Trois

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"LA FILLE DES BOIS."

Un grand silence s'abattit soudain sur la pièce.

Non mais il a cru que j'étais Tarzan, ou ça se passe comment?

L'homme me détailla des pieds à la tête.

Un ange passa.

Puis un deuxième.

Bref. Ma vie venait de prendre une tournure des plus intéressantes. Ainsi que des plus, comment dire -dangereuse. Il ne fallait pas sûrement prédire l'avenir pour sentir ce genre de truc.

C'était semblable au silence avant la tempête.

Étrangement, le surnom ne m'avait point semblé insultant, mais plutôt familier. La facilité avec laquelle l'homme l'avait prononcé m'avait aussitôt et clairement montré qu'il n'avait aucune intention de mentir, ou plutôt s'en foutait beaucoup trop pour le faire. Aussi, sa posture signifiait clairement qu'il n'avait plus rien à perdre.

Hum, intéressant..Très intéressant..

Je cherchais toujours un moyen de m'évader le plus loin possible de cet asile de fous, euh, excusez-moi, de cette colonie, quand un souvenir tellement flou me vint en mémoire et qu'une douleur suraiguë me traversa le cerveau, juste derrière les orbites.

Puis une suite d'image incohérentes se bousculaient dans mon esprit.

Des yeux gris -non, non...Argentés. Un sourire doux et maternel. Une main, des pleures, des litres de sang se répandant miraculeusement. Un cri sourd. Puis, contre toute attente après ces spectacles horrible, un silence tellement lourd que par dépit de ne faire rien que se mémorer, j'avais envie de vomir.

Je clignai des yeux. Mike avait pris le devant et me tenait par l'épaule. L'obèse me détailla, plus avidement, ses sourcils toujours froncés, et les doigts de Chiron tambourinaient sans cesse sur le siège rouge -suis-je la seule à trouver cette situation bizarre?-.

"Bon," s'était efforcé de commencer Monsieur D gentiment. (Ce qui n'était pas gentiment dit du tout.) "Je crois qu'il faut que je te dise bonjour, et tout, mais comme je m'en moque, je t'informe être le directeur du camp, et que tu n'as pas intérêt à me faire chier."

Charmant. Qui est l'idiot qui avait laissé ce type dirigeait quoi que ce soit, déjà?

Il me regarda avec ses yeux mauves, me défiant silencieusement à dire quelque chose, de le tester. Bizarrement, j'avais gardé mon calme, non par peur, mais parce qu'il avait cet air, tout Mozart, très vieux et funèbre. Il y avait une vague rage dans ses prunelles, me donnant l'impression qu'il avait été puni à tort, qu'il le savait et le détestait avec passion (je connaissais ce regard, je le voyais presque tout les jours, dans un miroir).

Un vent froid soufflait. Et pas celui habituel du mois de Mars, non, mais plutôt celui qui tranche. D'un coup, je me suis imaginée, sans le vouloir, comme si c'était un réflexe inée, du son des arbres chantants..D'une enfance lointaine...Et le sentiment ne m'était pas étranger.

Je me contentai de sourire, et de tapoter à mon tour le siège, mais l'étrange sentiment ne disparaissait pas pour autant.

Chiron s'éclaircit la gorge, et essaya de me sourire avec bienveillance, mais cela lui donnait plus l'impression d'un animal sauvage qu'autre chose.

Il passa ses doigts dans ses cheveux déjà ébouriffés, et se gratta la nuque, gêné.

Je le regardai dans les yeux. J'avais le pressentiment que si quelqu'un ici était apte à me donner des réponses, c'était bien Chiron. 

le secret ennemi ; percy jackson.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant