Chapitre 3

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J'ai passé la nuit à essayer de m'éloigner le plus de lui, et lui le plus de moi. Je sentais qu'il ne dormait pas et qu'il était tout aussi mal à l'aise que moi. J'avais les yeux grands ouverts, nous étions tous deux aux deux extrémités du lit. On se tournait le dos.

Puis le sommeil a pris le dessus et nous nous sommes endormis. Quand je me suis réveillée, on je sentais son torse plaqué contre mon dos, le temps que je comprenne que l'on s'était rapproché pendant la nuit, mes joues sont devenues cramoisies. J'ai roulé subitement vers le bord du lit, lui ne s'est même pas réveillé.

Je me suis juré que je ne me rendormirai pas. Et comme d'habitude, je n'ai pas tenu ma promesse.

Quand je me suis réveillée pour la deuxième fois, il s'était levé et son côté du lit était froid. Intriguée, je me suis levée, j'ai enjambée ma sœur qui dormait, un filet de bave au coin de la bouche collée contre son oreiller mouillé et je me suis penchée par-dessus la rambarde d'escalier. Eric s'attelait à préparer un petit-déjeuner.

Voyant que je le fixais, il me salua avec un sourire. Par politesse je le saluai aussi mais je n'avais pas la force de sourire. Ne me jugez pas ! Je ne suis pas du matin !

- Je prépare le petit-déjeuner sur un plateau, on mangera dans la chambre, m'expliqua-t-il.

Un frisson de dégoût me parcouru. Je sais que j'ai beaucoup d'exigence, mais le petit-déjeuner au lit, je ne peux vraiment pas. Quand je me couche, j'ai toujours une sensation de dégoût en imaginant les miettes et les morceaux de beurre qui peuvent se trouver encore dans les draps. Après si je dors par-terre il n'y a pas de problème.

- Non merci, j'ai répondu sèchement puis me rendant compte de mon agressivité je me suis radoucie, je ne voudrais pas salir ta chambre. En plus, ce serait plus poli de manger avec tes parents vu qu'ils nous hébergent.

- Oh non, ils ne reviennent que dans vingt-six jours, il m'a répondu mal à l'aise, en plus, les soldats sont à votre recherche, vous ne devriez pas passer trop de temps en bas.

Il avait raison. Les gardes devaient être entrain de passer tout Bouloc et les champs aux alentours au peigne fin.

- D'accord alors pour le petit dej' ici ! me suis-je exclamée sans enthousiasme.

Je suis allée l'attendre dans la chambre, quand je suis arrivée, je me suis retrouvée avec Gaëlle qui avait les larmes aux yeux.

- Qu'est-ce qu'il y a ma puce ? j'ai demandé même si je connaissais la réponse.

- Papa et maman me manquent...

Elle vint se blottie contre moi en pleurant silencieusement jusqu'au retour d'Eric.

J'enfouis mon visage dans ses cheveux doré pour qu'elle ne me voit pas pleurer aussi, elle n'a pas besoin d'une grande sœur faible et mais forte.

Quand notre hôte arrive dans la pièce, il a une mine affolée et il n'a pas le plateau repas, dommage, j'avais une faim de loup.

- Que se passe-t-il ? demandai-je avec inquiétude.

- Des soldats, me dit-il, des soldats qui sonnent, je me suis dépêché de venir vous prévenir mais je vais devoir aller ouvrir dans la minute sinon ils vont se douter de quelque chose. Jess, soulève mon tapis, soulève la trappe et glissez vous en dessous. Je remettrai le tapis aussi vite que possible, allez !

Sans discuter, j'ai attrapé Gaëlle pour la mettre en sécurité avant moi, j'ai ouvert la trappe après avoir soulevé le tapis. Malgré le fait que je le trouvais un peu genre Je-me-la-pète-j'ai-sauvé-une-fille, il nous est indispensable en ce moment. Oh mon dieu, c'était dur à admettre.

Il faisait noir. Très noir, mais après quelques secondes, la lumière s'alluma et je découvris un endroit luxueux avec des canapés en velours, une télévision écran plat, des tapis soyeux et même un minibar ! On se croirait en plein jour avec toute cette lumière. Gaëlle et mon on s'est installées sur le canapé et on a commencé à manger des trucs sans Eric. Ce n'était pas poli étant donné qu'il risque sa sécurité, sa vie et que je l'agace, mais on avait tellement faim.

On a attendu très longtemps alors on s'est installés devant un film.

Mais je ne le regardais pas. Pas parce que c'était un film pour les enfants sans intérêt mais parce que j'étais distraite par ce qui nous était tombé dessus en si peu de temps.

J'entendis encore un coup de feu. J'en avais marre des coups de feu. Je me demandais avec inquiétude si c'était sur Eric qu'ils ont tiré, oui, je m'inquiète pour lui. J'ai jeté un coup d'œil à Gaëlle, elle s'était endormie, même elle, le film ne l'intéressait pas !

Tant mieux, la trappe était trop lourde pour qu'elle sorte. Je pouvais partir tranquille en savant Gaëlle en sécurité ici.

Je me sus glissée discrètement hors du canapé et je me suis rendue jusqu'à la trappe, je me suis soudainement stoppée. Si au moment où je sortais de là, les soldats étaient en train de fouiller la chambre ? Tant pis, « qui ne risque rien n'a rien ! ». J'ai soulevé la trappe. C'était encore plus lourd de dessous !

Heureusement, les soldats étaient encore en bas. J'ai poussé un soupir de soulagement.

Je me suis glissée hors du trou et j'ai refermé soigneusement la trappe, remis le tapis et je suis sortie de la chambre. J'étais soulagée quand j'ai entendu Eric parler avec les soldats dans le hall. J'ai commencé à me demander si le coup de feu que j'avais entendu n'avait pas été en fait juste un claquement de porte ? Enfin bref, Eric étais vivant. Maintenant que je savais ça, je pensais à retourner auprès de Gaëlle mais j'avais l'occasion d'écouter leur conversation alors je suis restée là, en haut, cachée derrière un fauteuil à écouter.

- Combien de fois faudra-t-il vous dire que je n'ai pas vu ces filles. Je suis au fond d'un chemin, si elles étaient passées par cette route, je n'aurais pas pu les voir. Je suis désolé de vous l'apprendre mais vous allez devoir demander aux personnes les plus proches de la route.

Quand j'entendis les soldats se consulter, mon sang se glaça. En plus du fait qu'ils étaient une vingtaine dans le salon, je reconnus la voix du jeune soldat qui avait arrêté mon père.

- Je suis désolé mais nous avons des témoignages clairs... commença le jeune soldat

- Attend, ce n'est pas à toi de t'en occuper, tu as peut-être attrapé un des révolutionnaires mais ça ne fait pas de toi le chef du groupe, c'est toujours moi !

J'ai jeté un coup d'œil et j'ai reconnu James.

- Ouais c'est bon James... grogna le jeune soldat.

- Merci, continua James, Et bien, vos voisins ont clairement dit qu'ils ont vu deux jeunes filles en votre compagnie qui sont descendues chez vous.

Mon cœur rata un battement. Comment est-ce possible ? Il faisait extrêmement sombre et tout le monde était sur la place centrale, comment les voisins d'Eric avaient-ils pu nous voir ? Je ne voulais pas y croire, ce n'était tout simplement pas possible. J'espérais qu'Eric ne se laisserait pas faire et qu'il n'y croyait pas non-plus. Sinon, nous étions fichues. Après tout, c'est le moment de vérité, je savais qu'il était digne de confiance : il nous avait sauvées. Mais peut-être qu'il voulait nous livrer aux soldats après tout ? Qu'il nous a mise dans sa cachette pour nous garder au même endroit avant qu'il ne mène les soldats jusqu'à nous ? Qu'il nous a mises en confiance et qu'il va nous trahir ? Non, ça ne peux pas être possible.

- Je ne vous crois pas, répond finalement Eric, vous inventez cela. Vu que je suis resté ici toute la journée, je n'ai pas pu aller chercher ces jeunes filles.

J'ai poussé un soupir de soulagement tellement fort que je me suis inquiétée de savoir s'ils m'avaient entendue d'en bas.

- Bien, je ne vous crois pas donc je vais effectuer une fouille si ça ne vous dérange pas.

- Ça ne me dérange pas mais vu que j'ai récemment rangé, ne dérangez pas trop ou alors je vous pris de remettre à sa place l'objet déplacé, répondit-il avec insolence.

JessWhere stories live. Discover now