Premier chapitre

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Assis sur mon siège de bureau, je dessine les nouveaux plans de nouveaux immeubles à bâtir pour accueillir de nouveaux postes administratifs et économiques. J'essaye donc de le rendre le plus esthétique possible puisque comme nous le savons, plus c'est esthétique, cher et chic, plus il y a de grands acheteurs qui veulent investir, tandis qu'ils feraient mieux de mettre leur sale argent autre part que dans des bâtiments superficiels.

-Je veux que ce soit quelque chose de plus original. Faites-en sorte que les bureaux soient agréables à habiter, qu'ils soient faciles d'accès et que ce ne soit pas un labyrinthe à l'intérieur. Disposez tout de manière logique et cohérente.

-Bien monsieur.

Je continue ensuite mon travail plus calmement après que Monsieur Hotkins soit allé mettre son nez ailleurs. Je déteste lorsqu'il fait ça, je sais mieux que lui ce qui m'a été confié de faire.

Ayant la tête et le cerveau en surchauffe, je décide de faire une légère pause et de continuer mes recherches même si je sais au fond que ce n'est pas ça qui va me remettre les idées au clair. Je prends donc congé et vais au petit coin. Je traverse les couloirs de verre et les pièces de marbre pour rejoindre les sanitaires surdimensionnés. Je fais mon affaire et ressors deux minutes après pour me remettre au travail, ce que j'ai du mal à faire. Alors je me mets à dessiner, mais pas des bâtiments ou des immeubles, je la dessine ELLE. Celle qui habite mes souvenirs depuis quinze ans et dont chaque détail m'échappe un peu plus chaque jour à force que le temps passe. Tous les jours j'essaye de la dessiner, de la reproduire le plus parfaitement possible même si je sais que cela est impossible car il ne peut pas y en avoir deux comme elle, pas même en dessin.

Ma main s'arrête dans le vide et mes yeux fixent le papier de contemplation. Elle était si jolie, je pense qu'elle l'est toujours mais comment puis-je le savoir ? Elle me manque tellement, je donnerais tout pour la revoir, lui parler ou même avoir un simple signe de vie. Là, j'ai seulement le sentiment qu'elle se soit volatilisée, ne laissant derrière elle que de simples souvenirs lointains.

Je soupire et retourne aux toilettes me passer un coup d'eau froide sur la figure afin de faire redescendre les sueurs qui habitent mon corps. Étant également l'heure de ma pause déjeunée, j'enfile mon manteau et mon sac pour ensuite prendre l'air dans la ville polluée. Je me dirige lentement vers le par cet m'installe sur un banc pour manger mon maigre repas. Je sors ensuite un livre et entame tranquillement ma lecture.

Après quelques minutes, je suis interrompu par des cris et m'aperçois finalement qu'il ne s'agit que de deux enfants, jouant allègrement dans un univers que seule leur imagination peut percevoir. Je les scrute, le sourire aux lèvres car cela me fait remonter beaucoup de souvenirs. Après qu'ils soient partis, je me mets en route pour le travail afin de finir ma journée, je l'espère, au plus vite.

Je m'installe de nouveau derrière mes plans et réfléchis à ce que je pourrais améliorer de plus, sauf qu'une fois encore ma concentration se fait prier.

Je vais vous confier quelque chose, je n'aime pas mon métier, certes la paye est plus que raisonnable mais c'est la seule chose positive. J'aurais voulu être professeur d'histoire comme mon grand-père, mais mes parents étaient en froid avec lui et m'ont donc dirigé là où EUX voulaient que j'aille. J'ai fait des études d'économies car l'histoire avait un poids important, mais malgré mes résultats médiocres dans toutes les autres matières, ils ont quand même décidé de m'envoyer dans une école de gestion pour que j'y apprenne le métier d'architecte.

Je ne suis pas très proche de mes parents, depuis que j'ai aménagé seul, je n'ai plus de nouvelles ou du moins, très peu. Ça n'a jamais été facile avec eux, ils sont très peu ouverts d'esprit et lancent certaines remarques que l'on ne devrait pas dire en public. C'est rapidement devenu insupportable lorsque j'étais adolescent. Mais je ne disais rien, j'étais le petit garçon modèle qui ramenait des notes brillantes à ses parents. Puis du jour au lendemain, je suis parti, je voulais savoir ce que c'était d'être indépendant.

À l'aube d'une nuit d'hiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant