Troisième partie

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- C'est ici que vous dormirez cette nuit et les deux prochaines, annonça  Anastasia en désignant un lit.

Gideon allait coucher dans une pièce voisine à celle des princesses, dont la porte resterait ouverte, pour qu'il puisse les surveiller en permanence.

- Si vous vouliez bien la fermer - la porte, bien sûr - le temps que nous nous mettions en pyjama... ordonna plus qu'elle ne demanda Anastasia.

- Oui, bien sûr ! s'empressa d'accepter Gideon.

Il resta l'oreille collée à la porte, tout en se mettant lui-même en tenue de nuit (ce qui donnait quelque chose d'extrêmement drôle à voir), afin de surveiller que les princesses n'en profitaient pas pour prendre discrètement la clef des champs. Il espérait aussi saisir quelques mots à propos de leurs escapades, mais il n'en fut rien. Leurs bavardages formaient un brouhaha incompréhensible, et elles le savaient, très certainement.

Il était plongé dans ses pensées. Tant et si bien, que lorsque quelqu'un frappa à la porte sur laquelle il était appuyé, il fit un bond de cinq mètres en poussant un petit cri parfaitement indigne. Il perçut des éclats de rire, dont il devina facilement la cause. Il grommela.

Dahlia ouvrit la porte, l'air désolée.

- Je suis désolée, je vous ai fait peur ? dit-elle.

- Mais non, pensez-vous, il en faut plus pour m'effrayer, répondit-elle.

- Ah...

- En fait si, avoua précipitamment Gideon. Vous m'avez fait une belle frousse. Je suis un vrai trouillou.

Dahlia eut un rire léger. Ce ne fut qu'à ce moment que le jeune homme s'aperçut qu'elle tenait une coupe pleine de vin. Il se renfrogna une seconde, puis se dit que ce n'était sans doute pas très intelligent. Normalement, quand on offre du vin à quelqu'un, ce quelqu'un ne se met pas soudainement en colère. Alors il reprit son sourire, et jeta un regard de vieil alcoolique en manque au vin à la coupe.

Dahlia s'en aperçut, et la lui tendit.

- J'ai cru remarquer que vous n'aviez pas bu ni mangé grand chose. Je n'ai pas pu chaparder de nourriture, mais...

- Merci, dit Gideon en s'emparant de la coupe. C'est très gentil d'avoir pensé à moi.

- C'est normal...

Comme elle semblait attendre quelque chose, Gideon porta la coupe à ses lèvres et fit semblant de boire.

Dahlia sourit de plus belle.

- Je vais vous laisser, dit-elle en sortant de la pièce. Bonne nuit.

- À vous aussi, princesse.

Dès qu'elle eut franchi la porte, le sourire de Gideon tomba. Il vérifia qu'on ne pouvait pas le voir, et plongea sous son lit pour trouver le pot de chambre. Il vida le contenu de la coupe dedans. Les femmes de chambre allaient se poser de sacrées questions le lendemain... Il posa la coupe vide bien en évidence sur la table de chevet. Il se redressa, se tapant au passage la tête sur le montant du lit, et se mit en quête de son maigre bagage qu'on lui avait normalement monté. Il fouilla partout deux fois. Et puis, évidemment, il le trouva là où il avait déjà cherché cinq fois.

Avec un grand soupir, il ouvrit la valise et saisit la cape.

-... es sûre qu'il ne faudrait pas attendre encore un peu ?

Gideon reconnut la voix de Dahlia. Il entendit des pas, qui de rapprochaient de sa chambre.

- Sa bougie est encore allumée, en plus ! ajouta anxieusement Dahlia.

Le bal des douze princesses - #JustWriteItOù les histoires vivent. Découvrez maintenant