le secret ennemi ; percy jackson.

Chapitre Quatre

LE SOLEIL, qui se faufilait entre les arbres pour me rejoindre, se glaçait à mon contact.

Au bout d'un moment assez gênant, durant lequel Chiron, Mike et moi fixaient Monsieur D qui essayait de se calmer en frappant son poing sur la table de ping-pong, le plus mature des deux hommes s'était raclé la gorge.

Chiron ne semblait pas pour le moins surpris par la réaction de Monsieur D, comme s'il avait assisté à bien pire.

Je ne vais pas demander..Je ne vais pas demander..

Il m'observa toujours avec une certaine profonde culpabilité, Mike de même par ailleurs.

Pendant quelques minutes où Mike et Chiron se sont regardés sans trop savoir quoi dire, Chiron posa une main réconfortante sur mon épaule et reprit.

"Écoute, mon enfant, ils sont tous passés par là. Tes semblables, je veux dire. C'est toujours ainsi, dès le moment où ils sortent de cette foutue maison, après avoir appris la vérité. Je ne peux pas te promettre que tout ira bien, ce sera te mentir. En revanche, je peux t'annoncer que connaitre la vérité est mille fois mieux que de vivre dans le mensonge. C'est pour ton bien, Orianna." Le ton ferme de sa voix me rassura un peu.

Très optimiste, comme speech. C'est pour ton bien, Orianna. La dernière fois qu'on m'avait dit ça, je me suis retrouvée avec un fusil au-dessous de la gorge.

Cependant, Chiron avait dit tout ça d'une voix douce et paternel. La même voix que Nathaniel employait lorsqu'il me parlait. Et je ne pouvais pas nier que cela m'avait réconforter.

Je ne dis rien, et baissai la tête. Je restai assis là sur le fauteuil moche et puant un long moment, trop abattu pour bouger.

C'est ce que ça fait, avoir ainsi le cœur briser?

"Que voulait-il entendre par la fille de la lune?" avais-je enfin demandé, désignant du doigt Monsieur D qui ne releva pas la tête et lisait un livre dont le nom figurait au grand titre d'or : Scatchum, pardonnez, le vin m'a trompé.

"Ah.." Chiron parut déstabilisé. Je me suis demandée s'il avait cru que je n'aurais pas vu le besoin de poser cette question en particulier.

Il fit un long euhhhhhhhhhhhhhhhh.

"Tu le seras bientôt. Beaucoup trop tôt pour ton bien." m'avait-il dit, avec un faible sourire. (Un sourire vraiment très faible.)

Il savait que j'avais deviné le fait qu'il me cachait quelque chose d'important; et moi je savais que je ne le saurais pas pour autant, bien que le mensonge était maintenant détecté.

Il était assis en tailleur sur sa chaise roulante, qui ne semblait pas confortable du tout. Puis, quelque chose de fondamentale se passa.

Il s'était levé. Et comme Mike, Chiron n'était pas entièrement humain. Jusqu'à la taille, c'était un homme, mais au-dessous, c'était un cheval, d'un blanc parfait, avec une longue queue de couleur noir aux reflets argentés, la même couleur que mes yeux.

J'étais restée interdite, et ma vue s'était brouillée pour un certain moment. Je me sentis soudainement vidée. Je me laissai tomber par terre avec un gros soupir et secoua la tête.

Chiron avait ri de bon cœur, comme si ma réaction n'était pas parfaitement justifiée et convenable. Lorsque je m'étais rendue compte d'avoir la bouche grande ouverte, je m'étais empressée de la fermer, non sans rougir.

C'est à ce moment-là que je trouvais la situation légèrement ironique. Mon ami Mike était une chèvre. Le dirigeant du camp était un centaure, dont le nom était Chiron.