Désobéir Aux Ordres

- Chapitre 23 -

PDV Addison:

Tout le reste de la matinée, nous continuions les combats. J'étais trop fatiguée après m'être battue contre Julia que je ne fis aucun autre combat, me contentant de regarder, attentive à chaque mouvement. Joris en avait enchaîné plus de cinq à la suite. Frank l'avait battu de justesse à son septième round. Ils étaient tous les deux effarants. Tout à l'heure, Joris s'est fait tirer son tee-shirt par Luc, avec qui il combattait. J'ai pu apercevoir sa profonde cicatrice sur sa poitrine. Elle ressemblait à une lacération par un gros couteau, comme ceux que l'on trouve dans les cuisines. Elle était assez impressionnante. D'ailleurs, il avait vite remit son vêtement en place pour ne pas trop l'exposer. Il était gêné à ce point pour ne pas vouloir la dévoiler ? Apparemment oui.
Julia faisait surtout l'arbitre, ou plutôt le prof. Mais quand elle combattait, c'était comme si tout son corps était léger comme l'air et rapide comme le vent. J'avais l'impression qu'elle pressentait tous les gestes de son adversaire une seconde avant même que celui-ci ne sache ce qu'il allait faire.
Quant à Élise, elle était très souple et pouvait se retrouver dans des positions étonnantes pour quand même réussir à remporter la victoire. Fiona était plus brutale. Elles se complétaient bien pour une bataille par équipes de deux. Lina était très précise et intelligente dans ses gestes et sa réactivité atteignait un niveau assez haut. Elle n'était pas très forte physiquement donc elle utilisait son cerveau comme arme.
Si j'ajoute toutes ses capacités à une seule personne, ça pourrait donner quelqu'un d'imbattable. Bien entendu, je comptais m'entraîner jusqu'à mes limites pour atteindre un niveau similaire.

Arriver à 12h, nous rangeâmes la salle pour ensuite rejoindre le self. L'heure avait filé tellement vite que je me demandais encore si c'était véritablement le moment de manger. En tout cas, pour tous mes amis, ça l'était. En même temps, après tous les combats qu'ils avaient fait, s'ils n'avaient pas faim, je me poserais des questions. Il y avait seulement Jess et moi qui n'avaient rivalisé qu'une fois. D'ailleurs, celui-ci était plutôt frêle. Il ressemblait à Luc. Leur corps n'étaient pas très robustes. Cependant, Luc avait le mental d'un guerrier; même s'il savait qu'il n'avait aucune chance, il partirait tout de même à l'attaque.

"Tu t'es bien battue" me lança tout à coup Julia, me faisant sortir de mes pensées.

"Merci mais toi tu es impressionnante. Enfin vous l'êtes tous" me rattrapai-je en montrant toute notre table.

"Ouai mais on est là depuis plus longtemps aussi" rétorqua Frank. "Et j'avoue que Julia est très douée."

"Rooh, arrête tu vas me faire rougir" plaisanta la blonde.

À la fin du déjeuner — que nous prîmes plus vite que les cent mètres de Usain Bolt — tout le monde se dirigea vers le pont principal. Après nos petits entraînements de tout à l'heure, nous étions parés pour un parcours. Mon père arriva quelques minutes après, aux côtés de sa soeur et de l'Amiral.

"Je vois que tout est prêt et très bien organisé ! Je vous félicite" nous complimenta-t-il, tout sourire. "À présent, vous passerez un par un et on vous évaluera. Ne vous en faites pas, c'est juste pour voir à peu près où vous en êtes."

"Nous allons vous faire passer des plus faibles aux plus compétents" continua Delphine. "Comme ça, vous pourrez vous faire une idée de votre classement."

"Éric" appela l'Amiral.

Je vis le petit homme sans muscles s'avancer sous quelques moqueries de la foule. Il avait les yeux rivés au sol. Il retira délicatement ses lunettes pour les mettre au bord de la piste et se mit en position pour démarrer sa course.

"Prêt ? Partez !"

Il s'élança dans une course modérée. Tout d'abord, il y avait trois tonneaux à passer à saute mouton ce qu'il fit avec difficulté dû à sa petite taille face aux obstacles et à ses bras fragiles. Ensuite, il fallait passer en équilibre sur une poutre ronde susceptible de tourner. Éric tomba plusieurs fois avant de parvenir à la plateforme opposée. Des bouts de bois suspendus par des cagettes suivaient. Il fallait monter haut les genoux entre chaque bâtons et le jeune homme se prit les pieds dans une des branche, s'écroulant par terre. Les rires s'amplifièrent à mes côtés. Ils n'étaient sans pitié. Et c'était tout particulièrement les rires d'Élise, Fiona, Jess et Joris. À mon plus grand soulagement, Julia et Frank restaient neutres.
Éric se remit sur pieds avec peine et enchaîna les difficultés avec plus de conviction. Après les cagettes, les bâches à sauter en essayant de ne pas les toucher, puis la rambarde, plus haute, sur laquelle il fallait s'agripper tout en traversant la distance demandée. Ensuite un long sprint jusqu'à une grande planche en bois, perpendiculaire au sol, qu'il fallait essayer de franchir. Consécutivement à cela, courir en pas chassé jusqu'à la ligne d'arrivée. Suite à plusieurs tentatives, Éric n'avait pu traverser la planche de bois, il la contourna pour finir enfin son parcours. Il n'aura pas un bon score mais il aura essayé, c'était déjà ça. Lorsqu'il revint, ses lunettes avaient disparu. J'étais presque sûre que c'était un coup d'Élise et de Fio. Pour je ne sais quelle raison, elles ne le portaient pas dans leur coeur. Mais je trouvais ça débile et immature de lui faire ça. Il faisait de son mieux pour réussir et elles faisaient tout pour le faire chuter. J'espère qu'il ne va pas se laisser faire marcher sur les pieds...