Partie 64.

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Les paroles de tonton Khaled tournaient en boucle dans ma tête et j'avais finalement pris ma décision. Said m'a envoyé le numéro de mon oncle il y a de ça quelques jours et c'est seulement cette nuit que je me suis décidée à le rencontrer. Je ne peux pas fuir toute ma vie et si cette personne est la seule qui peut encore me donner ce lien de "famille", je ne peux pas laisser tomber ça. Maman et baba n'aimeraient pas...

Mes jours sont rythmés par la peur et le stress on dirait. Puis ce n'est pas comme si je me mariais dans seulement quatre jours, que j'attendais encore les retouches de ma robe de la couturière qui visiblement, elle, n'a pas l'air angoissée par le temps qui passe. Que j'allais enfin voir mon futur chez moi le jour de mon mariage, que ma future vie de femme mariée ne me faisait pas peur. Et que ces deux semaines sans voir Said me paraissaient interminables. Oui voilà, c'est pas comme si.



Nous nous sommes donnés rendez-vous dans un café et ça fait déjà cinq minutes que j'attends... Ça commence bien. Le plus drôle dans l'histoire c'est que je ne sais même pas à quoi il ressemble -rire nerveux- 


Je touille ma petite cuillère dans la tasse vide. J'attends. Mon regard dévie sur l'homme qui vient d'entrer et il est resté bloqué sur lui. Il me faisait étrangement rappelé mon père... Des frissons parcourent mon corps lorsqu'il tourne la tête vers moi.
Il s'avance et, moi qui voulait faire la dure, je commence à voir flou. La vue brouillée par les larmes qui menacent de tomber. J'ai en face de moi le petit frère de mon père Allah y rahmo, Isaac, d'après Said...


Je lui tend ma main pour le saluer. Il me la prend, me fait lever et me tire contre lui. Un long câlin s'en est suivi. Même si techniquement, je suis dans les bras d'un parfait inconnu, mon subconscient me dit qu'il reste un membre de ma famille. Les larmes qui menaçaient de tomber, tombent. J'avais l'impression que d'être dans les bras de mon oncle, revenait un peu à être dans les bras de mon père...


Isaac: ma nièce... La fille de mon frère... je.. j'ai.. woow.. j'ai plus les mots



On s'installe et il interpelle la serveuse pour qu'elle prenne notre commande.


Isaac: qu'est-ce que tu veux boire ?


Moi: un.. un café. S'il te plaît..


Isaac: -à la serveuse- deux café alors. -se tournant vers moi- Tu bois du café à ton âge toi ?


Moi: bah.. j'ai 21 ans quand même..


Isaac: t'es sérieuse ? J'ai 29 ! On a que 8 ans de différence c'est chaaaaud




Sa façon de penser et d'être me faisait rire, j'avais plus l'impression d'être avec un cousin que d'être avec mon oncle -rire-. Notre écart d'âge faisait que j'étais plutôt à l'aise avec lui, ça m'intimidait moins.


Deux heures étaient passées durant lesquelles nous avons fait connaissance et avons abordé plusieurs sujets dont leurs décès... J'ai appris qu'il n'avait jamais cherché à me joindre puisque sa famille avait coupé tout contact avec la notre et qu'il était encore très jeune pour comprendre toute cette histoire que sa famille essayait de cacher depuis bien trop longtemps. Il a d'ailleurs été très énervé par leur attitude quand il a pris conscience de l'état dans lequel on m'avait laissé après leur mort.



Isaac: j'suis dégoûté, on vient à peine de se connaître que tu vas déjà te marier


Moi: tu es marié toi ?


Isaac: ouai depuis deux ans. Elle s'appelle Yasemin


Moi: c'est une quoi ?


Isaac: -petit rire- une turque, que veux-tu que ce soit d'autre ? Y'a qu'Ahmet Allah y rahmo qui a enfreint la loi des parents... Trop nationalistes tes grands-parents


Moi: hm.. j'suis un peu l'intrus de la famille. Et ça ne s'arrangera jamais s'ils apprennent que la fille d'Ahmet se marie très bientôt avec un algérien... -sourire-



Isaac: c'est leur problème ça. Bon j'dois y aller, faut que j'emmène ma femme faire les courses. Garde mon numéro si tu as besoin et surtout appelles moi Isaac ça suffira, sinon j'me sens trop vieux -rire-. J'sais pas si on se reverra d'ici là donc j'te souhaite un bon mariage inchaAllah et c'est pas la peine de stresser, ton futur mari c'est un bon -clin d'œil-


Moi: euh.. d'ailleurs.. j'aimerai te demander quelque chose avant que tu t'en ailles...


Isaac: hm ?


Moi: j'aimerai que tu sois mon représentant pour.. tu sais... quand l'imam viendra..


Isaac: sérieux ?


Moi: à la base je comptais pas du tout sur toi, ni personne d'ailleurs.. mais.. ça me ferait plaisir que tu y assiste...


Isaac: ouai y'a aucun problème wAllah. Tu m'enverras un message pour l'adresse et l'heure et je viendrai inchaAllah


Moi: merci.. -sourire-


Isaac: eh Samia ?


Moi: oui ?


Isaac: ton père serait fier de toi



Je me suis contenté de lui sourire puis il est partit.
J'ai le cœur rempli d'émotions, de joie. Honnêtement je ne pensais pas que le courant passerait aussi bien. J'étais tellement buttée sur le fait que je ne l'apprécierai jamais.. qu'il était impossible pour moi d'imaginer le contraire. Je voulais le détester mais dès les premières secondes j'ai abandonné cette idée. Et je pensais vraiment pas qu'il était si jeune. À tout les coups Said le prend pour son pote -rire-



J'appelles Leila pour savoir ce qu'elle fait.


Leila: allo ? ... JE SAIS PAS ! ... NON ! ... NOOOON JE T'AI DIT ! ... ouai allo ?


Moi: oulaaaa j'appelle au mauvais moment on dirait


Leila: -souffle- Malik ne trouve pas sa chemise et c'.. MALIK SI JE LA TROUVE MOI MÊME ..! HMM JE PARLE PEU !


Moi: -rire- respire ça va aller


Leila: j'ai l'impression d'avoir un gosse à la place d'un mari !


Moi: aaah bah ça... c'est les hommes quoi


Leila: non mais il joue avec mes hormones lui mais il va voir s'il va jouer encore longtemps quand je lui aurai coupé sa grosse tête là



Moi: mais ..? -rire- ok la future maman, on se calme ! Bon, on se voit plus tard ! Bisous !



Ah ouai les garçons blaguaient pas quand ils disaient qu'elle était chiante avec ses hormones -rire-. InchaAllah moi je serai pire ! Comme ça j'en ferai voir de toutes les couleurs à Said !




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La fin est très très proche..!


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{1} Mes choix, ma vie, mon combat. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant