BLACKOUT

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Jeudi 18 Septembre.

19h10.

Je tape timidement contre le bois de la porte et attends avec une certaine appréhension en tendant l'oreille, mon téléphone dans la main.

_ ENTREZ !, rugit mon chef derrière la porte.

J'avale ma salive et passe timidement ma tête dans l'embrasure de la porte.

_ Monsieur Abernathy, j'y vais, je lui annonce.

Un mauvais sourire commence à se dessiner au coin de ses lèvres, le sourire que j'exècre le plus au monde. Je sais très bien ce qui va suivre et je suis déjà agacée.

_ A dix-neuf heures ? Vraiment ?

Je ravale le soupire qui monte dans ma gorge. Je ferme les yeux pour ne pas mordre à l'hameçon.

_ Je vous en ai parlé il y a plusieurs jours et rappelé tous les jours depuis. J'ai un rendez-vous et...

_ Un rendez-vous ?, me coupe-t-il visiblement amusé.

Putain de merde, j'aurais mieux fait de réfléchir avant de parler.

_ Quel est le pauvre bougre qui va subir votre si charmant caractère ?, continue mon chef.

N'attrape pas la perche Katniss, résiste.

_ Je peux y aller ?, je demande en ignorant cette dernière pique.

Son visage laisse transparaître le réel amusement qu'il ressent lors de nos échanges un peu vifs, moi, personnellement, j'en suis lassée et fais tout ce qui est en mon pouvoir pour changer de travail – et vite ! Il faut dire qu'être l'assistante personnelle du célèbre Haymitch Abernathy – le coach personnel le plus demandé du pays – est un challenge épuisant. D'une humeur changeante, accro à la bouteille et appréciant particulièrement les ping-pongs verbaux, je suis sur les rotules à chaque fois que je termine ma journée de travail – très souvent vers vingt-deux heures – et ressens une boule au ventre à chaque fois que je viens travailler. Vous connaissez « Le diable s'habille en Prada » ? Et bien c'est l'équivalent masculin de Miranda Priestly et en chair et en os cette fois ! Mes amis me demandent souvent comment je fais pour supporter cet homme et surtout, pourquoi je ne démissionne pas. Et bien, la triste vérité c'est que c'est le premier « vrai » travail que j'ai trouvé en arrivant ici, à New-York, et que vu les galères que j'ai vécues avant de le trouver, j'ai très peur de retomber dedans ! Je ne veux plus me retrouver la faim au ventre ou dans l'angoisse de payer mes factures... Chaque journée est un défi : ce cher Haymitch adore me taquiner et comme je suis du genre à partir au quart de tour, j'ai tendance à entrer très rapidement dans son jeu. Pourtant, étrangement, je n'ai pas encore été renvoyée alors que je n'y vais pas avec le dos de la cuillère, j'ai le sentiment qu'il adore ça ! Je dois être un peu maso sur les bords quand même...

_ Vous ne pourrez partir que quand j'aurais eu le nom de l'heureux – si j'ose dire – élu !

Je me crispe, il ne va pas lâcher le morceau j'ai l'impression. Et, comble du bonheur, mon portable se met à sonner pile à ce moment-là pour m'indiquer que j'ai reçu un message. Je fronce les sourcils, le sourire de mon interlocuteur lui, s'élargit.

_ C'est lui ? Il paraît des plus impatients !

Je serre mon téléphone plus fort dans ma main.

_ Soit vous me donnez son nom trésor, soit vous passez la soirée ici avec moi à répondre au courrier !

Il adore m'affubler de ce genre de petits surnom : trésor, chérie... Je ne réagis plus, blasée.

_ Gale, je souffle.

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