La première tâche

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La première tâche du Tournois des Trois Sorciers allait débuter d'un instant à l'autre. Callie observait la foule, emmitouflée dans son épaisse cape d'hiver noire, son écharpe jaune aux fines rayures noires remontée jusqu'au milieu du nez et son bonnet de la même couleur enfoncé jusqu'à ses yeux. Elle frottait ses mains, pourtant gantées, l'une contre l'autre, et agitait frénétiquement la jambe dans un vain espoir de se réchauffer.

-Des paris ?

-Qui veut parier ?

-On prend les paris, tous les paris ! Allons-y !

-Approchez, approchez !

-Pariez quelques Gallions sur un bain de sang !

-Pariez sans risque sur Krum survivant !

Tournant la tête, Callie repéra vite l'origine de ces deux voix si semblables : les jumeaux Weasley déambulaient dans les rangées pour recueillir des paris. Depuis leur discussion dans les cuisines de Poudlard, près d'une semaine plus tôt, elle ne les avait pas recroisé.

Fred et George, qui étaient désormais au niveau des gradins des Poufsouffle, purent constater qu'elle avait raison : tous les Poufsouffle soutenaient Cédric Diggory, et plusieurs misaient beaucoup sur lui. Ils passèrent tous les deux devant elle, mais cachée comme elle l'était derrière son écharpe et son bonnet (bien que se cacher n'était pas son intention), ils ne reconnurent pas celle qu'ils surnommaient la « fière blairelle ».

Callie vit cependant l'un d'eux s'entretenir avec la même Gryffondor aux cheveux touffus qui les avait prévenu que leur potion ne marcherait pas pour berner la Coupe de Feu. La jeune fille semblait réprimander le fait d'organiser des paris sur la survie ou non des concurrents, et le rouquin argumentait pour les défendre, lui et son jumeau, avec un sourire en coin taquin. La Poufsouffle vit de nouveau l'affection et le respect dans le regard du jeune homme. Quand la Gryffondor croisa les bras en lui lançant un regard noir, continuant de le réprimander, il enleva son écharpe et lui passa autour du cou, de telle façon à ce que le tissu recouvre la bouche, la réduisant momentanément au silence, puis lança en s'éloignant rapidement :

-Tracasse pas pour nous, Hermignonne !

Celle-ci rougit, et Callie soupçonna que c'était autant dû à la colère d'avoir été interrompu, qu'à la gêne à l'entente du surnom,prononcé de façon on ne peut moins discrète. Ou c'était peut-être le fait d'avoir l'écharpe d'un jumeau Weasley autour du cou – enfin, de ce jumeau Weasley. En tout cas, la Gryffondor tenta de dissimuler son rougissement en remontant l'écharpe jusqu'à son nez, ce qui fit rire un autre rouquin – à n'en pas douter, le frère cadet des jumeaux – à ses côtés.

L'arrivée de Verpey, chargé de commenter la première tâche, détourna l'attention de la Poufsouffle et amena le calme dans les gradins. À peine eut-il le temps de saluer tout le monde qu'un rugissement de dragons retentit, faisant sursauter tout le monde. Callie blêmit d'un coup, murmurant, apeurée :

-Un Magyar à pointes...

-Un quoi ?

Callie sursauta, puis se calma en constatant que ce n'était que Mona qui l'avait rejoint. Elle expliqua :

-Un Magyar à pointes, c'est un dragon.

-Comment tu le sais ? cracha la Serdaigle, vexée d'en savoir moins qu'elle.

-Ma mère a étudié la dragonologie au tout début de sa carrière, dit simplement la Poufsouffle en haussant les épaules, comme s'il n'avait rien de plus commun.

Un autre rugissement retentit, et Callie reconnut cette fois un Vert gallois. Chaque champion allait devoir affronter un dragon différent, et en baissant les yeux vers le terrain, en contre-bas, elle repéra un œuf d'or. Elle comprit l'épreuve en même temps que Verpey l'annonçait : chaque champion devait récupérer l'œuf, qui était gardé par un dragon – une dragonne, pour être plus précis, celle-ci ayant un instinct de protection encore plus développé que les mâles.

Ce fut un Suédois au museau court, aux couleurs gris-bleu, qui fut mit en premier dans l'arène, bien entouré par une escorte de dragonologistes.

Callie entendit d'abord les hurlements d'encouragement des Poufsouffle l'entourant avant de voir Cédric sortir de la tente des champions et s'avancer vers l'arène. Néanmoins, ayant conscience qu'il allait avoir besoin de calme, ils se turent avant qu'il n'entre. Le Poufsouffle inspira profondément, sortit sa baguette et affronta la dragonne. Callie remarqua son teint verdâtre, et se dit que décidément, elle ne comprenait pas comment on pouvait avoir l'idée de participer à de telles épreuves.

Dans les instants qui suivirent, Callie se sentit comme en apnée, ses yeux ne quittaient pas Cédric et la dragonne. Quand la foule criait, elle était quant à elle incapable de produire le moindre son. Quand la bête manqua de peu d'attraper Cédric, des exclamations retentissant partout autour d'elle, elle glapit faiblement, la gorge et l'estomac noué, et se plaqua les mains devant la bouche, catastrophée et effrayée, se demandant en boucle mentalement comment on pouvait organiser des jeux aussi dangereux, et surtout : comment diable pouvait-on avoir envie d'y participer ?!

Blême, elle détourna le regard lors d'une autre tentative vaine de Cédric (qui faillit être de nouveau attraper), et elle fut attirée vers des cheveux flamboyantes dépassant de bonnets en laine tricotés. Les jumeaux Weasley étaient captivés par le spectacle, bien plus fascinés qu'effrayés, tandis que leur jeune frère était pâle, et la fille aux cheveux touffus agrippait de ses deux mains l'écharpe du jumeau, et la remontait parfois jusqu'aux yeux. Apparemment néanmoins très curieuse, elle ne se cachait la vue que brièvement, irrésistiblement attirée vers le spectacle.

Soudain, toute la foule retint son souffle, détournant l'attention de la Poufsouffle vers l'arène, et vit que discrètement, Cédric longeait les pierres, caché par ces dernières du regard perçant de la dragonne, et s'approchait discrètement de l'oeuf, sans que la créature l'ait remarqué. En pensées, Callie se mit alors à prononcer tout un tas d'encouragement, aussi absorbée que si elle était en bas, dans l'arène avec son camarade.

Plus personne n'osait cligner des yeux, ne souhaitant pas rater ne serait-ce qu'une seconde de la scène.

Un instant plus tard, Cédric bondissait, et brandissait l'oeuf d'or, victorieux. Les dragonologistes vinrent ramener le Suédois au museau court, tandis que la foule hurlait sa joie et son soulagement. Les Poufsouffle étaient sans doute les plus enthousiastes, heureux d'être cette fois-ci au premier rang de l'action.

Puis vint le tour de Fleur Delacour et Viktor Krum, offrant un spectacle toujours aussi effrayant que captivant. Callie déglutit en voyant d'abord le Vert gallois, puis le Boutefeu chinois, et se demanda comment par Circé sa mère avait pu travailler avec de telles créatures sans perdre un bras ou une jambe. Déjà que pour sa part les Scroutts à Pétard de Hagrid étaient particulièrement dangereux, alors elle n'osait pas s'imaginer face à des dragons...

Bientôt,Harry Potter fit face au redoutable Magyar à pointes, et en voyant le garçon d'à peine quatorze ans manquer de se faire cuire comme du poulet, Callie tira son bonnet jusqu'à cacher ses yeux en gémissant, catastrophée.

À quelques rangées de là, Hermione Granger étouffa un cri et agrippa sans réfléchir le poignet de Fred, qui sans lâcher Harry du regard, attrapa la main de la jeune Gryffondor et la serra, sentant la tension de Hermione sans même avoir besoin de la regarder. Ron Weasley, cherchant désespérément un moyen d'échapper au spectacle effroyable, vit le geste inconscient de son frère aîné, et retint un sourire amusé. Il se reconcentra ensuite sur son meilleur ami, dans l'arène, et perdit subitement tout envie de se réjouir.

En entendant Harry utiliser le sortilège d'Attraction sur son balai, Callie osa regarder d'un œil, curieuse, et fut stupéfaite de voir Harry sauter avec agilité sur son balai, et quelques temps plus tard, après avoir admirablement échapper à la dragonne, foncer sur l'oeuf et remporter l'épreuve ainsi.

Harry Potter ne faisait décidément rien comme les autres, pensa-t-elle avec un sourire, soulagée de voir qu'aucun concurrent n'avait été grièvement blessé.

***

Le rapprochement est assez lent, mais ça me paraît plus réel, sachant qu'on succombe rarement à une personne en seulement quelques jours... Et non, Ron n'est pas jaloux, tout simplement parce que je n'ai pas voulu en faire le personnage méchant qui empêche Fred et Hermione d'être ensemble, le "vrai" Ron est plus gentil que ça (même s'il n'a pas un caractère facile, d'accord), et il n'est pas amoureux de Hermione. L'histoire commence donc à être légèrement différente de l'originale sur ces détails, en espérant que ça vous plaira tout de même ^^

La Loyauté & le CourageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant