Nathan se leva à 9h09 ce jour là. C'était aujourd'hui. Il allait quitter son appartement et ne savait où il finirait. Il se leva de son lit et lui sembla que tous les membres de son corps d'opposaient à ce geste tant ils s'étaient alourdis. Il était si dur de quitter la seule chose qui le raccrochait encore à son passé. Il sortit de son vieux placard un gros sac et y installa quelques vêtements. Il ne voulait rien prendre de plus. Puisqu'on décidait de le mettre à la rue, autant y aller franchement, non ?
Il se prépara quand même quelques trucs à manger, et les mit dans son sac. Il ouvrit la porte, le cœur lourd, et jeta un dernier regard à son appartement. Il eut une pensée pour son piano, qu'il ne reverrait probablement jamais. Sa gorge se noua, mais il ne voulait pas pleurer. Il ne devait pas pleurer. C'était comme une règle d'or chez lui. Souffre autant que tu veux, mais ne laisse rien paraître. Les gens finissent toujours par profiter de tes faiblesses.
Mais personne n'était là pour en profiter, puisqu'il était seul désormais.
Il ferma la porte et y déposa une lettre qu'il avait écrite il y a quelques jours déjà :
C'est dans une rage silencieuse mais profonde que je vous laisse mon appartement. Sachez que je n'oublierai jamais ce que vous m'avez obligé à faire. Sachez que jamais je ne vous le pardonnai. Maintenant allez-y, prenez le. Brûlez le, puisque c'est ce que vous auriez préféré faire plutôt que de me le laisser car je ne pouvais payer.
Et c'est sur ces mots qu'il partit. Il marcha durant de longues heures, qu'il ne vit pas passer. Il pensait à tout, à son passé, ses souvenirs, mais pas à son futur qui l'effrayait tant. Comment avait-il pu en arriver là ? A déambuler dans les rues joyeuses qui tremblaient sous les pas enjoués des enfants à l'approche de noël ?
Il vit un banc et ne chercha pas à en savoir davantage. Il s'écroula lamentablement dessus et s'endormit. Le froid commençait sérieusement à s'emparer de lui. Ses doigts se gelaient et il avait peine à les bouger. Son visage était rouge, si rouge que certains passants souriaient en le voyant passer.
Bande d'abrutis, aurait-il juré s'il n'était pas endormi. Mais il dormait, Nathan. Et c'était tellement plus simple pour eux de se moquer de lui à son insu.
Il se réveilla aux alentours de 23h. Rares étaient les personnes qui étaient encore dehors à cette heure-ci et ce jour là. C'était le 24 décembre de jour là.
Il se leva avec difficulté. Le froid avait gelé ses muscles et il les dégourdit avant de pouvoir se lever. Une fois levé, il regarda autour de lui. Il faisait noir, froid, et c'était limite effrayant.
Soudain, il entendit un cri strident. Il sursauta et son cœur se mit à battre la chamade. Le cri se fit entendre de nouveau et Nathan essaya de trouver d'où il venait. Cela provenait d'un parc non loin. Il s'en approcha doucement, pris d'une adrénaline qu'il ne saurait expliquer.
Il aperçut 2 silhouettes, dont une bien plus petite que l'autre. Les cris semblaient provenir de la deuxième. Il s'approcha un peu plus et pu constater qu'il s'agissait d'un homme et d'un enfant. Il devait avoir dix ans tout au plus et semblait effrayé de ce qui était en train de se produire. Nathan comprit vite l'objet de la terreur de cet enfant : l'homme qui se tenait devant lui avait un couteau à la main et le menaçait avec celui-ci. L'enfant aperçut Nathan et, sans mot, le supplia d'intervenir.
Nathan était complètement déstabilisé, ne savant comment réagir. Devait-il appeler la police ? Il n'avait pas de téléphone. Devait-il s'enfuir ? Il ne se pardonnerait jamais de voir le lendemain à la une qu'un enfant s'est fait poignarder de ce maudit parc. Il songea également à se battre avec cet homme afin de le distraire et de laisser l'enfant s'enfuir. Mais où irait-il ? Ce petit gamin frêle et frigorifié ne survivrait pas jusqu'au lendemain et ne retrouverait certainement pas quelqu'un de sa connaissance qui pourrait le sortir de cette situation.
Pris d'un courage inattendu, il se précipita vers sa cible en courant. Arrivé vers l'homme et l'enfant, il prit ce dernier dans ces bras et courut sans s'arrêter. L'homme tenta de lui infliger un coup de couteau qui déchira la manche de Nathan. L'homme se mit à crier en courant après Nathan et l'enfant qui avait couvert sa tête de ses deux mains et ne disait plus aucun mot. Nathan avait pris un peu d'avance, étant assez endurant, contrairement à la masse de derrière qui commençait sérieusement à s'essouffler. Il accéléra d'un coup et s'enfonça dans une ruelle. L'homme n'eut pas le temps de voir la direction de Nathan et dans un dernier juron de rage, il rebroussa chemin. Nathan, qui était caché derrière une poubelle, regarda fixement l'enfant qu'il tenait dans ses bras. Son souffle manqua de se couper lorsqu'il lui enleva les mains du visage.

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Doux désespoir
Ficción GeneralNathan savait qu'elle ne reviendrait pas. Il savait que d'ici peu, plus rien ne lui appartiendrait. Il savait qu'il finirait sous les ponts de l'oubli, comme il les appelait. Il pensait que tout était fini. Peut-être avait-il raison. Il pensait être...