Kingdom Hearts - The 13th Dawn

Chapitre VIII - Tendre promesse

Un, deux, trois, quatre, cinq, six... Bon sang, combien il y en avait ? Tournant la tête de tous côtés, Sora essaya tant bien que mal d'identifier son nombre de poursuivants, se dévissant le cou derrière une rampe d'escaliers. Instinctivement, il porta la main à la poignée de sa Keyblade avant de se rendre compte que celle-ci avait disparu, abandonnée aux mains de la dénommée Kairi, fille du patron de la MS-XII. Le brun grogna. Qu'elle idée de se laisser délester de son arme chez l'ennemi, aussi ?

Alors qu'un groupe d'hommes armés apparaissait à l'endroit où il se trouvait un peu plus tôt dans le couloir, le garçon aux yeux clairs décida de prendre la poudre d'escampette, sautant souplement sur le rebord d'une fenêtre ouverte, non loin de là. Pressé, il jaugea la distance et s'aperçu avec horreur qu'il était monté trop haut par rapport à l'endroit souterrain où se trouvait la chambre de la demoiselle qu'il aurait dû kidnapper.

Suite à sa course poursuite, il se trouvait désormais au troisième étage, voire plus. Impossible de sauter de cette hauteur. Comme saisit d'une incontrôlable nausée, le châtain recula et jeta le regard en tous sens dans l'espoir d'apercevoir une autre sortie. Le sang pompait à ses tempes, et son cœur cognait violement dans le bas de sa gorge : il l'eut presque cru sur le point de s'envoler par la bouche. Le vent de panique qui montait en lui l'empêchait de penser, et sa vue se brouillait en milliers de petits points rouges, pareils à des fourmis toxiques sournoisement cachées sous la pellicule humide de ses orbes oculaires.

Un, deux, trois. Se mettre à compter pour se calmer, réciter avec douceur le règlement de la Mara. Entendre sa voix, juger l'intensité de l'air recraché par sa propre respiration. Trouver une idée, vivre. Voir approcher l'ennemi de trop près, être acculé, se tuer. Pour exister à jamais dans le cœur des autres. Pour ne rien révéler de l'Organisation. Pour se foutre de la gueule de l'ennemi, du sang plein les yeux et un rire narquois sur la face.

Non, ça, c'était le point de vue du Boss lorsqu'il avait plus de dix verres dans le nez.

Sora inspira bruyamment, puis relâcha l'oxygène qu'il retenait. Il avait encore un peu de temps.

Un. Tu devras recruter de la chair nouvelle pour la MS-13.

Presque instantanément, une idée lui traversa l'esprit. Puisqu'il ne pouvait pas faire autrement... Une petite lumière s'alluma dans ses prunelles et il se mit à marcher vers ses agresseurs enragés, le regard un peu fou. Les cordons argent qui pendaient de ses derniers lambeaux de veste tintaient joyeusement contre son torse. Il était assuré. Presque enjoué, maintenant. La masse humaine qui gesticulait vers lui se rapprochait dans un murmure métallique d'armes et de bottes cirées, braillant et hurlant dans l'espoir qu'il se sente intimidé par leur attitude chargée en testostérone.

– Hey, les amis ! Depuis peu, je fais des rêves étranges...

Le brun courait, à présent, fonçant littéralement sur les mafieux qui pointaient le canon de leurs armes sur lui dans le but de trouer sa chair, ou mieux, de le blesser à mort pour lui soutirer quelques précieuses informations. La distance entre eux diminuait dangereusement.

Deux. Permets à la MS-13 de rester telle qu'elle est. La MS-13 doit subsister, quoiqu'il advienne de ses membres. Les gains, le secret, la loyauté permettent l'équilibre.

Esquivant habilement les premiers jets de balles, Sora zieuta le lustre doré qui pendait au plafond bas du couloir, les rayons de soleil artificiels qu'il projetait se reflétant élégamment sur le marbre zébré.

– ... Dedans, il y a un garçon qui court pour fuir son monde et réaliser ses rêves...

A présent, les balles pleuvaient. Une odeur de poudre s'était répandue dans l'étroit espace qui les séparaient, le claquement des projectiles explosés retentissant sourdement aux tympans du châtain qui continuait à avancer, inconscient, faisant preuve d'une incroyable agilité. A vrai dire, il n'aimait pas le combat. Il combattait pour ce qu'il croyait être juste, et pour obéir aux ordres donnés. Rien de plus. Amusé, il sourit en se remémorant le visage de la princesse qu'il était censé enlever avant de déclarer, haut et fort, par-dessus le vacarme ambiant :