Vulnérabilité [PAUSE]

4. Un nouvel ennemi

Nous avions à présent repris les cours depuis un peu plus de trois semaines. J'apprenais à connaître petit à petit chacun des amis de Christina et je dois reconnaître que je m'entendais beaucoup mieux avec elle et Lina  qu'avec toutes les autres filles même si elles étaient, pour la plupart, très gentilles. En revanche, je m'entendais très bien avec Raphaël et Nathan qui m'avaient tout de suite adoptée comme des frères.

Les jours étaient passés rapidement et une sorte de routine commençait à s'installer: le matin, je me levais tant bien que mal lorsque mon réveil sonnais, je me préparais rapidement dans la salle de bain puis allais déjeuner avec Ryan. Nous partions ensuite en cours ensemble et rejoignions notre nouvelle petite bande d'amis. La journée passait, plus ou moins rapidement et deux à trois fois par semaine j'allais travailler au restaurant. Le week-end, je me reposais, faisais mes devoirs et travaillais au restaurant tandis que Ryan sortait souvent avec ses amis au club de boxe ou traîner dans le centre-ville. Ils étaient d'ailleurs venus deux ou trois fois me rendre visite en compagnie des filles.

Je n'avais plus été confrontée à Ethan depuis sa bagarre avec Ryan, même si je le voyais régulièrement en cours et dans les couloirs, je me tenais à distance. Mais ce jour-là, alors que je sortais tranquillement de la classe après un cours de maths (auquel je n'avais rien compris et qui m'avais assommée), une masse humaine déboula de je ne sais où. Je ne le vis qu'au dernier moment et ne pus donc pas empêcher la collision de se produire. Il me fonça brutalement dedans, et me fis, d'ailleurs, assez mal. Je commençais donc à réprimander vertement la personne sans réellement regarder au préalable qui c'était. Au bout d'un certain temps, je me rendis compte que la personne qui se tenait devant moi était Ethan. Je me stoppai alors net dans mes réprimandations et reculai vivement. Il me regardait d'un air de tueur et je sentis les ennuis arriver. Au bout d'un moment passé à me dévisager, il se mit à me parler lentement sur un ton agressif qu'il utilisait parfois pour insulter les professeurs

"- D'où oses-tu me parler comme ca espèce de traînée ? Sous prétexte que tu traines avec cette Christina et ses amis tu te crois tout permis ? T'es nouvelle je te rappelle et personne ne me parle comme ca et surtout pas une pauvre fille comme toi alors retourne pleurer dans les jupes de ta mère et ne t'avises plus jamais de venir m'emmerder espèce de bouffonne."

Je m'en allai en courant, les joues cramoisies et retenant à grand peine mes larmes. Lorsque j'eus enfin rejoins mes amis, ils me demandèrent immédiatement ce qu'il s'était passé. Je leur expliquai rapidement ce qu'il venait de se passer. Au fur et à mesure de mon récit, je vis Ryan et Nathan serrer de plus en plus les poings et leurs visages se fermer. Lorsque j'eus fini de leur raconter, ils étaient tous les deux très énervés tandis que les autres avaient des expressions tantôt horrifiées tantôt de pitié.

Ryan me demanda si je voulais qu'il aille le tabasser et Nathan lui proposa immédiatement son aide. Je leur répondis en souriant faiblement que la violence ne résoudrait rien, qu'il ne fallait pas s'abaisser à son niveau et que je ne voulais pas qu'ils se fassent blesser par Ethan pour moi. Ils me répondirent qu'ils n'avaient pas peur de lui, et que de toute façon, à deux contre lui ils ne risquaient rien. Ils continuèrent à argumenter ainsi pendant un moment mais finirent tout de même par se ranger à mon avis.

Je savais qu'ils tenaient tout les deux beaucoup à moi, qu'ils ne voulaient que mon bien et que cet imbécile d'Ethan ne vienne plus m'humilier, mais, étrangement, je ne voulais pas non plus qu'Ethan soit blessé. Et, pour moi, il n'était qu'un jeune homme qui avait du mal à contrôler sa violence et avait peut-être des problèmes familiaux, ce qui aurait pu expliquer certaines choses.

Après cet incident, la routine qui s'était installée repris. Il n'y eu aucun évènement notable pendant environ une semaine. Après cette semaine de tranquillité je recroisai le chemin du ténébreux jeune homme, qui m'humilia encore une fois comme si je n'étais qu'une vulgaire mouche gênante qu'il fallait pulvériser a tout prix. J'eus, cette fois, plus de mal à retenir mes amis car ils avaient vus une partie de la scène et étaient révoltés à l'idée que quelqu'un ose me parler ainsi. La nuit suivante, j'en fis un cauchemar et me réveillai en hurlant alors que Ryan accourait, alerté par mes cris. Je ne voulus pas lui expliquer de peur qu'il ne s'énerve encore davantage, mais je vis dans son regard qu'il avait compris. Il s'allongea alors à mes côtés et me serra contre lui jusqu'à ce que je me rendorme. Le lendemain matin, je le retrouvais dans la cuisine, en train de me préparer un petit-déjeuner succulent.