Chapitre cinq: Sara Uliano

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Je suis dans un parc ensoleillé, assise sur un banc. Je suis en train de regarder Juliet se balancer au soleil, riant avec ses amies d'école. Des feuilles rouges, jaunes et vertes tombent du ciel et tapissent le sable. Je regarde ma montre. Il est bientôt six heures. Je fais signe à Juliet d'approcher:

-Il commence à se faire tard, ma belle, vient, on rentre chez toi.

Elle me secoue la tête, ce qui fait virevolter ses jolies boucles dorées et monte les marches d'une grande glissoire jaune à une vitesse surhumaine.

-S'il-te-plaît, Sara, juste cinq dernières minutes! Me supplie-t-elle en criant une fois rendue en haut.

-D'accord, mais pas plus!

-On pourra voir un film, rendues à la maison? Me demande-t-elle quelques minutes plus tard en enfilant ses baskets roses qui font de la lumière.

-Oui, oui...Lui dis-je en la prenant par la main.

-Barbie au royaume des fées? Me supplie-t-elle une fois relevée.

-Si tu veux!

Nous attendons que la lumière devienne verte, tout en parlant de sa journée. Puis, lorsque la lumière change de couleur, nous traversons la rue. Rendues au milieu de celle-ci, Juliet tombe par terre. 

-Aïe! Oh, Sara, je me suis fait mal au genou, regarde! Me dit-elle en pointant du doigt sa petite jambe.

-Pauvre petite, viens! Lui dis-je en lui ouvrant mes bras. Tu n'auras pas à marcher jusqu'à la maison, je vais te prendre sur mes épaules.

Juliet avance vers moi, mais juste avant qu'elle me touche, sa voiture rose miniature tombe de sa poche dans la rue et se met à rouler vers le centre de celle-là.. 

-Oh, non! S'exclame la petite en se mettant à courir vers son jouet. 

Elle l'attrape presque, mais au dernier moment, le jouet tombe dans une craque d'égouts. Et en même temps, la lumière devient jaune.

-Viens, Juliet!  Tu ne peux plus l'attraper, là! 

-Attend, je l'ai presque! Me répond-t-elle en s'accroupissant près de l'égout. 

-Non, Juliet, viens tout de suite! Lui dis-je en commençant à m'énerver.

Je n'ai pas le temps de la prendre dans mes bras qu'un camion roulant clairement au-dessus de la limite tourne au coin de la rue et l'écrase. Moi, qui n'était qu'à un mètre ou deux de l'enfant, regarde la scène, médusée, impuissante.


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Je me réveille couchée sur un sol inconnu, froid et humide. Après avoir cligné des yeux deux ou trois fois, je me lève péniblement et tente d'identifier le lieu dans lequel je me trouve. Je suis dans le sous-sol d'une maison que je ne reconnais pas. J'ai du m'y installer la nuit dernière, après avoir cherché un abri temporaire pendant des heures. Silencieusement, je monte  l'escalier qui mène à l'étage supérieur. Ses marches craquent sous mon poids. J'arrête un instant. Aucun son ne me parvient aux oreilles, ce qui signifie que la voie est sûrement libre. J'ouvre la porte en bois qui fait place à une vieille cuisine. Ses murs sont bleu pâle et ses armoires et meubles, blancs. La salle et dans un état bordélique et donne l'impression que ses propriétaires ont quitté les lieux a la hâte sans rien prendre avec eux. Les chaises sont toutes brisées, la table est renversée, les tiroirs tous ouverts et le frigidaire n'a plus de porte. Je me dirige vers ce qui semble être l'ancien garde-manger, et comme par miracle, je trouve une barre tendre cachée derrière l'un des sacs en plastique. Puis, une fois l'avoir terminée, je décide de fouiller la maison. Une étrange odeur y règne. Une odeur qui m'est familière: celle de la mort. Je me dirige vers les escaliers, tout en sortant mon flingue de ma poche de pantalon. On n'est jamais assez prudent! Rendue au deuxième étage, un corridor s'offre à moi. Ses murs dénudés semblent avoir autrefois été couverts de tableaux. Son plancher est couvert de boites en carton, de feuilles de papier, de meubles brisés et de morceaux de vitre. Deux fenêtres ouvertes l'éclairent, faisant virevolter des rideaux écarlates tous déchirés. J'avance vers une porte ouverte, au fond de celui-ci, et y entre. L'odeur vient d'ici. Il s'agit d'une ancienne chambre. Le chandelier qui pendait au plafond est tombé au sol, ce qui a fait un trou béant dans le plafond. Un lit défait et couvert de sang est près du fond de la chambre, et une longue traînée rouge le relie à un garde-robe. Après avoir inspecté le reste la pièce, je brandis mon arme devant moi pour me protéger, et d'un coup sec, j'ouvre la porte du garde-robe. À l'intérieur de celui-ci se trouvent deux corps en décomposition. Celui d'une femme et celui d'un homme qui se tiennent par la main. Je décide de les laisser reposer en paix et referme la porte. Ensuite, je quitte la pièce et me retrouve à nouveau dans le corridor. J'entre dans la deuxième pièce. C'est une chambre d'enfant. Les murs devaient être roses auparavant. Maintenant, ils sont couverts de poussière et de tags. Le lit est complètement brisé, et le tapis mauve est couvert de crayons de bois cassés. Sur le mur de droite, il est écrit qu'une certaine dette a été payée. J'expire bruyamment, perplexe, et retourne au sous-sol. Où est l'enfant? Sait-elle que ses parents sont morts? Ou s'est-elle enfuie lorsqu'elle l'a appris? Peu importe, je n'ai rien trouvé d'important dans cette maison. Je ne peux rester ici. En quittant la maison, j'entend soudainement des aboiements, suivis de voix graves. Sans hésiter, je contourne le bâtiment et me retrouve dans la cour. Je regarde autour de moi, paniquée, et décide de me cacher dans le garage. Rendue sous la voiture des anciens propriétaires de la demeure, je serre mon arme contre mon cœur et espère ne pas avoir à m'en servir aujourd'hui. Une trentaine de secondes plus tard, j'entend les voix s'approcher. Les aboiements, quant à eux, s'éloignent. Je crois qu'ils ont senti les deux corps dans la maison.

(À suivre...)

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