Chapitre 1 ~ Perfection

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 Le soleil se lève et mon réveil sonne. Il est 5h20 du matin, certes c'est tôt mais je suis habituée à me lever à une heure pareille. Chaque matin je répète l'identique et lassante routine ayant pour but de m'embellir, autrement dit je me maquille. Les heures que je passe dans ma salle de bain à me préparer ne sont pas réellement nécessaires, je pourrais même très bien m'en passer.

En effet je n'ai jamais eut de bouton ou la moindre imperfection sur ma peau, de surplus de poids et mes cheveux n'ont en aucun cas été un jour abîmés.

Je ne le nie pas, je suis très belle. Avec mes longs cheveux roux foncés ondulés, soyeux et sans le plus petit frisottis j'ai tendance à faire des jalouses. En revanche mes yeux sont noirs, on ne distingue même pas la pupille de l'iris ! C'est sans doute la seule chose que je n'apprécie pas chez moi et ce malgré les remarques de mon entourage attestant que ce détail ajoute un côté mystérieux à ma beauté. J'ai également une taille fine ainsi qu'une grandeur moyenne me donnant encore plus de charme.

On peut dire que je suis populaire c'est vrai après tout à l'école j'ai beaucoup d'amis. Enfin des amis, si je peux vraiment les qualifier ainsi. Ils me considère comme telle mais ce n'est pas mon cas, à mes yeux ils ne valent rien !

Je n'ai pas de meilleure amie, par choix, non par dépit, je ne vois pas l'intérêt de faire semblant d'être proche de quelqu'un à ce point. J'aime la solitude, le silence est mon seul véritable ami.

Vue de l'extérieur j'ai l'air souriante, accessible et ouverte. Pourtant en moi la haine est reine, elle me ronge, me rend sombre sans aucune raison. Si le contact social n'était pas en quelque sorte obligatoire je passerais mon temps fermée sur moi-même, me complaisant dans ma solitude. Mais malgré cette rancœur sourde qui me définit je reste attirante pour ceux qui me croisent et me côtoient.

En appliquant mon mascara allongeant et épaississant sur mes cils pourtant déjà longs et fournis je réfléchis. Ma vie se résume à ça, réfléchir en silence, ravalant mon inexplicable haine, puis sourire à mes semblables, discuter avec mes soi disant amis quand ils m'approchent dans cet objectif.

Ils n'ont pas la moindre incertitude quant à mes sentiments à leurs égard et sont persuadés que je les aime d'une façon ou d'une autre. Ils se trompent, la seule personne que j'apprécie est ma mère, et peut-être mon chat en y songeant bien. Le reste ne me préoccupe pas.

Justement quand on parle du loup, mon chat vient se frotter contre ma jambe, comme pour appuyer mes pensées. Même s'il n'a rien d'humain il fait partie des seuls êtres que je laisse approcher volontairement. Mes pseudo-amis me demandent régulièrement pourquoi je n'ai pas de petit copain car avec mon physique je pourrais bien avoir qui je veux. Je déteste cette question, et je déteste encore plus que l'on soit capable de percer ma carapace ou que l'on m'approche, voilà pourquoi je n'en ai pas et que par dessus tout je n'en veux pas !

Mon chat saute sur le lavabo me sortant de mes réflexions.

- Hey Dark, tu veux déjeuner ?

Mon animal s'appelle Dark, parce qu'il a une fourrure impeccable fourrure totalement noire, son corps étant tout fin il a tendance à se faufiler partout et à apparaître sans prévenir faisant souvent sursauter ma génitrice.

Je termine rapidement de me préparer et descends les escaliers avant de marcher jusqu'à la cuisine où je remplie la gamelle de mon adorable compagnon à quatre pattes.

D'ailleurs, il me fait penser que moi aussi j'ai faim. Je me sers un bol de céréales dans du lait puis je m'assois à la table. Je mange en silence et lorsque j'entends ma mère arriver je lève la tête en souriant. C'est bien la seule fois de la journée où je souris parce que je suis vraiment heureuse, et non par obligation envers mon entourage.

- Bonjour maman.

- Bon matin Lexie.

Je me remets à manger tandis que ma mère vaque à ses occupations. Lexie c'est mon prénom, ou non, plutôt mon diminutif en fait. Mon nom complet est Lexinelle Deviel, je le déteste. Tout le monde me connaît comme étant simplement Lexie Deviel, c'est mieux comme ça.

C'est ma mère qui a choisi mon prénom, mais je ne lui en veux pas, elle ne pouvait pas savoir que je ne l'apprécierais pas. Quand elle m'a eue elle vivait une période difficile. Mon père s'est enfui dès qu'il a su que ma mère était enceinte. Ils étaient pourtant amoureux, ils s'aimaient avec passion mais ça n'a visiblement pas suffit à le faire rester. Elle l'a cherché pendant un moment mais il avait totalement disparu de la circulation. J'ai quand même hérité de son nom de famille – allez savoir pourquoi -, et ma mère n'a jamais fréquenté personne d'autre. Je la soupçonne d'avoir encore de l'espoir quant au retour de mon géniteur. Même si au fond d'elle, ma mère sait que c'est impossible.


Je finis mon déjeuner et je réalise que je ne me suis pas habillée. Je me suis maquillée mais j'ai passé à la trappe l'étape habillage j'ai donc encore mon pyjama sur le dos. Je cours vers ma chambre, prends une robe au hasard dans ma penderie, des mitaines, des leggings et des bottes à talons, puis je les passe. La robe est noire, les leggings et les gants sont rouges et les bottes sont également noires. J'ai un style assez particulier, vaguement gothique mais en plus pétillant. En fait, c'est ma mère qui achète mes vêtements. Si ça ne tenait qu'à moi je porterais la même chose confortable tous les jours. Je n'aime pas exposer ma peau au regard des gens, moins j'en montre mieux je me porte. C'est étrange pour une adolescente de seize ans j'en ai conscience mais je préfère que mon corps reste un mystère pour les autres, tout comme ma véritable personnalité.

Le rouge ne va peut-être pas très bien avec mes cheveux roux mais je m'en fiche et de toute façon je n'ai plus le temps de me changer. Je prends mon sac et cours vers mon autobus qui vient de s'arrêter devant ma grande maison. J'entre à l'intérieur en faisant bien attention de ne pas glisser ou louper une marche avec mes talons hauts. Dès l'instant où j'entre des voix résonnent à mon intention mais je me contente de leur accorder un sourire et m'installe à côté d'une fille de mon cercle d'amis « proches ». Hailey. C'est une petite blonde aux yeux verts, enfin fausse blonde malgré ce qu'elle essaye de faire croire à tout le monde, elle est plutôt superficielle. Mais elle est quand même assez gentille et surtout naïve ce qui le rend largement plus accessible à mes yeux. Et puis, elle ne pose jamais de questions personnelles, elle se contente de me parler vêtements et maquillage, rien de bien folichon.

Arrivée à l'école je me dirige directement vers mon casier saluant mes connaissances au passage. J'ouvre mon casier et mets les cours de la matinée dans mon sac à dos, à savoir géographie et sciences.

En cours je n'ai pas vraiment besoin d'écouter, peu importe que je fasse attention ou non mes notes sont toujours bonnes. Ma mère dit que j'ai l'esprit vif, je ne vois pas trop ce qu'elle entend par là mais je la laisse dire du moment que je ne suis pas obligée d'écouter en classe. Mes amis, eux, préfèrent dire que je suis chanceuse, personnellement je n'en crois pas un mot, ce n'est pas de la chance je suis douée voilà tout !

Comme d'habitude une fois installée à ma place en cours de géographie je commence à réfléchir, m'absorbant dans mes pensées. Soudain je sens une tape sur mon épaule, je me retourne, curieuse, et lance un regard interrogateur à Hailey. Voyant son regard orienté vers le bureau du professeur je me tourne à nouveau, ignorant les rires étouffés de mes camarades je réalise qu'une question m'a été posée. Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il a bien pu me demander ni même du sujet du cours d'aujourd'hui. Pourtant, et contre toute attente, je prends la parole.

- Au Pérou monsieur.

Le professeur et les autres élèves me dévisagent de la surprise se lisant nettement sur leurs visages et dans leurs yeux pour les moins expressifs. La réponse m'est apparue, comme ça, venue de nulle part, c'est étrange mais ça ne m'inquiète pas plus que ça.

Après tout je suis vive d'esprit n'est-ce pas ?

DÉMONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant