Chapitre 2

32 2 1
                                    

Je m'arrêtai une ou deux secondes pour reprendre mon souffle. Je n'étais pas prête à reprendre ma course quand j'entendis des pas précipités derrière moi. Je me retournai, prête à affronter la mort mais ce n'étaient pas les soldats qui me suivaient, c'était un jeune garçon d'à peu près mon âge qui tenait dans sa main celle de ma sœur. Avant même de me présenter ou de le remercier je pris ma sœur dans mes bras en pleurant de joie mais aussi de tristesse. Après ces embrassades qui avaient duré à peine trente secondes, le garçon me pris par la main brusquement sans me prévenir et me fit courir. J'avais du mal car je devais traîner Gaëlle avec moi. Nous avons courut pendant environ cinq minutes au moins et on a débouché chez lui apparemment. Il me fit entrer, sans un mot. Je me suis écroulée de fatigue part terre. Je n'avais pas lâché la main de Gaëlle.

Il me releva et me fit assoir sur son canapé, ma sœur avec moi. Je m'assis prudemment car je ne le connaissais pas alors que justement, je connaissais tout le monde ici.

- Je m'appelle Eric, Eric Fhorn, dit-il, et toi ?

- Jessica, mais tu peux m'appeler Jess, et voici... je commençai.

- Emigaëlle, elle me l'a dit quand je l'ai récupérée à la boulangerie.

- Appelle-la Gaëlle, marmonnais-je.

Gaëlle ne disait rien, elle pleurait en silence dans mes bras.

- Comment se fait-il que t'étais dans la boulangerie alors qu'il y avait une exécution ? demandai-je.

- Je vous ai observées, toutes les deux, et je t'ai vue galérer avec ta pauvre épingle à chignon. Au moment où c'étais à toi d'y aller, j'ai regardé ta sœur et elle s'est enfuie vers la boulangerie. Sans réfléchir, j'ai foncé là-bas. J'ai pris ta sœur et on est sortis, on t'a vue t'échapper en courant. On a contourné la foule, ce qui nous a fait gagner du temps sur les soldats et on t'a rattrapée.

Je l'ai regardé avec reconnaissance.

- Merci, ai-je dit en rougissant, mais je n'ai pas vraiment besoin d'aide, je sais m'en sortir toute seule tu sais !

- Mais de rien, m'a-t-il dit sarcastiquement, mais dit moi Madame-je-n'ai-pas-besoin-d'aide, où tu vas dormir ?

C'est là que je me suis sentie bête, sur le moment je n'avais pensé qu'à nous échapper mais je n'avais pas réfléchis où nous allions vivre, maintenant, sans parents.

Sans parents, cette pensée me fit monter les larmes aux yeux. Eric l'a remarqué et se sentit subitement mal à l'aise. Il me prit dans ses bras pour me réconforter, je me sentais gênée mais je ne l'ai pas repoussé. J'étais à bout de force.

Et puis je n'y tenais plus. Je pleurais à chaudes larmes, Gaëlle toujours collée contre moi.

- Je n'y ai pas pensé, avouai-je à Eric, je ne vois vraiment pas où je pourrais vivre.

- Hein bien Madame-je-n'ai-pas-besoin-d'aide et sa sœur, je peux vous héberger, me proposa-t-il.

- Je veux bien mais est-ce que tes parents seront d'accord ?

- J'espère, mais s'ils ne veulent pas, et bien, ils n'auront pas le choix, m'a-t-il dit avec un air rebelle.

Je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il s'y croyait un peu trop sous seul prétexte qu'il nous avait sauvées, mais je ne pouvais pas le faire remarquer dans la mesure où c'est moi qui avais besoin d'aide. J'observais Eric avec attention. Il avait des cheveux courts châtains foncé, des yeux d'un vert magnifique même s'ils me faisaient penser tout d'abord à l'eau de la marre au fond du jardin de mes grands-parents, et croyez-moi, si vous saviez ce qui se cache dans ces eaux croupies, vous ne penseriez pas que ce que je viens de dire est un compliment. Mais continuons mon analyse, il était musclé, il devait travailler dur aux champs, tout comme mon père le faisait. Sa peau était bronzée, comme la mienne.

JessWhere stories live. Discover now