À l'aube d'une nuit d'hiver

Cinquième Chapitre

Dites moi que c'est un cauchemar, que je dors, que je vais me réveiller et que tout sera comme avant.

-Monsieur Hotkins, vous êtes avec nous ?

-Pardon, vous disiez monsieur l'agent, dis-je sur un ton rêveur ?

-Pouvez-vous me raconter s'il s'est passé quelque chose d'étrange hier soir ?

-Il me semble avoir déjà répondu que non.

-Alors faites moi part de votre soirée.

-Et bien je suis allé chez mes parents parce que comme vous le savez, mon immeuble a pris feu...

Je lui dis tout dans les moindres détails. J'ai bien évidemment pris la précaution de ne pas mentionner l'ombre et les bruits étranges que j'avais pu constater. À la fin de mon récit, le policier continue son interrogatoire :

-Bien, je pense que c'est tout ce que nous voulions savoir. Merci pour votre coopération, les autres doivent avoir fini leur travail, nous n'allons pas tarder à vous laisser.

-Merci en tout cas de vous occuper de cela.

-Je ne fais que mon travail madame.

Il nous salue avec sa casquette et au fur et à mesure tous les véhicules finissent par déserter. Lady me regarde ensuite et s'écroule dans mes bras.

-Mon dieu Pierre, mais qui cela peut-il bien être ?

-Je ne sais pas Lady, mais je te jure que ce n'est pas moi.

Elle sanglote sur mon épaule et je la sers fort dans mes bras.

-Ça va aller...

Elle renifle un bon coup et me dit d'une petite voix :

-Viens chez moi, tu n'as nulle part où aller.

-Tu es sûre que ça ne te dérange pas ?

-Absolument pas, ça me fera de la compagnie, ramène-toi.

J'entre dans ma voiture et suis Lady en direction de sa maison. Après un bon quart d'heure, nous arrivons devant sa charmante petite maison à l'orée d'un bois. Elle m'a toujours paru comme une merveille, un petit coin de paradis.

-Bienvenue !

Nous entrons dans la pièce à vivre et je vois que Tommy est assis dans le canapé en train de regarder la version moderne des Dix Petits Nègres. C'est un homme qui a du goût !

-Je ne sais pas si vous avez déjà au l'occasion de faire véritablement connaissance. Tommy voici Pierre, Pierre je t'ai déjà parlé de Tommy.

-Enchanté, dis-je.

-De même.

-Je vous prépare quoi pour le dîner ?

-Ne t'embête pas Lady, crie-je !

-Tu n'as qu'à faire ton excellent gratin de pâtes !

-Bonne idée.

Voyant que Ly commence à gigoter, je demande à mes hôtes où se situe ma chambre.

-Tiens, au fond du couloir il y a la chambre d'amis.

-Merci.

Je m'y dirige donc et constate que c'est une toute petite chambre, coquette et chaleureuse. Je pose le carton sur le lit, et Ly sort se dégourdir les pattes tandis que je m'allonge de tout mon poids sur le matelas plus que confortable.

-Ly qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?

-Tu es sûr de ne pas le savoir ?

Je me redresse sur mes coudes et vois Tommy s'appuyant contre l'encadrement de la porte.