{1} Mes choix, ma vie, mon combat.

Partie 49.

La sensation d'avoir trouvé la moitié qui te complète, celle qui te manquait depuis tout ce temps. La grande bouffée d'oxygène et ce bien-être que tu ressens... Les sentiments qui triplent en un instant...

Je ne voulais pas mettre fin à ça et je ne crois pas être la seule. Les choses se sont passé à une vitesse ahurissante. À tel point que, lorsque je commence à reprendre légèrement mes esprits, je m'aperçois que je suis assise sur la table du salon.

À bout de souffle, j'essais de lui faire comprendre qu'il faut arrêter. Là. Maintenant. Tout de suite.

Moi: Saa.. Said... stop.. arrête

Malgré ma tentative, il s'accapare mes lèvres une seconde fois. Cette fois-ci je le repousse, avant que ça ne parte beaucoup trop loin. J'ai ressenti le désir qu'il avait pour moi à ce moment et je savais que si je perdais pied, il ne fallait pas compter sur lui pour nous arrêter dans notre élan.

Parce que la troisième personne ici est le sheitan...

Il se recule d'un pas, me regarde puis se met dos à moi. Il prononce des phrases inaudibles tout en faisant les cents pas.

Moi: Said...

Said: p*tain.. mais qu'est-ce que j'ai fait.. j'voulais.. enfin je.. -souffle- . Tu m'rends ouf la p*tain de toi j'allais faire n'importe quoi !!

Moi: à croire c'est de ma faute si tu m'as sauté dessus...

Said: c'est bon c'est bon stop

Nous restons silencieux, à regarder le sol. Il est le premier homme à avoir déposé ses lèvres sur les miennes... Et le premier à m'avoir fait ressentir ça. Si j'avais imaginé plusieurs fois mon premier baiser, jamais j'aurai pensé qu'il serait fait dans ces circonstances.

Après un bon quart d'heure plongés dans nos pensées, il se décide à parler.

Said: il le sait..?

Moi: de quoi ?

Said: que.. que t'es.. enfin tu vois

Moi: tu peux le dire hein

Said: bref

Moi: non il le sait pas, personne le sait. Pas même ta sœur. Donc tu vas gentiment gardé ça pour toi

Said: Samia tu peux pas me demander ça

Moi: et pourquoi pas ?

Said: parce que.. j'sais pas enfaite. Ils doivent savoir

Moi: pour qu'on me regarde tristement ? Non c'est pas la peine.

Said: pourquoi tu te braque comme ça là ? Est-ce que je t'ai dit qu'on allait le crier sur tous les toits d'la cité ? Non, alors ferme-là

Moi: parle bien aussi j'suis pas ta pote moi. Pourquoi tu veux absolument leur dire alors ???

Said: parce que si.. si il t'arrive heja et que j's..

Moi: tu vois ? C'est pour ça que j'avais gardé ça pour moi !! Tu commences déjà à t'inquiéter pour rien ! Je vais bien ! D'accord ?! T'es là tu crois que je vais mourir dans dix minutes, arrête !!!

Said: c'est pas un rhume que t'as, bouffone va ! Tu m'annonces ça comme ça tu crois que quoi ???? J'vais me dire "vas-y mehlish ça va passer" ?!! T'as plus de famille, enfin si t'as un oncle que tu veux même pas voir ! Si je fais pas attention à toi, qui va le faire ?!

Moi: dégage.

Said: Samia me prends pas la tête wAll..

Moi: DÉGAGE ! SORS DE CHEZ MOI ! J'VEUX PAS DE TA PITIÉ ! JE T'AI RIEN DEMANDÉ MOI !!! SOOOORS

Il part en prenant soin de claquer la porte. Il a cru c'était la porte à son père lui.

Pour calmer mon énervement je décide de faire du rangement, le ménage. Ouai c'est un réflexe bizarre mais ça me calme.

-soupire- J'ai besoin de partir d'ici. Il s'est passé tellement de choses en si peu de temps... Et tout ça c'était une erreur. À quoi bon rester quand celui qui t'as offert ton premier baiser, te voit comme une mourante, te considère comme un bébé, un poids, une responsabilité. Tout ce que je ne voulais pas. J'ai rien demandé à personne. Je sais m'occuper de moi toute seule.

Je regarde un peu sur internet après quelques minutes de réflexion, ma destination est choisie. Il ne manque plus qu'à entamer rapidement les démarches pour partir d'ici.

On pourrait juger mon comportement de gamine, et je vous répondrai que j'en ai strictement rien à foutre. Je ne veux pas me dire que ouai, j'suis faible. Que ouai, je suis malade. Que ouai, mon cœur risque de lâcher. Nan. J'vais bien moi, j'vais parfaitement bien. Et j'laisserai personne me faire croire le contraire.

Avant de partir comme une lâche d'ici quelques jours, j'ai décidé d'annuler ce fichu mariage qui ne rime à rien, sur papier. De toute façon, j'ai bien l'impression qu'il importe peu à Hichem. Lui qui me zappe de plus en plus, bien voilà. Ça conviendra à tout le monde.

Je griffonne la feuille. Je rature. Je réécris. Je jette par terre. Je recommence.
Après une bonne demi-heure, elle est enfin prête. Dans mon élan je décide d'en écrire une autre pour Leila. Ma sœur, ma moitié. Elle a un foyer à gérer maintenant, c'est une vraie femme. Puis une autre pour Said...

Je me change et pars dormir. Enfin, si j'y arrive. Les scènes repassent en boucle dans ma tête. De notre petit rapprochement, à l'annonce. De notre baiser et à la tournure que cela aurait pris, à notre prise de tête. Rien ne fonctionne jamais bien jusqu'au bout entre nous... Je pense une dernière fois à tout ce qu'il me reste à faire avant de partir, et m'endors.

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