Chapitre 7 : Rien, ni personne

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Emmerina ne tenait pas en place sur sa chaise.

Elle n'en pouvait plus. Quand est-ce que ce stupide cours d'histoire de la magie allait enfin se terminer ? Elle avait l'impression que le professeur Binns parlait encore plus lentement qu'à son habitude. Le pauvre esprit de la petite fille peinait à se concentrer sur ce que racontait leur enseignant fantôme. Elle ne cessait de penser à la veille. À Virgil Cormak, à la Forêt. Et surtout, encore plus que tout le reste, à Evan. Il fallait qu'elle le voie pour qu'ils terminent leur conversation.

Mais avant cela, elle devait encore se farcir les dernières minutes de cet enseignement plombant. Elle poussa un long soupir d'énervement avant de tapoter des doigts sur le bois foncé de la table. À ses côtés, Olivier n'osait pas lui poser de questions sur la raison de son état. Il préférait ne plus rien lui demander pouvant concerner Flint. C'était sa nouvelle résolution. Il avait décidé de ne pas prendre le risque de détériorer ses relations avec elle à cause de cela. Clémentine avait raison, si le Serpentard était mauvais, Emma finirait forcément par s'en rendre compte.

Lorsque le professeur Binns clôt enfin son cours et les laissa partir, Emma bondit de sa chaise et fonça à toute vitesse, sous les regards étonnés de ses camarades. Sans un mot, et toujours d'un pas rapide, la petite fille enchaina les couloirs, en sachant très bien où elle allait. Elle passa la grande porte du château, l'air frais lui fouettant le visage de façon désagréable. Mais rien, et surtout pas le mauvais temps, ne pouvaient décourager la sorcière. Elle se dépêcha et arriva en quelques minutes au bord du lac.

Comme elle l'avait espéré, elle n'eut pas de mal à repérer la tignasse blonde d'Evan. Il venait souvent réfléchir au bord de l'eau et si elle ne l'avait pas trouvé là, elle n'aurait vraiment pas su où chercher. Elle se dirigea plus lentement vers lui, répétant mentalement ce qu'elle comptait lui dire, puis s'assit à ses côtés sur l'herbe humide et froide. Le silence traina entre eux deux pendant quelques instants. À vrai dire, Emmerina avait peur. Peur qu'il la rejette après tout ce qu'elle avait entendu la veille. Le pire, c'était que si effectivement, il souhaitait s'éloigner d'elle, elle ne pourrait pas le blâmer. Mais elle en serait très triste.

Le Serpentard prit la parole le premier.

- À propos d'hier, ce sont tous des idiots. Ils ne voient pas l'amitié comme moi, je la vois.

Le garçon fit une pause, pour chercher ses mots. Il voulait s'exprimer le mieux possible pour ne pas créer de malentendu.

- Cormak, tout ce qu'il voit, c'est le nom. Il ne veut que des sorciers purs et de familles respectées dans ses amis. Moi, je ne suis pas d'accord. Je ne me suis pas dit en te voyant : tiens, elle a l'air d'être une sorcière de sang pur, je vais en faire mon amie. Non, non. Je me suis juste bien entendu avec toi, c'est tout. Et si tu étais venue d'une famille de Moldu, ça n'aurait rien changé. Tu es mon amie Emma et je me fiche de ce que pense les autres de ça.

La jeune McGonagall ne pue s'empêcher de sourire en entendant les paroles de son partenaire de potion. Un grand soulagement l'envahit. Elle avait eu peur qu'il la congédie plus ou moins gentiment. Leurs regards se croisèrent.

- Rien, ni personne, entre toi et moi, promit Emma d'une voix douce.

Comme si l'univers se manifestait également pour sceller cet engagement, le soleil se fraya un passage entre les nuages et se mit à briller fortement, réchauffant les visages souriants des deux camarades. Ils restèrent ainsi, l'un près de l'autre, à parler de tout et de rien, en observant la surface étincelante du lac.

Au bout d'un moment, Evan finit par se redresser, l'air très intéressé par quelque chose se passant derrière eux. Il se leva brusquement, entraina Emma avec lui en l'attrapant par la main.

Voie 9 3/4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant