Je retourne en salle pour servir les convives. L'homme n'est plus là. Il a disparu. Un instant je suis soulagée puis déçue. Qui est-il ?
Je erre dans la salle allant de gauche à droite subissant les demandes incessantes des invités sur la nourriture, les boissons. Je suis serveuse putain, pas critique culinaire.
Le tintement des coupes annonce un discours, l'auteur des œuvres un certain Erik Carter prend la parole.
- Je vais être bref. Je tiens à remercier toutes les personnes présentes ce soir. Plus particulièrement mes amis et ma famille...
Bla bla bla
Je n'écoute pas vraiment, je m'attarde à chercher cet inconnu. Quand quelqu'un interrompt ma rêverie.
- Je peux ?
Je lève les yeux et tend nerveusement un verre de champagne à celui que je dévisageais il y a encore quelques minutes.
- Merci, dit-il en me fixant.
- De ... de rien. Voilà je suis nerveuse maintenant.
Il sourit. Il a tellement d'assurance. Je ne suis pas de nature pudique mais ce type m'intimide.
- Je vous ai vue tout à l'heure, avant l'ouverture vous regardiez les photos.
- Vous...vous étiez là ?
- Oui.
- Ce n'est pas ce que vous croyez le service n'avait pas commencé alors...
- Rassurez-vous je suis pas votre patron et puis vous m'aviez l'air captivée.
- Oui ces photos sont superbes.
Les applaudissements interrompent notre conversation. Le discours se termine.
- Evan, hey Evan tu es venu alors tu en penses quoi ?
Erik Carter nous a rejoint. Je me décale pour le laisser se placer entre moi et mon bel inconnu qui n'en est plus un, Evan. Quel beau prénom !
- C'est génial mon pote, dit-il avec enthousiasme.
Je les observe amusée on dirait de vrai gamins ils se sourient et ce taquinent, m'ignorant.
Me sentant de trop je quitte la salle. En jetant un dernier coup d'œil derrière moi, j'essaye d'accrocher le regard d'Evan qui ne semble définitivement plus me prêter attention.
La soirée prend fin, je termine de ranger les quelques verres qui traînent sur les tables hautes de la salle. Après cette soirée et mon tour de vélo à Central Park je suis épuisée, Marcus nous donne congé à moi et aux autres.
Je retourne dans la salle pour profiter à nouveau de l'expo. Les photos sont vraiment magnifiques.
Je m'approche de la photo qu' Evan regardait quand je l'ai aperçu. Il s'agit de la photo en noir et blanc d'une femme elle doit avoir une cinquantaine d'année environ, j'imagine ce qu'elle doit ressentir face à l'objectif de l'artiste. Je pense qu'elle doit être blonde car je distingue des reflets dorés dans ces cheveux. Sa bouche est entrouverte, elle paraît si triste. Ses yeux sont humides. Elle me rappelle ma mère.
- Elle est magnifique vous ne trouvez pas ? dit Evan
- Oui. Elle l'est.
- Erik a du talent mais il oublie vite les bonnes manières. Excuse le pour tout à l'heure, il ne pensait pas nous avoir interrompu et puis vous êtes partie.
- Ce n'est rien, il ne m'avait probablement pas remarqué. Et puis j'avais du travail.
- Il est difficile de ne pas vous remarquer...
Quoi ?
- ...le champagne est sa deuxième passion, finit-il
- Ah oui !
Je ris nerveusement, j'ai vraiment l'air d'une débile.
- Alors aimez la photo ?
- Oui.
- Quel genre préférez-vous ?
- Les clichés de ce genre. Cette expo c'est tout ce que j'aime. Et vous ?
- Pareil. Souffle t-il.
Je le regarde un bref moment. J'ai beau avoir détourné les yeux je sens qu'il règne entre nous une tension, son regard est posé sur moi. Ca me perturbe j'imagine ses pensées, j'ai les mêmes ... Le gardien arrive pour nous annoncer la fermeture de la salle. Nous sortons par la porte de service je constate que Marcus a gentiment déposé mon vélo à côté de la benne à ordure. Quel crétin ! Bon d'accord il est vieux et usé mais j'y tiens. Je pose mes mains sur le guidon, Evan me suit.
- Vous rentrez en vélo ? me dit-il sur un ton interrogateur.
- Oui, je n'habite pas très loin d'ici.
- Ce n'est pas très prudent, il fait nuit et vous n'avez pas d'éclairage.
Merde il a raison.
- Vous allez dans quelle direction ?
Je lui indique.
- Je vais par là aussi. Je vais vous accompagner.
- Ce n'est pas la peine. Et puis je ne vous connais pas.
- J'insiste et rassurez-vous je ne vais pas vous sauter dessus ce n'est pas mon genre.
- Tant mieux parce que sinon je sors ma bombe lacrymogène.
Il éclate de rire. Visiblement il ne s'attendait pas à ça.
Je sens que je peux lui faire confiance, il a ce côté rassurant qu'ont les hommes de son envergure.
- Okay.
Nous arrivons rapidement en bas de ma résidence. Le trajet a été court mais silencieux.
- C'est ici.
- Bien, je me sentirai mieux en vous sachant en sécurité.
- Merci de m'avoir raccompagnée vous n'étiez pas obligé vous savez.
- J'aurai été désolé si vous aviez dû vous servir de votre lacrymo, blague t-il.
- Vous savez c'est un très bon moyen de défense.
- Je n'en doute pas.
- Bon je vais y aller.
- Oui attendez je ...
- Oui qui a t-il ?
- Je peux savoir comment vous vous appelez ?
- Lucie Layne.
- Et bien bonne nuit Lucie Layne, dit-il en tournant les talons.
Avant de refermer la porte derrière moi je jette un dernier coup d'œil, il hèle un taxi, se passe la main dans les cheveux. Il est aussi craquant de face comme de dos, il a les plus belles fesses du monde, non de l'univers, non de la galaxie. Et son sourire est ...Merde son sourire.
Il me regarde, je rougis et claque la porte.Quand je rentre chez moi ce soir là je suis encore excitée par cette rencontre. Je ne connais rien de lui pourtant son visage flotte dans mon esprit, il a un sourire à se damner et ses yeux verts sont troublants. Vais-je le revoir un jour ? Je me couche pensive en espérant le croiser de nouveau sur ma route.
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Columbia : L'amour au delà de l'interdit.
Roman pour AdolescentsElle est jeune, belle, dynamique. Lucie a vécu un drame mais elle va de l'avant et continue de croire au grand amour. Cependant elle ne s'attendait pas à lui. Pourquoi le seul homme qui trouve de l'intérêt à ces yeux est le seul qui lui est interdit...