Adversité à double tranchant (Eldarya) (Nevra)

3.

- Bon, qu'est-ce que tu veux? me demanda Nevra apparemment pas plus heureux que ça de me voir.

- Valkyon m'envoie t'apporter les appâts pour la mission.

Était-il comme ça à cause de notre discussion précédente ou n'aimait-il juste pas être dérangé pendant ses entraînements quand il adorait le faire aux autres? Il semblait concentré sur l'arbre à côté de nous, d'où je pouvais apercevoir du mouvement, du coin de l'œil, et si je regardais mieux, Célya qui exécutait son exercice. J'en profitais pour souffler un peu, je remarquais que du sang tachait ses vêtements là où se trouvait sa blessure.

- Qu'est-ce que tu regardes comme ça? me demanda-t-il sans tourner la tête.

- Ah, euh.. commençais-je prise de cours. Tu saignes je crois..

Il sortit enfin de sa contemplation pour jeter un regard vers son torse.

- Eweileïn va me tuer.. soupira-t-il en se tournant vers moi.

J'étais étonnée de son calme et de son sérieux. Même si une pointe de sarcasme teintait parfois quand il s'adressait à ceux qu'il entraînait, son regard avait complètement changé, on ne pouvait que remarquer la concentration et l'investissement qui l'animaient. Bon.. pensais-je. Je me disais bien qu'il n'envoyait pas ses adversaires au tapis à coup de boutades, ceci explique cela.

- En même temps elle t'avait dit de ne pas bouger dis-je en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. A quelle heure est-ce qu'on part ce soir? rajoutais-je pour qu'il n'ait pas le temps de rebondir.

Mais il semblait trop ailleurs, attentif à ce qui se passait autour de lui, pour même le remarquer ou y rétorquer. Ma mèche de cheveux retomba, je la replaçais.

- Je te chercherai dans ta chambre ce soir après le repas.

Hein? Est-ce qu'il se rendait compte de ce qu'il disait? N'était-ce pas les amis qui étaient assez proche pour faire ça? Karenn venait me chercher parfois mais c'était tout.

- Euh.. Tu préfères pas qu'on se donne rendez-vous dans le hall? tentais-je.

Ma mèche de cheveux retomba. J'allais la replacer une énième fois quand il posa son regard sur moi et me regarda perplexe comme s'il venait de se rendre compte de ce qu'il avait dit. J'attendais sa réaction quand il approcha son bras de mon visage. Ses doigts frôlèrent ma joue, ils étaient plutôt froid comparés à ma peau et c'est sans doute pour cela que je tressaillis. Il vint replacer la mèche rebelle à sa place d'un mouvement si rapide et fluide qu'en une seconde ce fut terminé. Qu'est-ce que c'est que ce bordel??! 

- Non je n'ai pas encore d'heure prédéfinie, j'enverrai sûrement Karenn te chercher lâcha-t-il le plus naturellement du monde.

- O..Ok.

Purée mais à quoi il jouait, il faisait ça si simplement comme si ça ne signifiait rien. J'essayais de me reprendre mais son geste m'avait plus perturbé que je ne voulais bien le reconnaître.

- Bon revenez vers moi s'écria-t-il.

Je vis trois personnes approcher dont une Célya qui semblait l'avoir mauvaise. Si la cause en était le comportement de Nevra ou son entrainement raté, ça je ne le devinais pas. L'heure n'était plus à discuter de son geste avec lui car nous n'étions plus seul, de plus je sentais gros comme une maison qu'il ne louperait pas de se foutre de ma gueule pour avoir crut une seconde à une quelconque intention derrière ça.

Je quittais cet étrange Nevra tout en me disant que malgré que j'appréciais ces moments de paix entre nous, il n'en demeurait pas moins troublant que d'habitude. Au moins, je pouvais percevoir l'ironie dans ses actions, là je ne savais juste plus comment me comporter avec lui.
L'après midi ne passa pas très vite, j'avais croisé Valkyon et Leiftan sur le départ et Karenn était introuvable. Je m'étais balladée dans le Q.G. à la recherche d'un peu d'action mais je n'étais tombée que sur Ezarel qui après deux, trois mesquineries bien placées m'avait découragée d'entretenir une conversation polie avec lui. Je m'étais donc rendue plus tôt aux cuisines pour manger, j'étais ensuite allée me chercher un  livre à la bibliothèque et avais fini affalée sur mon lit.
Les heures passèrent sans que je les vois défiler quand un bruit à ma porte me tira de ma lecture. J'étais couchée sur le ventre mon haut était remonté jusqu'à la naissance de ma poitrine à force d'avoir cherché la position la plus confortable, d'autant plus qu'il faisait encore chaud malgré que le soleil se soit couché. Mes cheveux étaient détachés et des mèches folles volaient un peu partout autour de mon visage. Je pensais à me rhabiller mais me souvins que je n'attendais que mon amie à cette heure là.