- Chapitre 16 -

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PDV Addison:

Les premiers rayons du soleil me reveillèrent en douceur. Cela faisait une journée entière que j'étais cloîtrée à l'infirmerie avec Sylvie qui s'occupait de moi comme si j'étais un poulain qui venait de naître. Celle-ci était très gentille, vraiment... Mais peut-être un peu trop empathique et protectrice à mon goût. Et elle me racontait sa vie à longueur de journée ! Je sais maintenant qu'elle a 24 ans et habite dans un appartement avec un certain Hugo, qu'elle aimerait le retrouver mais ne peut pas à cause de son métier, qu'elle adore les chats et qu'elle en a trois: un noir, Silhouette ; un blanc, Neige ; un blanc à tâches beige, Crème. C'est fascinant...
Sur moi, elle connaît mon âge, ma taille, mon poids, mon nom et c'est déjà bien assez pour une infirmière.
J'ouvris petit à petit les yeux. La lumière, même peu intense, m'éblouis. Il faut dire que j'avais dormi pratiquement tout le temps. J'étais éveillée seulement en présence d'amis qui venait me visiter comme Frank, Élise ou Fiona. Mon père n'avais pu se libérer. Il devait assurer le bon fonctionnement du navire avec l'Amiral et ma mère. Quant à Julia, elle ne vint même pas une seule fois me voir pour me demander comment j'allais... De toutes façons, je n'avais pas envie de la voir.
À côté de mon lit, assis sur une chaise, se tenait mon père, le regard dans le vide, perdu dans ses pensées. Lorsqu'il me vit m'agiter, il se leva d'un bond pour venir me poser sa main chaude et rassurante sur mon bras. Derrière lui se tenait ma mère, un sourire triste et douloureux sur son visage rond.

"Comment tu vas" me demanda-t-elle.

Je pointai un pouce en l'air pour signifier que tout allait bien. Elle lâcha un petit soupir et s'assit à la place de mon père, déjà plus sereine. Sylvie arriva la minute d'après.

"Salut Addison, je vais examiner ton cou pour voir si les lésions sont encore trop grandes pour enlever la minerve, d'accord ? Ça va peut-être faire un peu mal, tu ne m'en voudras pas, dit ?"

Je n'eus le temps de faire un geste qu'elle tâtonna mon cou, très concentrée. Je ne ressentais aucune douleur. Sauf quand ses mains effleuraient les hématomes qui se trouvaient là où les mains de Julia avaient le plus serrées.
Je n'en revenais toujours pas de ce qu'elle avait pu me faire. En plus, elle avait eu le culo de venir me voir ici, deux heures après, pour me dire que ce n'était pas de sa faute ! Je la haïssait au plus haut point pour ce qu'elle m'avait infligée.

"Voilà" finit par dire Sylvie. "Alors tu peux te lever, marcher, peut-être pas trop courir, mais je suis sûre que ce n'était pas ton intention dès maintenant. En revanche, tu garderas ta minerve au moins jusqu'à demain. Oh, et évite de trop parler pour laisser ton cou au repos. L'idéal serait que tu restes au lit encore aujourd'hui. Bon je te laisse avec tes parents."

Sans me laisser en placer une, elle partit de la petite chambre réservée à l'infirmerie. Mon père me regardait avec des yeux triste. J'aurais juré y percevoir de la culpabilité. Non... J'ai dû rêver. Quant à ma mère, elle avait un regard sombre et interrogateur envers son mari. Tout cela me surpassait. J'étais toujours exténuée. Voyant la fatigue me rattraper, les deux adultes se levèrent et partirent après m'avoir collé un baiser sur le front puis je tombai dans les bras de Morphée. C'est super comme premiers jours dans la Marine.

***

À mon réveil, il était 12h36 et la faim m'avait rattrapée tel un ouragan. Sylvie m'apporta les restes d'hier soir tout en me contant la première fois qu'elle a croisé le regard de Crème. Du boeuf et des courgettes. Ce n'était pas très bien cuit mais c'était bon. Surtout que le boeuf et moi, ça faisait un.

"Moi je trouve que le boeuf est très bien assaisonné mais pas assez cuit. Après tout, ce n'est pas sa spécialité. Julia elle aime la mécanique" dit Sylvie.

Désobéir Aux OrdresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant