- Chapitre 24 -

429 24 5
                                    

PDV Delphine:

Je restais devant ma maison. Des flammes rouges sortaient des fenêtres, réduisant les rideaux en cendres. Je revenais du collège, nous étions le mardi 11 octobre 1983, il était 17h37 et je n'avais plus de domicile. Mes yeux étaient remplis de larmes mais je pouvais apercevoir les nombreux pompiers qui se pressaient pour essayer d'éteindre le feu. La fumée âcre me parvenait mais je ne bougeais pas. Je regardais l'enfer manger mon logement. Et enfin je le vis, accompagné par plusieurs secouristes. Il était légèrement brûlé, mais rien de grave. Juste en état de choque. Il ne pleurait pas, ne se plaignait pas. Il marchait, tremblant comme une feuille. Et lorsque ses yeux rencontrèrent les miens, il courut pour sauter dans mes bras.
Les larmes coulaient sur mes joues froides. Il était vivant. Mais eux non. Ils n'ont pas survécu. Mes parents moururent dans l'incendie mais mon petit frère était en vie. Il était bien là, à mes côtés. Nous avions tous deux une couverture de survie. Assis dans le camion des pompiers, Mark m'expliquait ce qu'il s'était passé.

"Je sais pas trop comment le feu il est venu mais je sais que papa et maman m'ont dit de partir. Au début j'ai pas voulu mais ils ont dit que tout irai bien. Mais ils sont toujours pas revenus. Delph', tu crois qu'ils sont..." me demanda-t-il, du haut de ses dix ans.

"Je... oui je le crois."

Il baissa les yeux. Il était tout pâle mais toujours pas une larme de versée. J'aurais dû lui demander pourquoi, mais je m'étais dit qu'il était sous le choque.
Nous avons été interrogé par la police et par les voisins. Les questions n'en finissaient pas.

"Vous allez bien ? Que s'est-il passé ? Et vos parents ? Et où habitez-vous maintenant ? Vous ne voulez pas venir chez moi ?"

Les réponses étaient toujours les mêmes.

"Oui. C'était un accident. Ils sont morts. À l'orphelinat. Non merci."

Nous continuions d'aller à l'école. À vivre notre vie. Mark commençait à se pencher sur un métier allant vers les pilotes d'avions pendant que je m'enfonçais dans un trou sans fin, d'où je n'arrivais pas à ressortir. Mais je n'en parlai pas à Mark, de peur qu'il s'inquiète. Il avait retrouvé joie et bonheur quelques mois après l'incident. Moi je me cachais derrière un faux sourire. Il passait les classes supérieurs une par une, année en année. Moi j'avais arrêté d'aller au collège un mois après la perte de mes proches. C'était trop dur. Et malgré mes amis, mes voisins, les gens de l'orphelinat qui essayaient de me sortir de cette baisse de moral, je m'enfonçais, je déprimais. Mon petit frère, maintenant âgé de 14ans, n'était toujours pas au courant que je séchais les cours pour trainer dans des bars ou dans la rue. Et c'était mieux ainsi. Je ne lui parlais presque plus. Ne lui adressais presque plus aucun regard. Je devais sûrement passer pour la pire soeur du monde. Mais au moins, j'avais réussi à ne pas le faire plonger avec moi.

Un jour, alors que j'étais chez Jordan, un barman qui pouvait m'écouter pendant des heures, un homme aux épaules carrées vint s'asseoir à mes côtés. Jordan de m'avait encore rien donné à boire donc j'avais les idées claires. L'homme me regardait. Il avait des yeux de fouine et un sourire charmeur.

"Tu es perdue" me demanda-t-il.

"Non, j'habite à..."

"Dans ta tête" se rectifit-il. "Tu te sens abandonnée ?"

Je le regardais sans comprendre. Pourquoi venait-il me parler ? Il tendit la main.

"Diego."

"Delphine" répondis-je en l'empoignant.

"Oui je sais."

Je le regardais, perturbée.

"Delphine Bran, 18ans" continua-t-il. "Un frère, Mark Bran, 14ans. Vos parents sont morts il y a trois ans. Ça t'a détruite. Tu penses à eux chaque jour et tu n'arrives pas à sortir la tête de l'eau."

"Comment vous... vous m'espionnez ?"

Il ne répondit pas. Mais son regard le trahit.

"Qu'est-ce que vous me voulez ?"

"Te donner une chance de refaire surface. Un toit, à manger..."

"Merci mais j'ai déjà tout ça."

"De l'amour. Un travail. Une famille."

Je ne dis rien. Je regardai simplement le verre d'alcool que Jordan venait de me poser sur le comptoir. Diego le prit et le but à ma place.

"C'était mon verre à la base" répliquai-je.

"Tu ne devrais pas boire cette merde tous les jours. Réfléchis à ma proposition."

Il s'en alla, me laissant, perdue. Jordan était parti servir d'autres clients. Je ne savais pas quoi faire. Mais il m'avait laissé une adresse sous le verre vide. Je pris le bout de papier pour le mettre dans ma poche et rentrai à l'orphelinat. Mark était dans sa chambre avec les garçons de son âge. Je vins le prendre à part.

"Mark... j'ai une proposition."

"Tiens tu m'parles toi maintenant ?"

"S'il-te-plaît, écoute moi."

"Pourquoi je le ferais ? Tu m'as écoutée toi quand j'avais besoin de toi ?"

"Mark..."

"Non. Alors désolé mais je vois pas pourquoi je devrais t'écouter."

Il partit sur ces mots. J'essayai de le retenir, en vain.
Finalement, après être restée une semaine dans le doute, je partis à l'adresse donnée. Une carrosserie. Je toquais et le garage s'ouvrit sur Diego.

"Je savais que tu viendrais" me dit-il.

Je lui fis un petit sourire.

"Ton frère ne vient pas ?"

Je fis non de la tête et il comprit. Il m'invita dans son garage. Nous passâmes une porte pour descendre des escaliers, menant à un sous-sol. Plusieurs personnes étaient assises, autour d'une table.

"Je vous présente Delphine" dit l'homme.

Le petit monde se leva pour me féliciter de je ne sais trop quoi. Une femme un peu ronde, la quarantaine, s'avança pour me prendre dans ses bras. C'était réconfortant. Une chaleur nouvelle et maternelle. Je mis un temps avant de répondre à l'étreinte. Ensuite, elle s'éloigna, me regardant.

"Si j'accepte, qu'est-ce qu'il se passera ?"

"Tu deviendra l'une des nôtres" me souris la femme.

"C'est tout ?"

Ils se regardèrent tous puis Diego prit la parole:

"Tu devras travailler pour nous. Tu deviendra une Fauve Rouge."

Je ne savais pas ce que cela signifiait mais si j'avais une chance de remonter, je voulais essayer.

"J'accepte."

*******

Un petit chapitre pour vous montrer comment Delphine est arrivée chez les Fauves Rouges. N'hésitez pas à laisser un commentaire et, si vous avez aimé, n'oubliez pas l'étoile 😉.
Gros bisous 💋

Désobéir Aux OrdresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant