Le Jeu

Chapitre 28

Après avoir fini leur petit déjeuné, Orlando rejoignit les joueurs pour leur annoncer une sortie en ville. Il demanda à Kerry de lui montrer son dos, et, malgré les nombreuses cicatrices encore rouges, il jugea quelle pouvait les accompagner.

Ils partirent donc tous les quatre dans les rues encore vides et fraîches de la nuit.

Orlando leur raconta quelques points historiques de la ville et les emmena dans des rues dont ils n'auraient jamais soupconné l'existance. Il les fit ensuite marcher vers le château, mais au dernier moment, ils le contournèrent.
Ils découvrirent alors un minuscule escalier taillé dans le roc de la montagne. Les yeux grands ouverts, Kerry monta à la suite d'Orlando.

- Peu de gens connaissent cet endroit, précisa celui-ci après environ une petite demie heure de montée en s'arrêtant enfin dans un recoin de la montagne, c'est un gros privilège qui vous est offert là.

Ils s'assirent côte à côte, observant la merveilleuse vue qui s'offrait à eux. Juste en dessous d'eux, le château semblait désormais inférieur, Kerry se sentait presque libre. Même l'arène lui semblait inférieure désormais, alors que chaque jour celle-ci lui faisait office de cachot pour le Jeu.

La ville des riches s'étendait à leurs pieds, à présent animée de marchés dans de nombreuses rues. Plus loin, en dehors des grandes murailles et des grandes portes, leur village, leurs champs, le village des pauvres leur souriait de loin. Et enfin, tout au fond, la grande forêt qui s'étendait à perte de vue.

Kerry regarda ses compagnons et les surpris tous en train de sourire. Même leur guide. Il tourna la tête vers elle et agrandit son sourire.

- Belle vue n'est ce pas ?

- C'est magnifique.

Elle regarda une nouvelle fois ce paysage en contrebas puis demanda.

- Pourquoi le roi nous autorise à voir ça ? Il nous déteste pourtant.

Le visage d'Orlando perdit son sourire.

- Il ne vous déteste pas, il marqua une pose, il occupe simplement des fonctions qui l'obligent à... faire des choses.

- Et qui est cette Daya au fait, pourquoi Armène est partie ?

Orlando soupira longuement.

- Tu pose trop questions, on te l'a déjà dit ?

- Jamais, mais...

- On y retourne, coupa Orlando.

Il se leva et ordonna aux trois autres d'en faire autant. Ces derniers fusillèrent leur compagne du regard. Elle leur adressa un simple hochement d'épaules, de toute façon, pensa-t-elle, on serait vite reparti quand même.

Ils redescendirent en silence, et une fois en bas, les trois derniers joueurs apprirent qu'ils allaient à présent aller au marché.

Ils passèrent dans les rues désormais bondées. Le soleil s'était bien levé et était magnifique et chaud.

Leur guide leur offrit le repas du midi et ils continuèrent leur ballade en ville.

Cette fois-ci, ils ne s'attardèrent pas dans les quartiers des marchés comme l'autre fois, au grand étonnement de Kerry.

Ils cheminèrent ensuite jusqu'à arriver devant la grande porte, et bifurquèrent sur les rues adjacentes. Contrairement à plus haut, et à la grande surprise des jeunes, ils s'aperçurent que la pauvreté et l'ascociabilité était bien plus grande ici.

Certains enfants s'enfuyaient en les voyant arriver, et les mères s'empressaient de ranger le linge qu'elles s'apprêtaient à étendre. Kerry fronça les sourcils devant ce manque l'amabilité de leur part, et allait demander des informations à leur sujet à Orlando, mais celui-ci la prit de vitesse.

- Ils ne sont pas habitués à la visite, et depuis que le roi leur a pris la moitié de leurs biens le mois dernier, ces gens se méfient des officiers comme moi.

- Pourquoi a-t-il fait ça ?

Orlando soupira.

- Kerry, je parle, tes questions, tu les garde s'il te plais.

Elle le fusilla du regard.

- En quoi c'est mal, de toute façon je vais mourir dans peu de temps !

Orlando l'ignora et continua son chemin.

Logan incita d'un regard appuyé à Kerry de se taire, ce qu'elle fit non sans se mordre les lèvres, et ils reprirent la suite d'Orlando.

Ils arrivèrent alors à ce qui ressemblait à une placette aménagée par les petits habitants de la ville. Une fontaine trônait au centre, tandis que quelques femmes remplissaient leurs sceaux de cette eau.

- Comme vous pouvez le voir, commença Orlando, la pauvreté est partout, il y a simplement différents genres et niveaux de pauvreté. Cela peut être à cause de l'argent, mais pas que.

Kerry eut le temps de croiser le regard appuyé et dédaigneux d'une jeune femme avant qu'elle ne s'enfuit en courant. Kerry ressentit un frisson désagréable dans son dos mais ne fit aucune remarque.

Lorsque le soleil commença à décliner, Orlando ramena les joueurs à l'arène, les abandonnant à l'entrée.

Ceux ci marchèrent côte à côte jusqu'à la salle commune, où Daya préparait déjà le repas, accompagnée de son petit sourire satisfait.