Chapitre 6

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De retour à la maison, je me posai sur le canapé. J’étais légèrement énervée mais surtout très désorientée. C’était la première fois que ça me faisait ça et croyez-moi, je n’arrêtais pas d’y penser… J’avais envie de gueuler ce fameux « OH MERDE !! ».

En sortant de la pièce, je me rappelais encore de la façon dont Kevin me regardait…                        Quelle affreuse sensation… Mais bon, je ne m’en fais pas, d’ici demain il aura déjà tout oublié. Une amie a le pouvoir de rendre les gens amnésiques, dommage qu’elle ne soit pas là. Cependant, si ça continue comme ça, il va falloir que je disparaisse. Et si Anastasia avait raison ? Et si je ne pouvais plus vivre comme cela, parmi les humains ? Si je ne pouvais plus conserver ma véritable nature ?

Mais non, je délire. J’en suis parfaitement capable, je le sais. Et il est trop tard pour renoncer à ce travail, ce serait trop bizarre pour mon patron, pour Syrielle et pour Kevin qui ont déjà eu l’occasion de me voir et de me parler. 

Tout en dégustant mon copieux repas trouvé aux alentours de 19h30, je refaisais, encore une fois, le point sur ma journée:

Syrielle a déjà remarqué que j’avais une peau blanchâtre, semblable à un cadavre et a cru que j’avais des problèmes dus au soleil ; je me souviens lui avoir dit que j’y étais allergique et elle n’a pas voulu en savoir plus. Jusque-là, je ne pense pas être en danger.                                                                                         Le problème des yeux avec Kevin est quand même un peu plus grave. Mes yeux changent de couleur selon mon humeur. Naturellement bleus très clairs limite transparents, ils deviennent marrons lorsque je me sens menacée et lorsque les odeurs de nourriture montent. Je pense m’être évanouie avant qu’ils deviennent rouges, ce qui veut dire que je serais aussitôt passée à l’action : en moins d’une minute, j’aurais tué tous ces pauvres gens. En fin de compte, ils changent vraiment selon mon humeur. Sereine, calme et parfaitement joyeuse : bleus. Ce qui n’était pas le cas quand je suis arrivée dans l’espèce de cantine tantôt. J’arrive tout de même à me contrôler, mais cela faisait un bout de temps que je ne m’étais pas retrouvée parmi une vingtaine de personnes, dans une même pièce.

Le téléphone sonna. Ah mince, c’est Franck. Il a dû être au courant de l’incident de cette après-midi.

« _ Allô ?

_ J’espère que tu vas mieux Ludmila ! Je me suis fait du souci toute à l’heure, quand j’ai appris ce qu’il t’étais arrivé. 

_ Merci beaucoup, je vais mieux.

_ Es-tu émotive à ce point-là devant autant de monde ?

_ Excusez-moi, je n’ai pas beaucoup mangé ce matin, ça doit être ça.

_ Oui mais tu es quand même restée 5 heures dans les pommes… Tu es sûre que tu n’as pas besoin d’aller voir un médecin ou carrément aller à l’hôpital pour un examen ? 

_ Non non, je vous remercie. Je vais bien.

_ Bien. Tu sais, y’en a une qui s’est inquiétée.

_ Ah oui ?

_ Syrielle a bien pris soin de toi tout le temps que tu étais endormie. Je me demande ce que tu lui as fait à cette gamine pour qu’elle t’aime autant en si peu de temps. Tu ne me l’a quand même pas ensorcelée ?, dit-il en rigolant.

_ Non je ne pense pas mais c’est gentil à elle, vous pourrez encore la remercier de ma part.

_ Ce sera fait. Je te laisse te reposer.

_ En 5 heures, je pense que j’ai eu ma dose !

_ Tu m’étonnes ! Bonne soirée Ludmila, à Lundi.

_ Vous de même Monsieur. »

Nous raccrochâmes.

Je pense que tout va bien, je n’ai pas besoin de m’inquiéter davantage.

Le reste de la semaine passa à grande vitesse. Nous sommes Lundi, il est 7h00. Le boss entra en premier et salua les deux premières personnes levées, Laurence Oltuski et Syrielle Mejias.

"_Bonjour! Bien dormi?

_Comme un charme !, fis Laurence en lui faisant la bise.

_Bah pas moi, il a fait chaud. Le temps est vraiment pourri !

_T’en a pas marre de te plaindre toi ? dit Franck en lui donnant une petite tape sur l'épaule. Mauvaise idée dès le matin...

_Comment va la petite ? Elle s’est bien reposée j’espère, parce qu’elle va avoir du pain sur la planche.

_Je ne me fais pas de soucis pour elle. Elle arrivera à 8h00 normalement. 

_C’est elle qui nous fait le petit déjeuner ? Parce que je suis affamée !, s'exclama-t-elle.

_J’espère bien, il ne lui reste que 5 secondes avant d’arriver en retard", ajouta Franck en plaisantant. 

Il ne cru pas si bien dire. Il eut pile le temps de faire un décompte jusqu’à 8h00 tapantes que j’entrai dans la grande cantine toute souriante. Je pense que le mot exact pour les décrire à ce moment-là, c’est « ahuris »

Tous étonnés, ils me fixaient avec de grands yeux. Ah bah non mais moi, on me dit d’être ponctuelle, alors je le suis !

"_Si vous m’avez dit d’être ponctuelle patron, il ne faut pas me dévisager comme ça !

_Eh bien, je dois dire que si tout le monde ici était comme toi, certaines choses ici seraient déjà finies depuis un bail. Mais je ne peux que te féliciter.

_Bonjour Ludmila ! Pourrais-tu nous préparer quelque chose ? J’ai très faim ce matin. Et Syrielle aussi d’ailleurs, dit-elle en lui faisant un clin d’œil moqueur.

_Pas de soucis. Je pense que pour la demoiselle ce sera des crêpes et un bon chocolat chaud.

_Comment tu sais ?! C’est ce que je prends tous les matins!, s’exclame-t-elle en faisant un sourire jusqu’aux oreilles.

_Intuition féminine ma grande. Quant à vous Laurence, je parie sur un bon petit déjeuner à l’anglaise. Œufs au plats avec quelques tranches de lard et un verre de jus de fruit, si je ne m’abuse.

_Tu m’épates vraiment Ludmila! Mais je ne veux pas te surcharger de cuisine dès 8h00 du matin.

_Je suis employée pour ça entre autre je vous rappelle. Un café pour vous patron ?

_Avec plaisir. Mais je veux bien quelques crêpes aussi tant que tu y es.

Arrivant derrière mes fourneaux, je posai mon sac sur une chaise non loin de moi, et je m’attachai les cheveux avant de commencer à cuisiner. Quelques instants après, plusieurs autres acteurs arrivèrent et s’installèrent aux côtés des trois premiers.                                                                                                     Il y avait deux gars assez jeunes, de mon âge je dirai, 3-4 hommes d’à peu près la trentaine ou quarantaine et deux dames assez âgées.

Peu importe, je continuai de préparer le petit déjeuner selon les goûts de chacun.

Je remarquai quand même qu’il en manquait un, le fameux Kev’ Adams.

Humains, pourquoi êtes-vous si attirants? (avec Kev' Adams)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant