Condamnée

[1] - Accablement

Une tendre musique me réveille, j'ouvre les yeux et perçois mon amie d'enfance Clarissa. Nous cohabitons dans un petit appartement une chambre, à quinze minutes à pied de mon école de médecine. Depuis notre enfance, nous partageons tout ensemble. Elle me connaît mieux que personne.

Je me lève, m'approche d'elle et lui fais un bisou sur le front. Je sors de la chambre et vais en direction de la cuisine pour préparer le petit-déjeuner.

J'y vais avec un grand sourire, comme d'habitude. On me connaît pour ma bonne humeur et ma joie de vivre, jamais personne ne m'a vu triste, ou encore de mauvaise foi. Je ne ressens que du bonheur, même quand je suis censée être bouleversée, j'essaye de relativiser les choses.

Sauf que ce jour-là, va être le jour où cette habitude se brisera.

Je prépare des œufs brouillés, et quelques tranches de bacon. Clarissa adore ce genre de petit-déjeuner, elle en mangerait tous les jours si elle le pouvait.

Après avoir mangé, je pars me préparer. Je suis très perspicace, car je n'ai pas besoin de beaucoup de temps pour m'apprêter. Je me rafraîchis, brosse mes dents, fais un chignon puis m'habille. Hop, le tour est joué.

Nous sommes mardi, j'ai quatre heures de cours. Normalement, j'ai une journée complète, mais je ne suis pas obligée de me présenter à tout les cours. Je suis une élève libre. Je n'assiste qu'aux cours, qui pour moi, sont les plus importants.

Une fois prête, je prends mon sac, dis au revoir à Clarissa et pars de ce pas en direction de l'école.

Une fois sortie de l'appartement, je m'allume une cigarette tout en restant sur mes gardes. Je ne veux pas que Clarissa l'apprenne. Une question de principe, car les gens pensent que je suis parfaite, si seulement ils savaient ! C'est con, mais mon image changerait complétement si ma famille ou Clarissa viendrait à apprendre que je fume la cigarette. Je veux être médecin urgentiste, donc c'est sûr qu'aux cours, je serai également mal vu s'ils étaient informés que je fumais. Quoi qu'on fasse dans notre vie, on est de toute façon jugé, donc à quoi bon.

Soudain, je reçois un message, on ne peut plus interpellant. En le lisant, je lâche ma cigarette par terre, mon sac part avec :

- Je sais ce que tu as fait. C'est affreux, je vais le dire à tout le monde.

J'ai reçu ce message d'un numéro que je ne connais pas. Je suis encore sous le choc, car j'avoue ne pas comprendre. J'ai décidé de m'asseoir sur le banc qui se trouve derrière moi.

Quelques secondes plus tard, je reçois un autre message, mais celui-ci est accompagné d'une photo :

- Tu vas m'écouter, où cette photo sera diffusée sur internet, et l'ensemble de tes amis et de ta famille la verront. Non seulement ta réputation sera salie, mais tu iras certainement faire un tour en prison, voir plus longtemps que tu ne le penses.

Je ne peux rien faire contre ça. Ça ne sert strictement à rien de contester, ni d'appeler la police. Il a une photo de moi, celle qui pourrait compromettre ma vie, et celle de mon entourage en danger.

Je tremble, je pleure, j'ai peur. Cela fait des années que je n'ai plus été autant accablée. Je ne sais pas quoi faire.

Mon téléphone vibre à nouveau :

- Tu as une minute pour répondre, où cette photo sera diffusée.

Obligée, je lui envoie un sms :

- Je ferais ce que vous désirez.

Je suis condamnée. Condamnée à écouter les ordres d'une personne que je ne connais pas. Pourtant, cette personne connaît beaucoup sur moi, et détient une image qui peut détruire, détruire ma vie, qui pourtant n'avait jamais connu aucun problème jusqu'à aujourd'hui.

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