Sure?

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Allongée sur mes draps blancs salis par des larmes et quelques perles de sang. Je fixe longuement le plafond. Si il y avait pas ce foutu plafond je pourrais voir le ciel étoilé...

Je sens une vibration venant de mon téléphone posé sur mon ventre.

J'essuie mes mains puis mes poignets. Et attrape l'appareil.

La lumière venant de l'écran m'aveugle. Je baisse là luminosité.

Ma conversation avec Agate s'affiche alors.

[Moi:
:) ]

[A:
:)? ]

[Moi:
:).]

[A:
Qu'est ce qui va pas?]

[Moi:
La fatigue je pense, et aussi un peu envie de vomir je crois]

[Moi:
Je reviens je vais prendre un truc sucré]

[Moi:
Re]

[A:
Ça va mieux?]

[Moi:
Oui t'inquiètes ☺️]

[A:
Sure?]

J'hésite à lui répondre.

Mes mains appuis d'elle même sur les 5 touches.

[Moi:
Sure 😊]

Aussitôt je désactive mes notifications et fourre mon téléphone dans mon sac à dos. J'enfile une veste et ouvre la fenêtre.

Je saute par cette dernière et sors mes écouteurs ainsi que mon portable.

La chanson Human retentit alors dans mes oreilles alors que je marche sur les routes désertes menants vers la plage en pleine nuit.

Je suis assise sur les galets blancs contemplant l'océan qui se projette devant mes yeux émerveillés.

J'aime venir ici. Ça me calme.

Je me lève attrapant un galet au passage puis le jette dans la mer.

Je ne sais pas faire de ricochets mais j'aime le bruit de l'eau quand la pierre la transperce.

Je dérive le regard vers le sol mais...

Mes yeux dérivent alors vers mes poignets et mes cuisses meurtris.

Je décide de marcher des heures durant pendant la nuit. Je suis en vacances et mes parents ne sont pas à la maison donc ils ne peuvent pas me reprendre sur mes activités nocturnes...

Je suis à présent dans le parc de mon village.

Mon sac glisse de mes bras et s'écrase contre le sol. Mon corps fait de même.

L'herbe humide vient rafraîchir ma peau brûlante.

Une larme s'échappe de mon œil droit.

Je reprends mon téléphone et hésité pendant une heure avant d'appuyer sur la touche envoyer.

Finalement je le fais...

[Moi:
Non ça ne va pas... 😔]

Les larmes me viennent d'elles même sur les joues.

Mon téléphone me glisse des mains et tombe dans l'herbe humide.

Les pointes de mes cheveux abimés touchent le sol, tant pis. Je m'allonge regardant le ciel étoilé dénué de nuages.

Je pose mes mains contre l'herbe et ferme les yeux. Ma respiration se fait de plus en plus lente. J'aime le fait de respirer l'air froid de la nuit, j'aime que ma poitrine monte et redescende à ce rythme régulier. Et pourquoi j'aime ça? Parce que ça me prouve que je suis en vie.

Ça me force à vivre chaque jours comme si c'était le dernier.

Et je compte bien vivre celui ci comme mon dernier.

J'active la musique de mon téléphone au maximum dans l'air froid de la nuit et le refrain de "we are the world" retentit dans ce silence assourdissant.

Une larme coule le long de mon visage puis de ma tempe afin de rejoindre le sol froid.

-We are the world, we are the children. We are no ones to make a brighter day. So let's start giving. There's a choice we're making. We're saving our own lives. It's true we make a better day. Just you and me.

La signification de ces quelques phrases me trottent dans l'esprit.

Un besoin me prend sans crier gare. Cinq mots.

Je retire la pince me retenant les cheveux et prends la minuscule lame dissimuler dans le ressort.

Je grave alors les yeux fermés en faisant couler abondamment ces cinq mots.

Sorry, I am free now.

Une de mes artères est ouverte. Il ne me reste que quelques minutes.

J'active difficilement le dictaphone de mon portable et commence à parler.

-Salut... Je sais pas trop pourquoi je fais ça... A la base je voulais écrire une lettre mais j'ai plus tellement le temps. Agate, je suis désolée de ne jamais t'avoir parler de tout ce que ressentais, tout ce que je vivais. Si je t'en avais parler, tu m'aurais aider. Faut que j'arrête.. On referait toute l'histoire avec des "si". Tu sais quoi? Même allongée dans cette herbe que je n'ai jamais aimé, je n'ai pas peur. Pas peur de la mort. Car je peux voir tout ce que j'aime. L'infinité du ciel sombre. Sombre, mais des lueurs d'espoirs appelées "étoiles" illuminent cette noirceur. Dans certainement quelques minutes, et peut être secondes je rejoindrais le ciel. Et j'en suis heureuse. Oui, pour la première fois depuis tellement longtemps je suis heure...

Je ne peux terminer que je me sens partir. J'aurais voulu pouvoir lui souffler un adieu.

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