J'ouvre lentement mes yeux. Tout ce qui m'entoure est flou. Mes mains viennent me frotter les yeux, ma vision reprend, peu à peu, de son origine. Je me sens fragile et fatiguée. Toutes mes forces se sont évaporées. Je constate que nous sommes à l'arrêt. Je suis seule dans la voiture. Je m'éveille doucement. Je me demande où est passé Tom. Je m'inquiète. Mon cœur s'emballe. Ma tête fait des aléas sans cesse. Il a disparu. Il m'a laissé. Seule. J'ai envie de m'énerver, mais je n'y arrive pas. La clé est toujours dans le loquet qui lui est destiné. Je ne comprend pas. Mes esprits sont éparpillés. Tout se mélange. Je secoue ma tête. Tout reprend place. J'ai ressaisis mes idées et mes pensées. Tom est parti cherché quelques vêtements. Ce n'est rien. Il n'est pas loin. Une maison est face à la voiture. Il s'agit sans doute de sa maison. Je ne l'avais jamais vu. On allait toujours se balader pour parler et pour rigoler. Je me pose un tas de questions sans réponses. Tandis que mon cerveau bouille, je titille mon bracelet au poignet gauche. Ce bracelet simple, composé du signe infini, cher à mes yeux. Tom arrive une dizaine de minutes et me tire de cette réflexion. Je le vois arriver lentement, un sac à la main, un chewing-gum à la bouche. Il monte à mes côtés. Le moteur gronde. On est prêt à partir. Prêt pour cette aventure vers les contrés du Sud de notre très beau pays. Partons à l'aventure. Cette aventure nouvelle. Cette aventure que je n'aurais jamais pu faire seule. Je me sens soudainement stupide de ne pas avoir pris ma caméra, j'aurais pu filmer des plans, créer de nouveaux souvenirs... On avance, vers une nouvelle opportunité, vers un nouveau tournant, une nouvelle étape de notre vie. Ce long trajet sera sans doute pleins de surprises et de suspens qui me fait rêver. J'espère que je pourrais à nouveau sourire. J'aimerais visiter tellement de lieux. Mes songes sont interpelés par la musique qui a remplacé la radio. Je me sens bien. Loin de tout. La page est entrain de se tourner, lentement mais surement. Je vais sans doute de nouveau pouvoir vivre. Je vais sans doute pouvoir réussir à passer à autre chose. Ce tragique passé est du passé. Je dois avancer. Et ne plus me retourner. Je m'occuperais de l'enterrement à distance. Je m'assurerais que mes parents soient traités au mieux. Mais je ne peux revenir dans ces pas précédents. Ils ont été effacés. J'avance autrement. Vers une nouvelle destinée. Seule. Je pose ma tête contre le haut du siège. Mon regard est intrigué par le plafond de cette caisse. Je m'évade, quelques temps du moins, car Tom me ramène à la réalité en s'écriant :
- Tu veux aller où ?
- Je ne sais pas.
- Où tu n'es jamais allée ?
- Montpellier.
- Va pour Montpellier alors.
Il m'envoie un sourire des plus fascinant. Il y a quelque chose de spécial dans son sourire. Je ne sais pas ce que c'est mais cela m'a toujours intrigué. Il augmente le son de la musique et je décide de me laisser porter par la chanson. J'essaye difficilement de marmonner les paroles, mais sans grand succès, je fais du yaourt et Tom se fiche de moi. Il ricane et m'entraîne dans son fou rire. Je ris au éclat. Qu'est ce que c'est bon de rire et de se sentir heureuse. Qu'est ce que c'est bon d'être vivante et considérée tel quel. Sentir l'air contre ma peau. Tous les frissons. Sentir ma peau se friper au niveau de mes joues, pas pour pleurer mais pour rigoler. Sentir mon cœur battre.Le sentir respirer l'air du bonheur qui nous entoure. C'est ça la vie. La vraie vie. Au bout de quelques heures, le temps a laissé place au silence. Quelques fois, Tom raconte une vanne et nous pousse dans de longs fous rires, à ne plus en respirer. Les kilomètres défilent, les villes aussi, on se rapproche. Je décale ma main vers un bouton, j'appuie et ma vitre s'abaisse. Le vent me saute à la figure, il m'agresse. La musique à fond, l'odeur du vent frais sur mon visage, mon meilleur ami à mes côtés, tout est réunis pour faire de cette journée une perfection. Je ne gâcherais rien. Elle a si mal commencé mais elle ne terminera pas sur le même tracé. Mon premier objectif est d'appeler ma meilleure amie mais pour cela il me faut un téléphone. Je vois le téléphone de Tom posé sur le rebord du compteur. Je le pointe de l'index tout en questionnant son propriétaire. Tom m'accorde le droit de l'utiliser. Il appuie sur le bouton de l'empreinte digitale et son téléphone se déverrouille.Je rentre dans l'application « Téléphone » et je compose le numéro d'Emma. Elle ne me réponds pas. Je laisse un message vocale sur son répondeur. Ce répondeur qui n'a pas changé depuis le début. Je raccroche déçue de ne pas avoir entendue sa voix. Le téléphone retrouve sa place d'origine. De vagues disputes me prennent la tête. Je m'embrouillais facilement avec les gens.Celle avec Abby me rend conne. Je me sens stupide de m'être brouillée avec elle pour un si petit truc. Mais bon. Depuis ce petit conflit, on ne s'est plus beaucoup adressé la parole. Et aujourd'hui, on a perdu tout contact. Comme quoi, rien n'est pas pardonnable. On dépasse enfin Nîmes. On est plus très loin. Je me demande ce que nous ferons une fois sur place. Peut-être que l'on cherchera un hôtel. Ou que l'on souhaitera visiter la ville. Je ne sais pas. Je m'imagine un futur parfait. Un futur sans préoccupation.Et qu'est ce que cela me fait du bien. Tom tourne sa pensée et pouffe. Je dois tirer une tête misérable. Je m'évade doucement de mes pauvres préoccupations et je me mets à bouger le haut de mon corps sur la musique qui passe. Il a du mal à se concentrer sur la route au loin. Il préfèrerait rigoler de moi que d'avoir à conduire. Je me calme pour le laisser reprendre ces esprits et lui parle. Il m'écoute attentivement. Des débats nous prennent. Je me sens conquise par nos discussions. On parle utilement, pas de nos vies mais de la société. On pose nos opinions sur des thèmes politiques, économiques... Le temps passe. Le coucher de soleil se termine lorsque nous arrivons sur Montpellier. Pas de visites aujourd'hui. Les belles couleurs or et orangés m'emportent loin dece monde. Je suis émerveillée par l'authenticité du ''au revoir''de notre principal chaleur sur Terre. Il me réchauffe le cœur, une dernière fois avant de partir se reposer. Tom s'exclame :
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Utopie.
Misterio / SuspensoLes larmes, les sanglots, le désespoir sont devenues un quotidien pour elle. L'espoir et la chance l'ont quittés il y a longtemps. Tout est devenue un cycle, tout recommence ce supplice, cette horreur. Plongée dans ce monde où chaque être qu'elle ch...