Je suis tombée dans un cercle vicieux

Chapitre 22 : Les photos

Et les jours avaient passés. Très vite. Et je dirais même plus vite qu'un éclair. Dans tous les cas, je n'ai pas hâte de retourner en cours. De le revoir, encore moins. Même si, en réalité, j'ai très envie de le voir. Après lui avoir fait la tête sans qu'il le sache, ma colère avait disparue mais ma rancune... hélas mon ami ! Je dois être la fille la plus rancunière que je connaisse.

Quel ennuie d'être ici !

Je suis crevée. Épuisée. Fatiguée. Vannée.

"Tiens June ! Vu que tu es super en forme, tu vas me résumer le cours !"

Devinez dans quel cours je suis ?

Je soupirais.

"Si t'es là pour soupirer, tu peux sortir de mon cours !" s'exclamait-il avec monotonie.

Je le regardais avec dédain. Vous pouvez pas savoir à quel point il m'énerve. Tous ces ressentiments et ces événements passés me laisse un goût amère. Mes sentiments s'amplifient. C'est horrible.

J'essayais de résumer le cours comme il le dit si bien. Mais je suis tellement fatiguée que je parle à moitié dans ma barbe. Résultat : personne ne comprend et il s'énerve. Good.

À la fin de l'heure, je rangeais soigneusement mes affaires dans mon sac. En faisant ça, j'ai pas remarqué que j'étais toute seule dans la salle. Avec lui. Lui, il mettait son manteau noir en me regardant. On se regardait donc. Il commençait à bouger ses lèvres pour me dire quelque chose mais : "Non... ne me dites rien, j'en ai déjà assez entendue." m'énervais-je.

"Aller June... c'était pour rire." lançait-il avec un sourire narquois.

"Pour rire ?! Vous êtes sérieux là ? Mais vous êtes pas un gamin bordel, vous avez des enfants et une femme... soyez plus mature que ça."

"Tu ne vas pas bien June et-"

"Remettez pas ça sur mon dos. Si je ne vais pas bien c'est pas votre problème. Pour votre gouverne, je vais extrêmement bien." m'agaçais-je.

"J'ai déjà eu des jeunes avant toi... et toi... enfin... je ne vais pas insister. Sinon, les photos ?"

"Quelles photos ?"

"Du voyage. Voyons June." me souriait-il.

"Ah oui... Bah quoi ?"

"J'aimerais bien les avoir aussi. Tu as fait de belles photos, il me semble. Que ce soit de groupe ou le paysage !"

-Et nous, notre selfie. Vous vous rappelez ?-

Flash back ~semaine du 4 au 9 avril, voyage~

On était à la plage près de Nîmes. Je regardais la mer assez clair. Le soleil la rendait presque transparente. Je prenais ce magnifique paysage pendant que Cerise parlait avec monsieur Lacore. Pas loin de moi. J'entendais vaguement.

"Cerise !!" l'interpellais-je.

Elle accourait vers moi.

"Regarde-moi ça..."

"Oh putain ça va être parfait pour le journal du lycée !!" disait-elle enjoué.

"Oui enfin droit d'auteur hein !!"

"Venez voir monsieur !! Cette photo est magnifique !!" s'excitait Cerise.

Oh non !! Mais Cerise, t'es vraiment conneuh. Bordel de crotte. Il arrivait tout souriant presque en se collant à moi. Je sentais son souffle irrégulier sur ma peau. Charmant.

"C'est pas mal, je reconnais. Tu en fais depuis longtemps ?" questionnait-il.

"Assez oui... on va dire depuis que mon père est décédé." répondais-je tristement.

"Oh pardon... je savais pas."

"Oh c'est pas grave... J'ai fait le deuil vous savez, c'est la nostalgie... C'est tout !" souriais-je.

"En tous cas c'est pas mal !"

On se fixait juste le temps d'un instant.

"June veut un selfie avec vous !" charriait Cerise.

Pourquoi je lui ai fait part de mon envie ? Je me tairais la prochaine fois.

"Ah nan !" riait-il.

"Ah bon d'accord..." boudais-je intérieurement.

Cerise partait vers les autres filles pour me laisser en plan avec lui. Tout le monde profitait de la vue et du moment pendant que nous étions comme deux inconnues, figés.

"Monsieur... on peut ?"

"Oui... aller je disais ça pour te charrier." souriait-il.

C'est ainsi que nous avions prit un selfie avec comme arrière plan la mer méditerranée.

Fin du Flash back

"Je ferai le tri et je vous passerai ma clé."

"Pourquoi du tri ?"

"Parce que j'ai mes photos personnelles, comme tout le monde."

On se regardait toujours. Moi, toujours avec difficulté mais ses yeux sont si magnifique. Son visage apparaissait plus doux, du moins moins sévère. Presque compatissant. Je ne sais pas pourquoi.

"Bon bah... au revoir..." finissais-je par dire, embarrassé.

Il répondait de même tout en fermant la porte de la salle. Mais on se suivait mutuellement. Alors, il en a profité pour me poser quelques questions : "Ton frère va finalement ouvrir son restaurant ?"

"Oui, mon oncle doit juste signer les papiers de l'établissement et ils vont commencer les travaux."

"Je serai le premier client alors !" souriait-il.

Mon point faible : son sourire. Il est magnifique. Il est électrique parce que il fait bondir mon coeur. Il sourit tout le temps. C'est fou. Il est unique à mes yeux. Arrête June.

"Et sinon c'est quand que tu te décides à participer ?" questionnait-il, plus sérieusement.

"J'y arrive pas. C'est difficile."

"Rien n'est difficile. Tu peux le faire !"

"Oui... enfin..."

"Sinon, mon atelier te plait bien ?"

"Oh oui... c'est pas la même chose qu'en cours... ça va... c'est appréciable !"

"Ça te fera de la culture gé."

"Effectivement oui."

Le dialogue restait vide comme à son habitude. Nos chemins se séparaient comme à son habitude aussi.

*

Le soir

Comme chaque soir depuis un petit moment, je pleurais. Comme chaque soir depuis quelque temps je jouais avec ma lame sur mon bras. Comme chaque soir depuis quelques semaines, je regardais ces photos, effondrée.