. Je le serre. Mes mains tremblent. Il se débat juste pour sortir ses bras de mon étreinte. Il pose une main sur mon dos, me console et dépose la paume de son autre main sur ma tête, me caresse les cheveux. En une seconde, il a réussi à calmer mon stress et mon envie de tout achever. Il a réussi à me redonner goût à la vie. Je ne peux pas l'abandonner. Je ne pourrais jamais le laisser sans aller. Me quitter. C'est impensable. Il fait maintenir une partie de mon cœur en vie. Sans lui, je ne serais rien. Je sens que sa paume commence à emmêler mes cheveux. Je pouffe de rire. Je sens son sourire se former dans mon cou. Je pose mon menton sur son épaule. Je ferme tendrement mes paupières. Je veux garder ces petits instants de paradis à jamais dans ma tête. À l'infini. Il me murmure alors « Je t'adore moi aussi ». Je rougis sous ce compliment inattendu. Il me transforme. Il me rends moi. Je suis moi avec lui. Pas une autre personne que je me crée. Il saura toujours cerner le vrai du faux en ce qui me concerne. On a eu des hauts et bas, mais on est toujours amis aujourd'hui, pour toujours, je l'espère. Son amitié compte tellement à mes yeux. Ces petits instants de bonheur, ces secondes de perfection, de rires, de sourires, ensemble, ce sont mes favoris. Je desserre mon étreinte. Il retire sa main de ma tête et de mon dos. Ses yeux croisent mon regard. Je sens une lumière se déposée dans mes yeux. Une lueur d'espoir sans doute. D'avoir la possibilité d'être heureuse et à nouveau épanouie avec mes meilleurs amis à mes côtés. Je le regarde attentivement. Pour marqué à jamais son visage dans ma tête, comme pour une peinture, pour ne plus jamais avoir à me demander à quoi ces traits ressemblent-ils. Pour avoir une image parfaite de ce qu'il est. J'ouvre la bouche comme pour lui dire quelque chose mais aucun son ne sort. Ses bras tombent le long de son corps. Une mèche de cheveux vient me cacher les yeux. Je la repousse aussitôt, elle ne gâchera pas ce moment. On reste ainsi, à se regarder quelques secondes. Le temps passe et ces secondes sont justes sublimes, irremplaçables. Je lui dis : « Me laisse pas. S'il te plaît. ». Il me répond un ''non'' en hochement de tête. Je souris bêtement mais heureuse de sa réponse. Je le pousse délicatement de mon chemin, je m'assieds sur le banc de la table à manger. Il s'assieds face à moi. Je ne sais quoi dire. Il m'ôte tous les mots de la bouche. Je lance « Tu ne m'as pas répondu tout à l'heure ». Son regard tourne d'un tour. Il évite le sujet. Contre toute attente, il me répond, et nous entamons une discution plus que palpitante :

- Je ne sais pas quoi dire.

- Mais tu n'as rien eu depuis ?

- Bah depuis quoi ?

- Depuis la petite Léa ?

- Ah non, je profite de ma vie de célibat.


Des éclats nous prennent. On est relâché. On s'exprime en tant que nous et c'est beau.


- Tu m'emmènes quelque part ?

- Pourquoi ?

- Je ne veux pas rester ici.

-Pourquoi ?


Son regard de chien battu et lumineux me fige. Je ne peux pas lui dire.


- Rien ne t'en fais pas. J'ai juste besoin d'une pause avec cette maison.

- Si tu veux. Où veux-tu aller ?

- Dans le Sud


Son regard de chien se métamorphose en un regard sérieux et surpris. Il ne s'est pas quoi dire. Il se lève. Je lui tire un regard accusateur. Il s'approche de moi à grande enjambée. Je le regarde. Il me regarde de bas, d'un air supérieur. Un large sourire est dessiné sur ses pommettes. D'un ton grave, il me lance « Allons y ! ». Je m'elève d'un coup. Je le remercie infiniment. J'accours vers les escaliers à une vitesse éclair. Je monte les escaliers plus rapidement que je ne l'aurais jamais fait. Je prends ma valise dans le placard. J'ouvre mon armoire. Je prends tout mes vêtements préférés. Je prends également du maquillage, un cahier, mon plaid, un stylo, et quelques bricoles utiles en plus de mes affaires de toilettes. Je redescend quelques minutes plus tard avec une valise chargée à bloc. Il me regarde en haussant les sourcils. Je rigole et lui donne ma valise. Je prend le fixe et appelle quelqu'un pour emmener Olympe au pré. L'appel ne dure pas longtemps. Je prend de l'argent. Une veste, une paire de chaussures aux pieds, mon sac à main, les clés et nous partons. Un tour de clé et la maison est fermée. Le passé est comme verrouillé. Pas de téléphone, pas d'ordinateur ou autre. Rien pour rappeler ce fichu passé. Je suis enthousiaste à cette idée de partir loin de tout ça. Il est toujours souriant. Je le suis d'un pas actif jusqu'à sa voiture. Il sort les clés de sa poche de pantalon, appuie pour ouvrir la voiture. Un petit clic s'échappe en même temps. Je fais le tour pour monter du côté passager. J'ouvre la portière et je vais pour m'assoir sur le siège. Installée, et équipée de ma ceinture de sécurité, je referme cette portière. Un claquement se fait retentir. Tom est déjà installé et attend que j'ouvre le portail automatique. Je mets ma main droite dans la poche où j'ai déposé les clés. J'appuie sur un bouton et le portail s'ouvre. Tom pénètre la clé de la voiture dans le contact et la tourne. Le moteur ronronne. Nous sommes prêts à partir. À quitter cette maison.Quelques temps du moins.




Utopie.Where stories live. Discover now