C'était aujourd'hui.
Son anniversaire.Il avait 20 ans aujourd'hui.
C'était en cette même date qu'il avait planté pour la première fois la lame du long couteau dans le gâteau.
La première fois qu'il avait déchiré la chaire souple de ce dessert. La première fois qu'il avait vu le long coulis framboise en sortir.
Aujourd'hui, il fêtait son anniversaire. Celui des premières fois.
Il y avait longuement réfléchi, personne n'aimait ce gâteau aux framboises alors pourquoi ne pas le déchiqueter encore plus ?
Alors encore une fois il répétait inlassablement ces gestes. Il tranchait, déchirait, plantait. Et la même suite de mouvement se répétait toute la journée devenant finalement routine.
Son sourire s'agrandit en voyant tout le coulis rouge sang tomber au sol. Ses yeux étant tout aussi rouges.
La vue de ce gâteau en milliers de morceaux lui était familière, elle lui procurait une sensation immense de bonheur.
Il rigolait sadiquement, la folie prenant le dessus peu à peu.
Trancher, déchirer, planter.
Pourquoi un tel acharnement ? Pourquoi avait-il ce besoin de déchiqueter la chaire ? Pourquoi infliger cela à ce pauvre gâteau ?
Il n'avait pas la réponse. Tout simplement parce que la vérité était beaucoup trop dure à entendre, plus qu'elle ne l'était au quotidien.Alors en ce jour de fête, ce jour où sa famille se réjouissait de sa majorité, ce jour où sa mère dévoilait à tout les invités qu'elles étaient ses intentions futures, en ce jour si particulier pour tous, il voulait s'amuser aussi.
S'amuser comme s'il n'y avait pas de lendemain.
Il avait fermé la porte à clé, de sorte que personne ne puisse le voir s'agiter. Et heureusement d'ailleurs. Parce que quiconque l'aurait vu maintenant aurait eu peur. Parce qu'il n'était pas ce genre de personne.
Il était calme, sérieux, studieux et sans histoires. Pas le genre d'adolescent stupide qui ferait ce genre de choses. D'ailleurs il ne voulait pas leur ressembler, à tout ces adolescents stupide. Il voulait se démarquer, être lui-même sans pour autant partir du droit chemin.
Il ne voulait pas quitter le calme apaisant de la maison lumineuse qui l'accueillait tout les jours depuis sa naissance pour se retrouver dans le monde froid et obscur du dehors. L'étranger lui faisait face chaque fois qu'il prenait le chemin de l'école poussant son amour pour la lumière douce et apaisante de son enfance loin de ses anciens idéaux.
L'extérieur l'avait changé, et il était le seul à s'en rendre compte.
C'était pour cela qu'il se retrouvait maintenant assis sur ses genoux rouges, les mains pleines de framboises à déchirer le gâteau. À lui arracher son âme de coups de couteau puissants, à lui voler son innocence et sa pureté dans la pâle pièce qui elle aussi manquait de vie. Sans jamais faiblir, il tranchait et découpait.
La pièce vide de vie, remplie de rouge s'obscurcissait lentement mais sûrement, devenant petit à petit ténèbres.
Il avait trahi toutes ses croyances impossibles en bannissant la lumière douce et calme pour rejoindre le monde extérieur. Il avait trahi tout cela et maintenant l'autre côté surgissait, plus fort que jamais. Le monde dont il avait toujours eu peur l'accueillait à bras ouverts emportant tout le décor.
Il était fasciné par sa nouvelle découverte, par cet ailleurs tant espéré. Cette renaissance, cette vengeance tant attendue.
Tellement fasciné qu'il ne se rendit pas compte de son carnage. Et c'est quand l'obscurité engloba l'endroit, quand sa folie retomba qu'il découvrit son erreur. C'est à ce moment-là qu'il frappa de toutes ses maigres forces contre la porte en bois qui le coupait de la lumière, les yeux se fermant petit à petit.
C'est en regardant, effrayé, toute sa vie s'écouler, rouge, devant lui, qu'il réalisa que c'était la fin. Sa peau déjà plus que pâle devint translucide, ses forces l'abandonnèrent et les bras si malfaisants qui lui faisaient peur quelques minutes plus tôt l'attrapèrent.
C'est quand la mort si attrayante maintenant, l'emmena loin de la lumière qu'il eu des remords.
La pièce sombre et rouge rétrécissait à sa vue, il aperçu son corps translucide et rouge, pendre près de la porte toute aussi tachée de couleur.
Il avait planté, déchiré, tranché le gâteau.
Il avait laissé sa peur et sa folie, son manque d'envie prendre le dessus et le résultat était la.
Aujourd'hui, il avait 20 ans. Aujourd'hui était son anniversaire, l'anniversaire des premières fois, l'anniversaire des dernières aussi.
Il avait 20 ans et c'est en ce jour de fête que Jeon Jungkook venait de mourir.
En ce jour de fête qu'il venait de se donner à la mort, corps et âme sans tenter de se battre une dernière fois.

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Everything.
Narrativa generaleJ'écris beaucoup de petites histoires et de poèmes alors pourquoi ne pas vous les faire partager ? Anciennement : Recueil d'O.S /!\ Je suis responsable de ce que j'écris pas de ce que vous lisez.