"Entre os et épée"

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Je vois bien que tout les regards sont braqués sur moi. C'est pas des yeux pleines d'envie, on admire pas ma peau, et mes yeux bleus. On regarde mes jambes qui sont devenues trop fine pour mes pantalons. On regarde mes joues creuses et mes cernes. On regarde mes paupières gonflées par les nombreuses larmes qui ont dévalé mon visage. Peut être que certains cherchent mon sourire mais ne voient que le vide dans le fin fond du bleu de mes yeux. Et quand je me regarde, je me demande où sont passés les rayons, où est partie la fille qui brillait comme un soleil. Je me demande comment je suis devenue nuit. Je me vois et je me demande où se trouve la lumière qui éclairait ma vie. Je m'en veux d'être devenue si vide et pourtant si pleine, si lourde. Je repense au temps où j'entrais dans les restaurants, le temps où j'aimais dévorer des bons plats. Je me demande si l'appétit s'est perdu dans la douleur, lui aussi. Je me demande si il va revenir. Je me demande si j'arriverai à retrouver mes cuisses musclées, mes fesses fermes et rebondis. Et mes joues, celle que l'on me pinçait quand je faisais des grimaces. Je n'entends plus que le bruit de mes os qui grincent, de mon ventre qui gargouille et appel à l'aide. Je n'ai plus le plaisir de me nourrir, c'est devenu un calvaire. C'est devenu fade Parce que c'est quelque chose que j'avais associé à toi. Parce que la cuisine, c'est ce que j'admirais chez toi. Parce que tu m'as fais découvrir une gastronomie que j'ai adoré et qu'aujourd'hui, t'es parti et tu l'as emmené avec toi. J'avance et j'attends que la faim revienne. J'attends un matin, a l'aube du soleil, avec une envie de dévorer un croissant, d'engloutir un verre de jus d'orange. Parce que chaque matin, ton absence me comble de vide, et je n'ai la place pour rien d'autre.

"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent" Victor Hugo 

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