La bibliothèque était ma seconde maison. Ou plutôt le seul endroit où je me sentais vraiment chez moi.
Haruki Murakami, Kafka sur le rivage.
« Il y a longtemps que je sais lire.
Du plus loin qu'il m'en souvienne, les mots m'accompagnent. Au début, je lisais comme tout le monde. Des romans pour vivre des aventures. Je m'identifiais ou me perdais dans les personnages.
Puis, je me suis lassée des histoires qui se ressemblent. J'ai plongé différemment dans les œuvres, surtout les classiques, donnant un sens à leur écriture. Je les déchiffrais en me posant toujours cette même question : pourquoi ce livre et pourquoi l'écrire maintenant ? Alors je lisais l'histoire hors champ, celle qui n'est pas dans les pages, mais dans le contexte de la création... J'ai compris ainsi le pouvoir des mots au-delà du temps. L'époque qui fait d'une œuvre un chef d'œuvre, notre histoire de la littérature. »
Extrait de « La jeune femme qui n'aimait pas choisir. »
Cela peut paraître un peu pompeux de citer son propre roman, mais je crois que ce passage introduit parfaitement mon propos et surtout mon rapport à la lecture. En outre, je serais bien incapable de le formuler autrement et puisqu'il est déjà tout prêt et que j'aurais tout de même pas mal de lignes à pondre, si certaines sont déjà écrites, ça fait toujours ça comme travail en moins.
Nous plongeons dans l'écrit en passant par les mots des autres. Personne ne se dit ou ne se rêve « écrivain » sans avoir ouvert le moindre livre. Nous tombons dans l'écrit en apprenant à lire, nous tombons dans le besoin de lire avant le besoin d'écrire. Ce qui nous fera franchir la barrière entre celui qui reçoit les mots et celui qui les offre restera un petit mystère propre à chacun.
Je crois que ce qui fait de moi l'auteur que je suis n'est dans aucun manuel. Ce n'est pas faute d'en avoir lu au début, je ne m'y suis que rarement reconnue, ou alors sur un paragraphe, un moment, vite effacé. Si jamais ça vous intéresse, je crois que ce qui m'a construite en tant qu'auteur, au-delà de ma propre vie bien sûr et qui ne sera jamais celle des autres, c'est cette histoire commune, nourrie de milliers d'autres : celle de notre littérature. Cette histoire qui a façonné notre langage et nos mots, je vous la livre ici telle que moi, je l'ai digérée, telle que je l'ai intégrée dans mes écrits. C'est en elle que j'ai puisé mon propre langage, que j'ai acquis mes « principes » et surtout ma capacité à les envoyer valser.
Je vous la livre aussi en espérant ne pas vous y perdre ou vous y endormir, car je la trouve passionnante et riche de sens ; car je suis intimement convaincue que c'est en elle, plus qu'ailleurs, que se trouve la clé de nos mots.
Bon voyage.
K.
PS : Ça, c'était la minute où je me prenais au sérieux, bref le passage chiant. Pour la suite, on se détend, on enlève ses pompes et on retient que cette histoire de Littérature française est sans prétention (oui, je sais, ça sent l'oxymore à plein nez) et que le but est de voyager dans le temps à travers les mots.
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La Bibliothèque de K. (Petite histoire amoureuse de la littérature française)
RandomParce qu'il est bon parfois de replonger dans les mots des autres.