Désobéir Aux Ordres

- Chapitre 17 -

PDV Julia:

Delphine s'en alla de la petite pièce. Je m'assis sur le lit. J'avais toujours les mêmes vêtements depuis trois jours. Autant dire que je sentais le fauve. Mais au moins, je n'avais plus les attaches qui me liaient au lit.
En me levant, les pieds nus sur le carrelage froid et le crâne qui tembourinait, je constatai que la porte était entrouverte. Est-ce que je pouvais enfin sortir ? Je ne me posai pas de fois la question et tentai de marcher jusqu'à la porte. Ce fut un échec. Essayez de marcher avec une tête qui pèse dix kilos et qui tourne sans arrêt, à vous rendre malade.
Je réussis, avec un effort surhumain, à me relever et à atteindre cette foutue poignée.

"Qu'est-ce que tu fais ?"

Je faillis faire une crise cardiaque. Il y avait Fiona, devant moi, un léger bandage au cou.

"Je te retourne la question" dis-je d'un ton sec.

Elle était surprise par mon ton. Bah quoi ? J'ai toujours été comme ça avec elle, non ? Je la haie.

"Qu'est-ce qu'elle t'a fait...?"

"J'm'en rappel plus et c'est pas t'es affaires. Si tu veux bien dégager, j'voudrais passer. Mais vu que t'es en plein milieu, ça va être difficile."

Elle me regarda, frustrée. Finalement, elle se resigna à se pousser pour me laisser la place et je commençai à poser un pied devant l'autre mais mes vertiges reprirent de plus belle et, en perdant l'équilibre, je me retrouvai étalée sur Fiona. Un léger frisson, dont je ne connaissais la cause, s'empara de moi. Je me redressai en vitesse et lança un regard glacial à la rouquine.

"Tu veux bien me lâcher ? Je suis pas handicapée, merci" lui dis-je.

"Qui es-tu ?"

Je levai un sourcil ne comprenant pas sa question et ris.

"Tu n'es plus la Julia que je connaissais. Tu n'es pas elle. Je ne sais pas ce qu'elle t'a fait celle-là mais..."

"Laisse Delphine en-dehors de tout ça. Elle t'a rien fait que je sache."

Elle me regarda tristement.

"Oh si... Elle m'a enlevée la femme que j'aimais."

Une perle de cristal roula sur sa joue. Je levai les yeux aux ciel et partis, sans vraiment comprendre le sens de cette phrase. Je crois que j'ai loupé un épisode et je vais devoir parler avec Delphine.

PDV Delphine:

Je vis Julia dans le corridor de la salle d'examen. Elle n'était pas en forme, ce qui était tout à fait normal. Elle regarda l'une des caméras. Pas besoin d'être devin, je compris instantanément le message. Elle voulait parler. Avoir des réponses à ses questions.
Je sortis donc de la pièce de surveillance pour aller la voir.

"Viens" lui dis-je.

Elle me suivit sans hésiter et nous nous retrouvâmes dans un placard à balais. Au moins, il n'y avait pas de caméra et nous pouvions parler tranquillement.

"Qu'est-ce qui ce passe ici ? J'ai l'impression d'être complètement à côté d'la plaque" commença-t-elle.

"Tu as perdu tout tes repères, et c'est normal. Les sédatifs que je t'ai injectée t'ont fait... perdre une partie de ta mémoire. Tu te souviens du plus essentiel et de ce qui t'a marqué. Bon, c'est vrai que j'ai peut-être un peu effacé ce que je voulais."

"Vous avez fait quoi ?!"

"Oui, Julia. Tu te souviens de ce que je veux que tu te souviennes."

Elle était devenue pâle. Le regard vide, sans émotion.

"Mais pourquoi" reprit-elle, après une longue pause.

"Pour ton bien et ton bonheur. C'est le Général qui m'a engagé pour ça."

"Avouez, vous êtes pas vraiment psychiatre ?"

La phrase resta en suspens. Je réfléchis à ce que j'allais lui dire. Pouvais-je lui dire la vérité ? Non... Elle me tuerait.

"Si, enfin... Je suis plus dans l'hypnose."

D'un côté, c'était la vérité.

"Oui mais, pourquoi le Général vous a choisit vous plutôt qu'un autre ?"

Elle cherchait la petite bête ? Et bien elle va la trouver.

"Mark ne t'a rien dit ?"

"Mark ne me dit jamais rien."

Il ne fallait pas que je lui dise directement qui j'étais. Seulement un nom pour l'instant. Si Mark ne m'avait pas dit de lui faire subir ce test aussi... Ça aurait été plus rapide et moins dangereux. D'autant plus qu'il ne savait même pas quel travail je faisais réellement.

"Je m'appelle Delphine Bran."

Elle marqua un temps, pensive puis se tourna d'un coup.

"Vous êtes sa soeur ?"

"Exactement."

Elle hocha la tête. Elle était satisfaite de ma réponse, c'était la vérité. Mais je lui cachais encore quelque chose qu'il va falloir que je règle tout de suite.

"Donne-moi ton bras" lui implorai-je en lui tendant la main.

"Pourquoi ?"

Elle n'eut le temps de répliquer que l'aiguille était déjà plantée dans sa peau. Son regard se fit neutre et elle me regarda, sans un mot.

"Ne dis à personne ce que je te dis là. Au grand jamais. À qui que ce soit. Mais je sais que si je ne te le dis pas, tu n'arrêteras pas avant d'avoir trouver la réponse. Et puis, j'aurais une protection en plus car tu seras la seule au courant et tu devras me protéger si les choses tournaient au vinaigre. Donc, je sais que je t'ai dis de tuer sur-le-champ les Fauves Rouges. Mais j'étais obligée à le faire, d'autant plus que Mark me surveillait. Mais voilà le hic, c'est que j'en fais partie. Donc tu me protègeras, tu ne répéteras à personne ce que je t'ai dis et tu ne me tueras pas. Si tu vois d'autres membres des Fauves Rouges, tu seras bien obligée de les tuer. C'est clair ?"

Elle fit un imperceptible mouvement de tête de haut en bas puis s'écroula sur les serpillières. Je vais la laisser ici pour l'instant. Il ne faut pas me surprendre en train de tirer à l'autre bout du couloir, le corps de la blonde. On pourrait me soupçonner de quelque chose. Lorsqu'elle se réveillera, elle n'aura aucun souvenir de toute façon. Mais elle saura instinctivement qu'elle devra me protéger. Je ne sais pas combien de temps ma thérapie va durer ni combien de temps celle-ci va fonctionner, mais je pense que ça suffira pour que personne be dévoile mon identité.

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