I. Paradium

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Sam était allongé sur un canapé rouge flamboyant, encore endormi. La pièce dans laquelle il se trouvait n'avait rien de comparable avec ce qu'on pouvait trouver sur Terre. La décoration du lieu était extrêmement épurée. A part trois canapés, au centre de la pièce, disposés de manière à ce que chacune des personnes assises puissent parlementer aisément, aucun mobilier n'était présent. A vrai dire, la sobre décoration faisait d'autant plus ressortir la magnifique vue qu'il était possible d'admirer tout le long de la pièce, grâce aux immenses fenêtres qui partaient du sol pour se terminer jusqu'au plafond légèrement vouté. Ces larges ouvertures translucides donnaient à voir une ribambelle de tours, ponctuellement éclairées par les lumières des appartements habités, toutes plus hautes les unes que les autres.
Malgré la nuit, on pouvait deviner une vie grouillante au milieu des buildings, à plusieurs kilomètres du sol. Des véhicules slalomaient, pour s'éviter les uns les autres. Et au milieu de tout ce fouilli, d'énormes plateformes volantes se frayaient un chemin, avec à leur bord une kyrielle d'échoppes où des individus flannaient devant la diversité des produits proposés.

Toujours allongé sur l'un des moelleux sofas, Sam agita brièvement ses jambes, comme pour repousser quelque chose. C'est à ce moment là que la double porte de la pièce s'ouvrit. Chacune des portes automatiques rentra dans le mur pour laisser apparaitre une femme. Elle avoisinait sans aucun doute les deux mètres. Vétue d'une longue robe rouge qui trainait légèrement derrière elle, la femme s'approcha du sofa sur lequel était étendu Sam. Elle s'assit sur le canapé en face de lui, posa ses mains sur ses jambes et prit une longue inspiration, trahissant chez elle un inconfort notable.
Elle resta là longtemps, à l'observer, sans un bruit. Malgré leur différence d'âge, elle était tout de même en admiration devant lui. Il fallait dire que Sam dégageait un certain charme. Son visage fin était ébouriffé par des mèches de cheveux châtains, cachant partiellement ses yeux clos. Sans être excessivement musclé, on pouvait deviner sous ses habits qu'il était en parfaite forme. Même endormi, il émanait de lui une impression de bienveillance qui apaisa progressivement la femme qui l'observait toujours.
Concentrée à contempler le jeune homme, elle n'avait même pas entendu que quelqu'un d'autre était entré dans la pièce.

- Comment va-t-il?

L'immense femme sursauta.

- Par les bâtisseurs de Paradium, tu m'as fait peur, répondit-elle en se tournant vers l'homme qui venait de parler.

Vêtu d'une longue tunique bleu sombre qui faisait pendre une large capuche sur son dos, l'individu était légèrement moins grand qu'elle. Des cheveux noirs mi-longs caressaient légèrement ses joues. Tout aussi sombre que ses cheveux, sa barbe était parfaitement entretenue. Elle lui façonnait un visage relativement dur contrairement à la voix posée qu'il venait d'adopter à l'instant.

- Il s'en remettra, reprit la femme.

- C'est un miracle qu'il ait survécu, Naelle. La décharge qu'il a reçu aurait dû le tuer sur le coup. Le chasseur de tête qui a voulu le tuer était un expert, je peux te l'assurer, dit l'homme en serrant les dents.

Après avoir laisser quelques secondes de silence, comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose d'inavouable, il reprit :

- Il avait une maitrise de la matière similaire à la mienne. On était loin du vulgaire chasseur de tête qu'avait prédit le Vicomte. J'ai failli y laisser ma peau moi aussi.

- Tu t'en es sorti Sanael. Malheureusement ce n'est pas le cas de tout le monde, dit-t-elle d'un ton sec, afin de raisonner son interlocuteur. Que va-t-on lui dire à son réveil à propos de la fille qui était à coté de lui?

- Ne lui dit rien. J'ai déjà altéré sa mémoire pour qu'il ne se rappelle ni de ce moment, ni qu'elle ait jamais existé.

- Pardonne moi? Comment...

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