Huitième page

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Je n’arrivais clairement pas à dormir entre un Namjoon qui ronflait et un Hoseok qui était si collé à moi que je sentais son souffle dans mon oreille. Je pensais que les ronronnements du chaton que j’avais pris en otage pour dormir allaient me bercer mais le poid de mes regrets était si important qu’il empêchait presque ma respiration, ce qui me tenait bien éveillé. Je n’avais pas osé parler à Yoongi parce que j’avais peur de ce qu’il pouvait me dire, et encore une fois je laissais juste les choses se faire sans me battre pour elles. J’avais beau me plaindre, je traînais péniblement le boulet de la crainte de l’échec et de la souffrance. Celle de le perdre une nouvelle fois alors que paradoxalement ne pas agir pour l’empêcher était comme abdiquer et me faire entraîner dans le fond de mon effroi.

J’étais loin d'être confiant, et pour couronner le tout ma tête tournait tellement en étant allongé que je commençais à avoir envie de vomir à cause de l’alcool. J’avais si chaud que j’étais en sueur. Le terme “suffoquer” ne semblait plus être si loin de ma réalité actuelle alors je décida de fuir la chambre - que Namjoon m’avait laissé le privilège d’avoir - afin de prendre l’air et d’être un peu seul.

Quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir Yoongi accoudé à la fenêtre du salon, une cigarette à la main. Mon état physique ne me semblait plus si critique lorsqu’il était mis en comparaison avec celui interne où semblait exploser milles choses sans que je ne puisse rien contrôler. J’avais très envie de remonter, de me blottir dans la couette, et d’oublier. J’étais épuisé de devoir me battre mais mon cerveau ne put s’empêcher de me rappeler à quel point j’avais souffert de notre rupture en faisant renaître cet atroce sentiment du moment où j’avais enfin accepté d’ouvrir les yeux pour comprendre les choses. J’étais incapable de revivre ça une seconde fois. Tous les ami(e)s du monde ne suffiraient pas à me remonter le moral si les choses devaient finir ainsi car Yoongi était le seul à me toucher à cet endroit où j’avais mal. 

Je laissa mes deux pieds déjà froid avancé sur ce sol glacé.

<< - Yoongi.. >> L’interpellais-je très bas pour ne pas réveiller ceux qui dormaient dans les matelas à côté de nous. 

Je le vis se tendre immédiatement au son de ma voix. Il devait avoir compris que cette fois il n’y avait pas d’échappatoire et qu’il allait devoir m’affronter, encore, avec tout ce que cela prenait en compte. Lorsqu’il se tourna vers moi je ne pus qu’arborer une expression de tristesse en constatant le néant dans son regard. Il semblait avoir érigé un nombre incalculable de barrières entre lui et moi pour ne plus commettre la même erreur que précédemment, et cela me fit un pincement au coeur. J’avais tellement de combats à mener pour l’atteindre, de sacrifices à faire… Cela en valait-il la peine ? Mon cerveau revint à la charge en réactivant encore une fois ces douloureux souvenirs de ma petite âme meurtrie en train de pourrir dans le fond de son lit. 

<< - On peut aller dehors pour parler un peu s’il-te-plaît ? >>

Il semblait un peu réticent mais il n’osa pas refuser ma demande. Sûrement se rendait-il compte que j’avais besoin qu’il m’accorde encore un tant soit peu d’amour avant de redevenir le Yoongi impénétrable et irrattrapable qui m’avait brisé le coeur.

Étant le plus proche de celle-ci il ouvrit la porte-fenêtre menant sur la petite terrasse de Namjoon sans dire un mot. Il me laissa passer le premier, me tenant la porte. Il redoutait tellement ce moment que je pouvais presque interpréter ce geste comme une tactique afin de le retarder le plus possible. Peut-être même qu’il avait hésité à fuir.

Je m’installa sur la première chaise longue que je vis tandis qu’il s’allongea sur la deuxième à ma droite de manière peu sereine, même s’il essayait de me faire croire le contraire en s’interdisant de montrer le Yoongi sensible que j’avais vu plus tôt dans la soirée. 

Alium Diem [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant