Chapitre 3

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- Paul, attends moi ! criais-je en le suivant.

À l'entente de mes mots, il se retourna stupéfait. Il me regarda de haut en bas d'un air supérieur que je n'appréciais pas du tout.

- Que veux-tu ? cracha-t-il toujours en colère.
- Juste te parler, murmurai-je doucement encore choquée par son attitude.
- Pas moi.

Froid. Cruel. Dédaigneux.

Cet homme qui se tenait devant moi ne pouvait pas être Paul. Cela ne lui ressemblait pas, il était tout l'inverse de cette personne.

Doux. Aimable. Bienveillant.

Paul était la gentillance même. Il ne ferait jamais de mal à une mouche !

- Pour... pourquoi ? bégayai-je.
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi tu es comme ça ? Tu n'es pas comme ça d'habitude ... Je ne te reconnais plus Paul, avouai-je les larmes aux yeux. Cela fait maintenant quelques jours que tu es différent, et là ce matin, tu nous as ignoré... Pourquoi ? Dis-le moi ... je t'en supplie, dis le moi...

Il me prit instantanément dans ces bras, j'en profitais pour nicher ma tête dans le creux de son épaule. Comme à son habitude, il embaumait légèrement la vanille. Des larmes coulaient le long de mes joues, je craquais. Rare était les moments où j'étais dans un tel état mais le voir ainsi méchant m'anéantissais. Diana et lui étaient les pilliers majeurs de ma vie. Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans eux. Bien sur que j'aimais ma tante malgré son comportement bipolaire. Bien sur que je lui en suis reconnaissante de m'avoir prise sous son aile m'évitant l'orphelinat. Mais comparée à mes deux meilleurs amis, Emilia n'était pas un pillier majeur de ma vie.

- Je suis désolé petit pissenlit, chuchota-t-il contre mon oreille.

Je souriais face à son surnom. Il savait que j'en avais horreur mais il continuait exprès pour me provoquer. Pour lui, j'étais son "petit pissenlit" car si il me laissait seule le temps de quelques instants je risquais de m'envoler. Il prétendait que j'étais aussi fragile que cette fleur. Au fond de mon cœur, je savais qu'il avait raison. J'étais fragile par sa faute. Il m'a rendu ainsi.

Il recula et prit mon visage entre ses deux mains.

- Ne pleure pas, je suis vraiment désolé... Je ne voulais pas te blesser, je te promet mais... Je ne sais pas comment expliquer...
- Avec des mots ? proposai-je en esquissant un sourire.
- Je te préfère comme ça Scarlett. Un beau sourire c'est tout ce que je veux voir sur ton visage...

J'essuyais mes larmes et plantais mes yeux dans les siens en attendant qu'il explique ces actes. Il secoua la tête confus et commençait son monologue.

- La semaine dernière, je mangeais avec William et il m'a dit certaines choses. Il trouvait que Diana et toi me mettiez souvent de côté seulement je ne me rendais compte de rien. Il trouvait .. que je n'étais qu'un ami de remplacement pour vous deux et ça m'a rendu fou. Tu sais que je déteste être considéré comme un ami de remplacement. Et encore plus à vos yeux, car Diana et toi vous êtes comme des sœurs pour moi. Alors j'ai laissé les jours passés en étant spectateur de notre amitié, et je me suis rendu compte qu'il avait raison. Vous êtes toujours vous deux ensembles et moi derrière. Puis ce matin, Cassandra est venue me parler pour me demander ce qui n'allait pas. Elle se rendait compte de mon mal-être mais mes deux amies les plus proches non ! Alors j'ai préféré prendre de la distance le temps que ça aille mieux...
- Pardon... Nous nous rendions pas compte... C'est involontaire...
- Oui, souffla-t-il. Je m'en doute bien que ce n'était pas voulu, vous n'êtes pas méchantes.
- Diana est méchante, pas moi, pouffai-je.

LiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant