22h

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Rose et Pierre s'assoient sur le canapé tandis que les autres sont en plein débat social.
- Moi je te dis que les gens achètent moins de bananes que d'avocats parce que les gens n'aiment pas le jaune ! S'exclame Antoine
- Ah ouais ! Et tu oublies ceux qui sont allergiques à l'avocat ! Eux ils achètent plus de bananes ! S'époumone Charlotte.
Matthieu pouffe en les regardant se battre pour des broutilles, ils hausse les épaules amusé quand Rose et Pierre l'interrogent du regard.
- Mais y a que trois pommés en France qui sont allergiques à l'avocat ! Ça compte pas ! Renchérit Antoine.
- Crétin, je suis allergique à l'avocat ! Crit Charlotte blessée.
Son interlocuteur explose de rire et se bidonne tout seul pendant trente secondes.
- Qu'est ce qu'il y a de si drôle ?! S'énerve la jeune femme.
- C'est... C'est que... N'arrive-t-il pas à articuler tant son rire lui secoue la poitrine. C'est que les petits-les petits fours... Il y en avait à l'avocat !
Charlotte se décompose et Antoine continu de rire. La jeune fille se lève d'un coup et court vers les toilettes. Dieu merci c'est elle qui connaît le mieux l'appartement.
- Antoine, commence Pierre. Tu devrais aller la voir. Je crois que c'est de ta faute si elle est pas très bien là...
Un raclement de gorge écœurant résonne depuis les toilettes. Le jeune homme souffle mais se lève résigné et va aider son amie à régurgiter l'apéritif.
- Je crois que c'était surtout dans sa tête... Dit Matthieu.
- Comment ça ? Demande Pierre.
- Beh elle s'en serait rendu compte en mangeant qu'il y avait de l'avocat.
Les deux autres font une moue désintéressée et ouvrent la bouteille de whisky.
Antoine tient les cheveux de Charlotte.
- Dis ça fait combien de temps que tu t'es pas brossé les cheveux ?
Elle ne répond pas, la tête toujours dans la cuvette.
- Ils sont vraiment emmêlés... Et un peu crades sur le dessus...
Là elle relève son bras et lui adresse un beau doigt d'honneur mais sans bouger la tête. Antoine rit doucement.
- Tiens, tiens, ce ne serait pas une pellicule ça par hasard ? Ou une lente peut-être ?
Furieuse elle se retourne d'un coup pour lui mettre une petite gifle. Elle se rate, mais la rapidité du mouvement lui monte à la tête, cette dernière commence à tourner et une nouvelle remontée de liquide surgit et s'étale sur le tee-shirt du garçon.
- Oups... Parvient-elle à articuler.
- Connasse.
À son tour de rire un petit peu avant de replonger sa tête dans la cuvette.
Une fois lessivée et sûre d'avoir vidé son estomac, Charlotte se relève et se rince la bouche dans la salle de bain adjacente.
- Ça va ? Lui demande gentiment le jeune homme qui lui, lave son tee-shirt dans la douche.
- Ouais ouais. Tu sais tu devrais emprunter un tee-shirt de Matthieu.
Joignant le geste à la parole elle lui en ramène un qui traînait sur la chaise de bureau de leur ami.
- Merci.
Elle lui sourit et s'attache les cheveux.
- Tu sais c'était une blague hein, tes cheveux sont pas vraiment sales.
- Tes blagues sont toujours hilarantes Antoine, vraiment.
- Tu vas finir par te noyer dans ton sarcasme toi.
- Et toi il va falloir que tu acceptes, dit-elle en sortant.
Il la rattrape dans le couloir et l'arrête en lui enserrant le poignet.
- Que j'accepte quoi ?
- Rien.
- Charlotte. Dis moi.
- ... Que je suis plus drôle que toi.
Elle se dégage de son emprise et se faufile jusqu'au salon en criant.
- Eh Matthieu ! Et les autres ! Applaudissez- moi, je viens de gerber sur Antoine !
Les trois rigolent et l'applaudissent, ravis de voir la figure déconfite de leur ami apparaître dans le salon, vêtu d'un nouveau tee-shirt.
- Gna gna gna, grogne-t-il.
- Bon allez, venez boire un peu ! S'enjoue Matthieu. On a ouvert une nouvelle bouteille.
- Cooool ! Dit le jeune homme en sautant sur le canapé.
L'hôte les sert et tous les cinq boivent cul sec leur premier fond de verre de whisky.
Charlotte grimace et tire la langue.
- Baaaah.
- T'aimes toujours pas ça hein ? Rit Rose.
- Je sais pas comment vous faîtes. Encore le champagne passe crème mais l'alcool dur et pur... J'ai ma dose, merci. Elle est où ton enceinte Matt' ?
- Sur le bar.
Elle va la chercher en sautillant et y connecte son téléphone.
- Pas de rap s'il te plaît, demande Rose.
- Met pas ton vieux rock, râle Pierre.
- Ni du slam ! Renchérit Antoine.
- Et surtout pas de transe, termine Matthieu.
La jeune femme soupire. Génial... Elle n'a rien d'autre pour eux... À moins que... Elle sourit, monte le volume à fond et clique sur lecture.
- Patrick Sébastien les gars !!! Hurle-t-elle.
Puis elle se met à se dandiner en chantant qu'elle est serrée entre les huiles et les aromates.
- Pitié... Soupire Antoine en se bouchant les oreilles exagérément. Faîtes la taire.
Quelques minutes plus tard ils dansent tous sur leurs chansons préférées d'adolescence. Jazz, rock, pop, rap... L'appartement encaisse le bruit et les murs tentent tant bien que mal de garder les notes. Seulement quelqu'un toque à la porte un instant après.
- Bah alors Matt' tu as invité quelqu'un d'autre sans nous le dire ? Demande Pierre en mimant la danse des canards sans raison apparente si ce n'est l'alcool qui commence à se déverser dans ses veines.
L'intéressé fronce les sourcils. Personne d'autre n'a été invité.
Rose se précipite vers la porte.
- Je suis sûre que c'est un livreur de pizza ! Rit-elle.
Matthieu la suit de près. Elle ouvre la porte et c'est un voisin qui tape du pied mécontent qui lui fait face.
- Bonsoir Matthieu. Tu ne nous as pas dit que tu faisais une fête.
- Oh bonsoir Monsieur Ruise. Je suis désolé ça devait être une petite soirée entre amis au départ, je ne pensais pas que...
- Est ce que tu pourrais juste baisser ta musique ?!
Rose qui tient toujours la porte pouffe dans sa main, toute frivole elle propose au voisin de se joindre à eux dans une danse. L'homme ne la regarde même pas, ni ne lui accorde un mot et se contente de presser Matthieu.
- Bon allez, tu la baisses cette musique ! Mes gosses ne peuvent pas aller se coucher dans un vacarme pareil et il est presque 23 heures !
- Euh, oui oui, tout de suite.
Matthieu court dans le salon baisser le volume de son enceinte sous les protestations de ses amis. Rose tente toujours d'amadouer le voisin qui semble se retenir d'exploser de colère mais ce dernier continue de l'ignorer royalement. Matthieu revient à la porte complètement désolé.
- Écoutez Monsieur Ruise, je suis vraiment navré, je ne pensais pas que ça déborderait comme ça.
- Mon garçon j'étais à deux doigts d'appeler ta mère, tu as eu de la chance.
- Merci de ne pas l'avoir fait. Je vous promet de veiller à ce que la musique ne monte pas.
- Merci Matthieu.
Rose referme la porte et Matt' souffle soulagé.
- Ben dis donc, pas facile le voisin, commente la jeune femme.
- Ouais. Heureusement qu'il n'a pas appelé ma mère.
- Pourquoi ? T'es en mauvais termes avec elle ?
- On peut dire ça.
- Pourtant avant vous étiez hyper fusionnels avant... Je me souviens que vous vous entendiez très bien, vous étiez complices...
- Ouais... Mais depuis quelques années elle est devenue insupportable, toujours sur mon dos, elle ne me lâche pas d'une semelle. Tu n'imagines même pas comment j'ai du batailler pour avoir cet appart' et un semblant d'indépendance... Mais comme elle n'est jamais rassurée elle a prit les numéros de tous les voisins, m'appelle une fois par jour et passe deux fois par semaine.
- Avant elle avait une totale confiance en toi. Qu'est ce qu'il s'est passé ?
- Je sais pas... Le contre-coup de la mort de mon père peut être.
- Euh... Je ne sais pas si un contre-coup peut survenir sept ans après un décès...
- En tout cas je n'ai plus une seule minute de répit avec elle.
Rose lui frotte le dos compatissante en retournant dans la pièce à vivre puis elle le laisse aller s'affaler dans un fauteuil tandis qu'elle recommence à se dandiner sur la musique devenue un murmure à ses oreilles.
Une chanson plus lancinante passe. Un slow peut-être, le cerveau de Rose n'arrive plus très bien à discerner les choses. Mais elle se rend très bien compte du corps d'Antoine qui vient se coller à elle pour danser. Elle se laisse guider. C'est agréable de retrouver sa chaleur comme autrefois. Elle sent ses mains sur ses hanches, sa tête dans son cou et son odeur qui vient chatouiller ses narines. Des effluves citronnées enivrantes. Antoine lui murmure suavement :
- Je t'aurais bien emmené dans une chambre.
- Idiot va.
Il sourit contre sa peau et y dépose un baiser. C'est doux, comme un bon souvenir. Rose se pince la lèvre. Elle regrette de ne plus avoir Antoine auprès d'elle. À 18 ans elle se voyait faire sa vie à ses côtés, élever ses enfants avec lui, leurs enfants. À la fois mari et meilleur ami. Antoine continue de couvrir son cou de petits baisers et il remonte jusqu'à son oreille.
- Tu m'as manqué Rose.
- Toi aussi tu m'as manqué.
- On aurait pu se marier.
- Arrête.
- Et avoir des enfants.
- Arrête s'il te plait.
Ça lui fait mal qu'il ait eu les mêmes envies qu'elle. Ça lui fait mal de ne pas pouvoir exaucer leurs vœux. Sa vie avait été gâchée. Leurs vies.
- Quoi ? Tu regrettes ?
- Mais regretter quoi Antoine ? Qu'est ce que tu veux que je regrette ? Je n'ai rien pu faire. Toi non plus. Tu le sais très bien.
- Ouais... N'empêche qu'on aurait pu être sacrément heureux.
- Ça me tue... Soupire-t-elle.
Il rit dans sa nuque et elle frisonne quand il se détache d'elle.
- J'ai hyper soif. Je te ramène quelque chose ? Propose-t-il.
- Non merci. J'ai déjà la tête qui tourne.
Il lui sourit et va rejoindre la table basse et les bouteilles qui s'y trouvent tandis qu'elle va s'asseoir sur un tabouret de la cuisine. Elle prend sa tête entre ses mains et souffle. Elle aimerait que le monde arrête de tourner.
Charlotte s'approche d'elle.
- Tu veux un verre d'eau ?
- T'as pas une bouteille carrément ? Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas bu que je ne tiens plus du tout l'alcool. 
Son ancienne amie lui en tend une et prend le tabouret à sa droite. Elle regarde dans le vide et fait tourner une petite cuillère entre ses doigts.
- Qu'est ce qu'il y a ?
Charlotte se tourne vers Rose.
- T'es fatiguée ? Tu veux re-vomir ?
- Non non.
- Qu'est ce que tu as alors ?
- C'est juste... Dur de vous revoir tous. Comme ça. D'un coup.
- On est tous un peu remués tu sais. Personne n'étais au courant que Matthieu allait nous réunir.
- Ouais je me doute. Mais ça fait vraiment bizarre... C'est comme si on continuait de creuser un trou dans mon estomac et que ça me ronge encore et encore.
- Ça s'appelle remuer le couteau dans la plaie.
Elle se contente de lui tirer la langue.
- Cette soirée nous as vraiment pourrit la vie, dit péniblement Rose.
- Tu l'as dit.
- Qu'est ce que tu aurais pu faire sans que tout ça arrive ?
- Mon école d'art, mon premier salaire, acheter ma première voiture... Dit la jeune femme mélancoliquement. Et faire mon coming-out aussi.
- Je le savais ! S'écrit Rose enthousiaste. Pourquoi tu ne l'as pas fait plus tôt ?
- Je-j'acceptais pas qui j'étais. Mais je regrette de ne pas avoir eu confiance en moi plus tôt.
Rose comprend. Elle comprend tellement bien. Elle qui avait l'impression d'être enfermée dans une enveloppe corporelle ingrate et disgracieuse pendant six ans se sent aussi concernée.
- Moi c'était mon corps que je n'arrivais pas à accepter. C'était terrible de me regarder chaque matin et chaque soir dans le miroir. Dès que je voyais mon reflet je me dégoûtais. J'avais honte de l'image que je renvoyais, que mon corps reflétait. Et je pleurais, chaque fois, je pinçais ma peau, je rentrais le ventre et j'ai arrêté de manger. Boulimie ? Anorexie ? J'en étais pas loin...
Elle secoue la tête pour chasser ces mauvais souvenirs.
- Heureusement que vous étiez là pour me relever quand je tombais trop bas.
Soudain Pierre interrompt leurs confessions.
- Eh les filles ! Matt' m'a dit qu'il y avait des pizzas dans le four ! Vous pouvez les sortir ?
Charlotte hoche la tête.
- Maintenant qu'il en parle c'est vrai que ça sent bon...
Elle sort les quatre grosses pizzas du four, toujours dans leurs cartons et s'improvise pizzaïolo. Avant de les apporter aux trois autres goinfres elle interpelle Rose.
- Tu sais Rose, on s'est perdues de vue dans une période où nous étions nous-mêmes perdues, et c'est triste de ne pas avoir pu panser ces plaies.
- Non Charlotte. Ce qui est triste c'est de l'avoir fait trop tard.
La jeune femme avait des regrets, trop de regrets. Assise sur le canapé, elle fixe les pizzas morcelées et ses anciens amis qui mangent avidement. Elle prend une part. Charlotte lui sourit. Oui, maintenant elle peut manger, ce qu'elle veut, quand elle veut, personne ne lui dira rien, personne ne fera de réflexion, qui pourrait ? Certainement pas les pimbêches du lycée, dont seuls les regards suffisaient à te dire que tu étais laide, ni ta famille, ni tes amis.
Personne ne parle, chacun est concentré sur son dîner, une musique quelconque meuble le fond sonore mais Matthieu brise ce doux silence.
- Bon alors ! Qu'est ce que vous devenez tous ? Enfin moi je le sais mais les autres pas vraiment.
Aucune réponse, ils se figent.
- Ben quoi ? Me regardez pas comme ça. C'est juste pour faire la conversation...
Les quatre se jettent des petits coups d'œils indécis. Dire ou ne pas dire ? Ils n'osent pas.
Antoine se racle la gorge.
- Moi je... Il marque une pause, hésitant, dire ou ne pas dire ? Moi je suis en stage dans la boîte commerciale de mon oncle.
- Moi je suis à la fac de lettre, avoue Rose.
- Je suis employé chez EDF, dit Pierre.
- Et moi... Je suis en école de journalisme, termine Charlotte.
Matthieu tapote dans ses mains comme un enfant, sans doute est-il légèrement bourré.
- Eh bien voilà ! C'était pas très compliqué !
Les quatre autres semblent gênés et ne savent plus quoi faire.
L'esprit embrumé par l'alcool, Matthieu jette de nouveau le sujet tabou sur le tapis :
- Dooonc pour revenir à cette soirée, il y a quatre ans ! Il s'est passé quoiiiii ?
Il laisse traîner sa voix comme une fillette aguicheuse. Antoine souffle et Charlotte se pince les lèvres pour éviter de balancer quelque chose qu'elle pourrait regretter.
- Rien. Dit Rose.
Les autres la regardent choqués. Rose ? Est-ce vraiment elle qui vient de chuchoter ce petit mot tout bas ? Rose qui dit tout le temps la vérité ? Rose la gentille, la positive ? Impossible... Mais pourtant si ! La jeune fille coince ses mains entre ses genoux et baisse la tête.
- Il ne s'est rien passé... Répète-t-elle.
Matthieu s'emporte un peu.
- Roooh arrêtez ! Vous voyez pas que je fais tout pour vous réconcilier ! Faîtes un effort de votre côté ! Ça peut encore s'arranger !
- Tu te trompes, dit Pierre. Rien ne pourra plus s'arranger. C'est foutu. Faut que tu l'acceptes, on ne redeviendra pas amis. C'est au-dessus de nos forces.
- Mais...
- STOP MATTHIEU ! ARRÊTE ! Crit Charlotte en perdant patience. Je ne veux plus t'entendre pleurnicher à propos de cette soirée !
- On ne veut pas en entendre parler ! Siffle Antoine les dents serrés.
Matthieu se relève en tremblotant.
- J'ai... J'ai fait tout ça pour rien ? Je voudrais juste une explication... Pourquoi ? Pourquoi ?! POURQUOI ?!
Il se met à pleurer. L'alcool rend faible.
- Quatre putains d'années que je broie du noir sans en connaître la cause exacte ! Je vous déteste ! Je vous haïs ! Vous êtes tellement lâches...
Sa voix se brise et il n'arrive pas à retenir ses larmes qui lui brûlent les joues.
- Ta gueule Matthieu, raille Charlotte. Tu ne sais pas ce que tu dis.
- Oh si je sais très bien ce que je dis ! J'ai peut être quelques grammes dans le sang mais je suis parfaitement conscient de ce que je dis ! ET JE VOUS HAÏS ! ET VOUS ÊTES LÂCHES !
Charlotte explose.
- MAIS TA GUEULE ! C'EST TOI QUI EST LÂCHE ! T'ES BIEN LA SEULE PERSONNE LÂCHE DANS CETTE PIÈCE !
- Charlotte je t'en prie... Murmure Rose. Calme toi...
- Retenez moi, dit la jeune femme. Retenez moi ou je vais le tuer.
Matthieu écarte les bras et s'adresse à tout le monde.
- Quoi ? Tout ça est de ma faute ?! C'est moi qui ai fait exploser le groupe ?
- Matthieu arrête, je t'en prie, demande Antoine.
- Oh non ! Oh non, je ne vais pas m'arrêter tant que vous ne m'aurez pas dit ce qu'il s'est passé à cette fichue soirée.
- Tu sais très bien ce qu'il s'est passé ! Lâche Antoine.
Les autres se tournent vers lui effarés.
- Quoi ? Fallait bien lui dire non ?! Faut qu'il arrête de se voiler la face !
Pierre se met à sangloter. Il est submergé par ses émotions. Il ne contrôle plus rien et perd pied. Il ne veut pas repenser à ça, surtout pas...
- Je voulais juste oublier... Juste oublier...
Rose le prend contre elle et le berce comme un enfant.
Matthieu reste planté au centre du tapis. Il ne tremble plus. Autour de lui tout semble grésiller. De sa faute ? Il le sait ? Il l'a vu ? Arrêter de se voiler la face ? Oublier ? Il est perdu. Il ne comprend rien. Les autres ont l'impression de lui avoir tout dit mais lui ne comprend pas. Il sert les poings. Ils le prennent pour un idiot. La colère lui monte à la tête et il se met à hurler.
- QU'EST CE QUE J'AI FAIT ? QU'EST CE QUE JE VOUS AI FAIT ? QU'EST CE QUE JE NOUS AI FAIT ?
Personne ne répond. La rage du jeune adulte augmente d'un cran.
- COMMENT J'AI PU FOUTRE LA MERDE ENTRE NOUS ? DITES-MOI CE QUE J'AI FAIT ! MAINTENANT !
Pierre pleure plus fort. Rose a peur. Charlotte se retient de le frapper. Antoine tire sur ses cheveux en grimaçant. Et quelqu'un toque à la porte. Fou de rage Matthieu va ouvrir, c'est le voisin.
- QUOI ?
Monsieur Ruise recule sous le ton qu'a employé le jeune homme.
- Matthieu est ce que ça va ? Je-J'ai entendu des cris... Votre petite fête ne se passe pas bien ?
- Si. Très bien. Je vous remercie.
Et il lui claque la porte au nez. Qu'il aille au diable ! Mais de l'autre côté du panneau de bois, Monsieur Ruise sort son téléphone de sa poche et compose un numéro.
- Bonsoir Madame, je suis le voisin de votre fils.

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