[5] - Assujettissement

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Il commence à faire sombre dehors, et Clarissa n'est toujours pas revenue. Elle sera là d'une seconde à l'autre.

Je pense à l'arrivée de Clarissa, car si elle est là, ça m'empêcherait certainement d'être obsédée par mon téléphone. C'est une bonne chose. Mais en même temps, si je reçois un message de la part de la personne quand Clarissa est là, comment lui dire que je dois partir pour exécuter les désirs d'une personne qui me menace ? Tout est confus. Je dois réfléchir maintenant, partir d'ici, ou rester.

Si je pars, je n'aurai nulle part où aller. Mais le problème, c'est que j'ai attendu toute la journée un message ... Et si je recevais le message demain, ou dans trois jours ... C'est ça le problème, je ne sais pas quand, ni où et encore moins quoi.

Je regarde ce téléphone depuis des heures maintenant. J'ai une énorme douleur au niveau de la nuque, en même temps, quand je penche ma tête pendant un temps assez long ...

Je décide de relever ma tête. Je lance des petits cris de douleurs, impossible de la relever. Je suis bloquée. Quelle idée de rester sur la même position pendant des heures, mais en même temps, j'étais complètement obsédée, donc plus rien ne me préoccupait à part le message, qui d'ailleurs n'est toujours pas arrivé. Une chance que j'ai repris légèrement mes esprits, sinon je serais encore restée là à regarder ce téléphone toute la nuit.

Je me lève, ma tête est toujours penchée, impossible de la relever sans avoir mal. Je prends mon courage à deux mains, et je décide de la relever avec mes mains d'un coup sec. Ce n'est pas le truc à faire, ça peut être pire, j'en suis totalement consciente.

Je compte jusque trois ... Et puis je soulève ma tête, pour qu'enfin, elle reprenne sa place habituelle. La douleur n'était qu'éphémère. J'ai senti, comme une légère brûlure au niveau de la nuque. Dieu merci, ça va mieux.

Je prends mon téléphone qui se trouve sur la table de salon, et le place dans ma poche. Ensuite, je me dirige vers la toilette. J'ai une envie pressante depuis maintenant quelques heures, ma vessie va éclater.

En urinant, je pense à ce qu'il peut se passer si maintenant cette fameuse photo vient à circuler sur le net ...

Tout d'abord, je serai virée de mon école. Clarissa ne voudra plus jamais me parler, et toute ma famille me rejettera. Ensuite vient le plus pire, j'aurai d'énormes problèmes avec la justice, et je risque la prison. Ça, c'est sûr à cent pourcent. Peut-être un an, deux ans, voir trente ans. Et à côté de ça, toute la population me détestera, je ferai certainement la une des journaux.

Honnêtement, quand je pense à ça, je regrette tellement mon geste. Qu'ai-je fait ? Et pourquoi ? Sur le moment, je ne me rendais absolument pas compte, mais désormais ... Putain de conne que je suis. Je suis tellement quelqu'un de positive et de souriante, que durant tout ce temps j'avais oublié cette chose, car comme je disais, j'essaye de tout le temps relativiser les choses.

Soudain, je fais illusion au suicide... Moi qui étais encore tôt ce matin, la femme la plus heureuse de cette planète. Maintenant, je pense à mettre fin à mes jours. Ça ne m'est jamais arrivée, jamais ! Mais honnêtement, je préfère mourir sans m'en rendre compte que de passé ma vie à être la femme la plus détestée du pays.

Je me lave les mains, puis sors de la pièce. Je me dirige vers le salon. En passant devant la porte d'entrée, j'entends le bruit d'un trousseau de clés. C'est Clarissa.

Je fais demi-tour, et cours en direction de la salle de bains. Je vais vite me rafraîchir avant qu'elle voit ma tête de déterrée. Oui je lui ai dit que je ne me sentais pas bien, mais si je veux sortir de la maison, elle doit voir que je me sens mieux, sinon elle ne me laissera jamais partir.

Lorsque je me rince le visage, j'entends la porte se claquer. J'essuie vite ma figure, puis sors de la pièce.

Je souris, effectivement un sourire hypocrite car tout ce que j'ai envie, c'est de pleurer. Je m'approche de Clarissa :

- Alors, c'était comment ? !

- Aaaaaaaah ... Bibi ! Je suis prise !

Je suis heureuse, je ne pense plus à ce qui m'obsède depuis ce matin.

- Super ma chérie !!! Tu commences quand ?

Elle me regarde, fait un grand sourire et me crie :

- Demain !

Elle a enfin trouvé le boulot de ses rêves, et en plus, elle commence demain. Quelle merveille.

Elle a décroché un boulot pour travailler dans une crèche. Elle adore les bébés, elle aimerait tellement en avoir ...

Soudain, mon téléphone vibre. Mon cœur a commencé à s'emballer. Je ne sais pas quoi faire. Je décide de m'éloigner de Clarissa prétextant une envie pressante comme toute à l'heure.

Je ne perds pas de temps, je prends mon téléphone et lis le message en marchant en direction des toilettes.

Je le savais. Ce qu'il m'avait demandé ce matin, n'était qu'un petit avant goût de ce qu'il allait me demander maintenant.

Je dois partir d'ici, et vite.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 19, 2017 ⏰

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