Il était une fois...
Dans un royaume prospère, quelque part sur Terre, un Roi. Ce Roi, Baudouin de son prénom, avait une lubie un peu particulière : il voulait avoir vingt-six filles, une par lettre de l'alphabet. Il en était déjà à douze, avec douze femmes différentes. Et si un garçon naissait ? Couic. Et même chose pour la mère, qu'il considérait comme responsable.
Ses douze filles étaient toutes magnifiques, parmi les plus beaux êtres de l'Univers. Dans l'ordre de naissance, elles se nommaient : Anastasia, Bianca, Clarisse, Dahlia, Eloïse, Flavia, Gwendoline, Hélène, Irène, Jeanne, Katrielle et enfin, Lisbeth.
Si l'aînée avait vingt ans, la cadette en avait neuf. En effet, le Roi voulut, dans un premier temps, avoir une fille par an. Puis il se rendit compte de la charge de travail que cela demandait, et décida de faire une pause. Et donc, depuis neuf ans, il n'avait plus eu d'enfant.
D'où lui venaient ces étranges obsessions, personne ne savait. Certains prétendaient que la mort précoce de sa mère, lorsqu'il était seulement âgé de quatre ans, l'avait traumatisé, d'autres que c'était celle de sa première femme, qu'il aimait à la folie, morte en donnant naissance à Anastasia. La plus folle des rumeurs disait que son idée fixe à propos de l'alphabet était due à un enchantement, lancé par une sorcière des plus étrange.
Baudouin aimait ses filles de tout son coeur, mais à plus elles grandissaient, à plus elles devenaient belles. Il devint paranoïaque, voyant en chaque homme un danger, quelqu'un qui pourrait lui enlever ses précieuses filles, les prunelles de ses yeux. Surveillées constamment, privées de sortie, les soeurs se rebellèrent contre leur père, essayant de lui faire entendre raison. Celui-ci ne les écouta pas une seule fois, malgré les nombreuses et diverses tentatives d'Anastasia, la plus courageuse de la fratrie.
L'aînée avait tout essayé : le dialogue simple, les petits mots, le morse (que le Roi comprenait), la langue des signes, faire passer le message par des servantes, en parler à son plus proche conseiller... Tout !
Mais Baudouin ne voulait rien entendre : elles étaient ses filles rien qu'à lui, et elles le resteraient pour l'éternité.
Et Anastasia voyait avec désespoir la fratrie s'agrandir, jusqu'à ce que son père décide de faire cette... "pause". Elle vit dans cette décision une occasion de lui faire entendre raison. Le Roi, moins accaparé au quotidien par ses nouveaux enfants au peut-être un peu plus de temps, d'écoute et d'énergie à accorder aux premiers-nés.
Mais encore une fois, elle essuya échecs sur échecs, et elle et ses onze soeurs furent toujours plus privées de liberté. La cadette n'était même jamais sortie de l'enceinte du palais ! Même si Clarisse, Dahlia, Flavia, Hélène et Jeanne s'accommodaient plutôt bien de cette captivité, que Lisbeth, Irène et Eloïse n'en avait globalement rien à faire, Gwendoline, Bianca et Katrielle dépérissaient un peu plus chaque jour, sous le regard de leur père, qui mettait chacun de leurs maux sur le compte d'une maladie à chaque fois un peu plus farfelue.
Et à chaque fois, les médecins prescrivaient des tas de remèdes inefficaces, voire nocifs, même s'ils savaient bien que les filles déprimaient, et que la seule chose qui pourrait leur faire du bien serait un bon bol d'air frais qui viennent d'en dehors du château, qu'elles auraient elles-mêmes pris à la source. Le seul qui avait osé sous-entendre qu'elles ne supportaient peut-être simplement pas d'être comme de jolis oiseaux en cage s'était fait couper la tête sur-le-champ par le Roi lui-même. La décapitation était une autre des passions de Baudouin...
Et puis un jour, Anastasia décida qu'il fallait savoir prendre des risques lorsqu'il s'agissait de vie ou de mort de quelqu'un. Des semaines durant, elles et ses soeurs tinrent un conseil secret, durant lequel elles planifiaient leur évasion définitive de cette cage toxique.
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Le bal des douze princesses - #JustWriteIt
General FictionTous les soirs, douze princesses dorment dans la même pièce, enfermée à clef par leur père. Tous les matins, douze paires de souliers sont retrouvées usées, comme si les princesses avaient dansé toute la nuit. Cette histoire, tout le monde la connaî...