21h

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Matthieu ouvre la porte après avoir ouvert celle de l'immeuble à Rose. Elle entre dans son appartement avec un grand sourire.
- Salut salut ! Lance-t-elle joyeusement.
Ils se font la bise et elle accroche son manteau.
- Tiens, je t'ai apporté ça.
Elle lui tend une boîte de chocolats.
- Ce sont toujours tes préférés ?
- Oui, merci beaucoup.
Il l'emmène jusque dans la cuisine.
- Dis donc, je croyais que ça allait être une grosse fiesta moi !
- Tu es juste la première arrivée, les autres ne vont pas tarder. Tu n'as qu'à t'installer au bar, tu veux quelque chose à boire ?
- Oui je veux bien.
Matthieu s'applique à rester serein. Il lui sert une coupe de champagne. Et puis tant qu'à faire il s'en sert une aussi qu'il avale aussitôt.
- C'est mignon chez toi, observe Rose en détaillant les pièces du regard.
- Merci. Tu n'étais jamais venue avant ?
- Oh non, jamais. Tu sais on ne se voyait qu'à l'extérieur, je suis très prise par mes études. La fac ne me laisse pas beaucoup de temps de repos.
- Tu es bien la seule !
Elle rit et avale une gorgée de son verre.
Quelqu'un sonne à la porte. Matthieu se crispe. Voilà, c'est à partir de là que tout se joue.
- Attend, je reviens, je vais aller ouvrir, informe-t-il la jeune femme avec un grand sourire.
C'est Pierre. Il connaissait déjà le code de l'entrée et l'étage de son ami alors quand Matthieu ouvre la porte il reçoit une grosse accolade amicale.
- Salut mon vieux ! La forme ?
- Ouais, toi aussi j'imagine.
Pierre rigole et accroche son manteau à l'entrée.
Matthieu lui passe devant. Son rythme cardiaque s'accélère. Rose est dans la cuisine, Pierre dans l'entrée. Comment vont-il réagir en se voyant pour la première fois depuis quatre ans ? Rose a-t-elle entendu Pierre ? A-t-elle reconnu sa voix ?
Matthieu essaye de rester décontracté mais la peur lui noue le ventre.
- Tiens mec, j'ai apporté ça.
Son ami lui tend une bouteille de whisky.
- Fallait pas, rit-il. J'ai déjà ce qu'il faut !
Pierre hoche les épaules et le contourne.
- Y a pas grand monde...
- T'es le second c'est tout.
- Pas le premier ?
- Non non. Une amie est déjà dans la cuisine.
Pierre fait un sourire charmeur et traverse l'entrée vers la dite pièce. Matthieu se remet à trembler, la bouteille manque de tomber au sol, il n'arrive pas à bouger tandis qu'il voit son ami s'approcher de la cuisine. La scène avance au ralenti. La tension est insoutenable. De là où il est, Pierre ne doit apercevoir que le dos de Rose. Mais dans l'angle du mur Pierre s'arrête. Rose a dû se retourner. Le jeune homme reste immobile deux secondes, puis se tourne vers Matthieu et se remet à fixer Rose. L'hôte retrouve l'usage de ses jambes et accourt jusqu'à eux, qui se regardent, éberlués.
- Bon... Je crois que je n'ai pas besoin de faire les présentations... Je...
Matthieu ne sait plus quoi faire. Il avait pourtant tout préparé. Inventant un texte pour chaque entrée, reformulant en fonction de l'ordre dans lequel ils arriveraient. Mais là c'est le trou noir. Il dépose la bouteille qu'a amenée Pierre avant qu'elle ne se fracasse sur le parquet.
- Pierre ? Je... Te sert quelque chose ?
L'intéressé secoue la tête comme pour se remettre les idées en place et bégaye.
- Euh... Ouais.
Rose prend la parole doucement.
- Matt' ? Tu vas nous expliquer ça ? Hein ?
Le jeune homme hoche la tête et tend une coupe de champagne à Pierre. Il ne reste plus que deux verres vides sur le bar. Il se remplit de nouveau le sien et l'avale d'une traite. Ses deux amis le regardent sans bruit.
Soudain la sonnette retenti. C'est soit Antoine, soit Charlotte... Matthieu se pince les lèvres. Encore Rose et Pierre ça allait, ils sont calmes, ils comprendront. Mais Charlotte et Antoine... Là ça allait être plus délicat.
- Je vais aller ouvrir, bougez pas.
Pierre lève les yeux au ciel.
- Comme si on allait sauter de ton balcon.
Matthieu ne rit pas, dépose son verre et s'avance vers la porte. Il ouvre celle de l'immeuble et attend qu'on toque à la sienne. On toque. Il ouvre. Antoine.
- Salut vieille branche !
- Salut mec.
- Au début j'ai cru m'être trompé d'adresse. Tu m'avais parlé d'une grosse soirée mais y a même pas de musique !
- Ouais c'est juste que t'es arrivé tôt. Vas-y, débarrasse toi de ton manteau.
Antoine le retire et le dépose sur le porte-manteau, à côté de ceux de Rose et de Pierre.
- Chouette ton appart.
- Merci.
Matthieu angoisse comme jamais. Ses genoux s'entrechoquent mais Antoine ne remarque rien. Il avance à grands pas vers la cuisine. Matthieu se dépêche de le rattraper et lui passe devant en entrant dans la pièce. Il s'arrête au milieu et ne se retourne pas pour voir la réaction des trois jeunes gens. Il ferme les yeux, ses traits se crispent, il a très envie de partir en courant mais ses pieds restent collés au sol.
- C'est... C'est quoi ce bordel putain ? Articule Antoine.
Des coups forts résonnent contre la porte d'entrée. C'est Charlotte. Matthieu court lui ouvrir sans répondre à son ami. Charlotte lui tombe dans les bras.
- Ça faisait un bail ! Tu m'as manqué Matt' ! Je suis contente de te revoir !
Avalanche d'exclamations. Charlotte rentre comme une tornade. Elle continue de s'exclamer sur le temps, son voyage au Mexique, sa nouvelle voiture, les bouchons tout en accrochant son manteau. Elle avance dans le couloir en parlant toute seule de son chat, de sa grand-mère et de son patron. Tout ça en trente secondes chrono jusqu'à ce qu'elle entre dans la cuisine. Un silence royal s'abat dans le logis. Matthieu, qui est resté dans l'entrée, se bouche les oreilles. Ça va crier, il le sent. Il se remet à trembler comme une feuille. Quatre ans qu'ils ne se sont pas vus, il vient de réaliser un coup de maître en les réunissant tous les quatre dans sa cuisine, mais ne vient-il pas de déclarer la première guerre nucléaire ?
- Putain ! MATTHIEU ?!?!?!
Ça c'est Charlotte... Elle vient le chercher et le secoue comme un prunier.
- C'est quoi ça putain ?!
- Ben... Heu...
- Gros con !
Elle a déjà son manteau pendu sur son bras. Les trois autres sortent de la cuisine et restent au bout du petit couloir d'entrée.
- Je ne reste pas ici une minute de plus !
Matthieu est complètement démuni. Il s'était préparé à cette réaction cent fois mais il ne sait plus quoi faire. C'est quand la jeune femme ouvre la porte, qu'un déclic s'opère en lui. Il la referme d'un coup sec et pose une main sur l'épaule de la jeune hystérique.
- Non. Ne pars pas... Je... J'ai fais ça pour vous. Reste s'il te plaît. Écoute ce que j'ai à dire, tu pourra partir ensuite.
- Ne me prend pas pour une conne ! Je ne suis pas cinglée Matthieu, je ne resterai pas. Je reviendrai te voir quand tu seras seul.
- Non ! Je t'en supplie Charlotte, reste. Pas pour toi, pas pour eux, mais au moins pour moi. Vous tous ! Si vous voulez partir ne le faîtes pas, je vous en supplie. Restez, pour moi.
Il se remet à trembler. Charlotte pose sa main sur la sienne et la retire de son épaule.
- Je suis désolée Matthieu. Je passerai un autre jour.
Et elle sort.
- NON ! Hurle-t-il désespérément.
Charlotte s'arrête stupéfaite.
- Non ! J'ai besoin de savoir ! Ne t'en vas pas...
Les épaules de la jeune fille retombent. Elle est choquée par le ton qu'a pris Matthieu qui est d'ordinaire si calme. Elle adore son ami, vraiment. Donc c'est d'accord, elle reste. Elle rentre, sans un regard pour les quatre personnes et va se percher sur un tabouret du bar. Sans demander la permission elle se sert une coupe de champagne. Rose la regarde choquée.
- Ben quoi, rétorque Charlotte. Je vais en avoir besoin.
Antoine aussi se sert.
- ON va en avoir besoin, je te rassure on n'a pas tous été prévenus et on n'est pas tous heureux d'être là.
Matthieu revient.
- Merci Charlotte.
- Ouais. Bah de rien hein.
Le jeune homme passe au-dessus de sa mauvaise humeur et resserre un verre de champagne à tout le monde, finissant la bouteille au passage. Puis il prend une grande inspiration.
- Ça fait quatre ans que vous ne vous êtes pas vus. Vous n'avez rien à vous dire ?
Ils se concertent tous du regard.
- Euh... Salut ?
- Arrête Antoine c'est pas drôle, soupire Rose.
- Moi, dit Pierre, j'aimerais qu'on m'explique pourquoi tu nous as réunis ce soir ?
- Je voulais juste que tout redevienne comme avant...
- Mais rien ne redeviendra jamais comme avant ! Achève Charlotte.
- Mais pourquoi ? Demande Matthieu à bout de souffle.
Antoine hausse les épaules.
- On en est là. C'est tout.
- C'est tout ? Comment peux-tu dire ça ? "C'est tout"... Notre amitié a volé en mille morceaux après une stupide soirée ! Trois années de lycée magnifiques avec vous ont été balayées parce que... Je ne sais même pas pourquoi en fait ! Expliquez moi !
- Mais y a rien à expliquer ! S'énerve Antoine. On en est là pour une raison ou une autre. T'es le seul qui soit resté c'est tout. Va pas chercher des problèmes où il n'y en a plus. Arrête de vivre avec le passé, on ne sera plus le même groupe qu'au lycée. On a 22 ans putain ! Matt' faut que t'arrête de penser que tes amis du lycée tu les garderas toute ta vie. C'est faux.
Matthieu boit sa coupe cul sec. L'alcool ne va sans doute pas tarder à lui monter à la tête.
Un silence s'abat sur le petit comité. Personne n'ose rien dire le temps que Matthieu avale les propos de son ami. Enfin, forcément jusqu'à ce que Pierre se plaigne.
- J'ai la dalle...
Matthieu désigne la table basse et les petits toasts bien alignés qui attendent sagement d'être mangés. Tout le monde va s'installer sur les canapés, même Charlotte qui dépose son manteau sur une chaise.
Pierre observe les photos accrochées aux murs en se goinfrant.
- On a de sacré souvenirs quand même ! T'as tout gardé, je suis choqué... De la seconde à la terminale !
- Oh regardez celle ci, s'exclame Rose. C'était le premier été qu'on passait ensemble. C'était dans le chalet de montagne de mes parents.
- Vous vous rappelez comment on s'est rencontrés ? Demande Matthieu nostalgique.
- Bien sûr ! C'était dans les toilettes... Rose et Charlotte étaient ensemble et-
- Oui, on se connaissait déjà parce qu'on était dans la même classe.
- Et moi j'étais avec Matthieu, reprend Antoine, on avait fait connaissance parce qu'on était dans la même équipe de volley. On est rentrés dans ces toilettes, pendant l'entraînement, pour boire un coup. Je me souviens que c'était entre midi et deux.
- Vous nous avez trouvées, Rose et moi, en train de nous battre avec mon collant pour faire partir une tâche.
- Ouais on a rigolé sur le coup. Vous étiez marrantes.
- Et puis moi je suis rentré, continu Pierre. J'avais cours de chimie à cette heure-ci en option et j'avais renversé un liquide sur ma blouse et mon pantalon.
- On était tous les cinq penchés sur nos robinets quand on s'est retrouvés enfermés.
- Un coup des terminales ça !
- Ouais mais on saura jamais qui remercier, parce que sans ça on ne se serait sans doute jamais connus !
- La porte était bloquée. On est restés combien de temps dans ces chiottes déjà ?
- Au moins trois heures...
- Ça avait suffit pour qu'on fasse connaissance en loupant les cours !
- Ouais mais on s'est pris un sale savon par la cpe ensuite...
- C'était marrant. Et puis ensuite on s'est mis à rester ensemble, on se rejoignait pour manger, sortir, aller au ciné, prendre un café, se balader, réviser...
- Et aller en soirée ! Dans une desquelles tout ça s'est terminé, souffle Matthieu.
- Oh non ! S'exclame Charlotte. Tu vas pas recommencer avec ça hein ! Stop !
- Laisse nous juste nous rappeler le bon vieux temps... Intime Pierre doucement.
Matthieu coince ses mains entre ses jambes et baisse la tête. Il veut juste savoir après tout. Il ne veut pas énerver tout le monde, juste connaître la vérité. Rose pose une main sur son avant bras et le presse gentiment. Il relève la tête et elle lui fait un sourire compatissant auquel il répond par une moue désolée. Il s'en veut de leur faire de la peine et de les pousser à se mettre en colère.
- Bon par contre moi il y a quelque chose que j'aimerais éclaircir ! Annonce Pierre en tapant des mains pour attirer l'attention. C'est la relation entre Rose et Antoine !
Les deux concernés se regardent et sourient malicieusement.
- Eh bien, commence Rose. Je crois que nous étions à la fois meilleurs amis et amants. C'est peut-être pour ça que ça vous troublait et qu'un jour nous étions en couple et le lendemain nous ne l'étions plus.
- Mais ne vous inquiétez pas, nous non plus on s'en était pas rendu compte. On avait l'impression de s'aimer différemment d'un jour à l'autre. C'était un peu tordu, on vous l'accorde.
- En fait on s'est rendu compte qu'on partageait ces deux sentiments en approchant du BAC, en fin de terminale.
- On jouait aussi un peu avec pour vous faire tourner en bourrique.
Charlotte se met à rire.
- Comme la fois où vous nous avez fait une scène dans la rue. C'était très gênant pour nous... Rose était remontée comme une pendule contre toi Antoine et vous aviez fini par rouler dans le caniveau, Rose te tapant dessus et toi lui criant d'arrêter. Puis vous avez rit aux éclats et c'était finit !
- Ah oui je m'en rappelle ! J'avais peut-être aussi un peu cherché là...
- Pourquoi ?
- Il avait flirté avec une serveuse dans un café. Et ce jour là ce n'était pas celui de l'amitié...
- Désolé d'avoir brisé ton petit cœur espèce d'ogresse.
La jeune femme lui balance un coussin en ricanant. C'est elle qui se sent la plus à l'aise après quatre ans d'absence. C'est comme si elle a accepté ce retour précipité. Les autres restent légèrement en retrait, ou bien manquent d'assurance et se forcent à parler pour combler les blancs. Mais quand ils remontent dans leurs souvenirs et que tout resurgit, la langue se dénoue et ils papotent sans retenue.
Matthieu sourit, fier de retrouver un semblant de la complicité qui les unissait auparavant.

- Dis Matt' ? Demande Pierre. Tu as un balcon ? Ou un endroit où je peux fumer sans vous asphyxier ?
- Ouais, j'ai un balcon minuscule dans ma chambre. Viens.
- Je t'accompagne, dis Rose en se levant et en les suivant.
- Tu fumes maintenant toi ? Rigole Matthieu étonné.
- Oh non, c'est juste que je voulais prendre l'air un peu. J'ai très chaud et j'ai besoin de respirer.
Le garçon hoche la tête et leur ouvre la baie vitrée dans sa chambre.
- Je vais retrouver les autres, rejoignez-nous après.
Les deux acquiescent et s'assoient sur le béton, entre la rambarde et les pots de fleurs fanées.
- Excuse bidon, marmonne Pierre.
- Pardon ?
- T'avais pas besoin de prendre l'air, menteuse... S'explique-t-il en se roulant une cigarette.
- Non. Je voulais te parler.
- De quoi ?
- De toi.
- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?
- Quelque chose. Tu broies du noir, t'as les pensées sombres, je voulais t'aider.
- On n'a pas tous la chance de voir tout du bon côté comme toi Rose.
- Je ne vois pas tout du bon côté.
- C'est ça, menteuse jusqu'au bout, râle-t-il en allumant le tube de tabac.
- Je voulais juste te filer un coup de main, ou soulager ta conscience. Parler fait du bien. Mais tu sembles pas très disposé apparemment...
Il ne répond pas et prend la première bouffée de sa cigarette. Malgré son insolence elle n'en démord pas.
- Pourquoi t'es aussi grinçant ? On dirait un vieux.
- Peut-être parce que j'ai pris 60 ans d'un coup.
- Fataliste.
- Réaliste.
- Non tu te voiles la face.
- N'importe quoi !
- Répète ça en me regardant dans les yeux.
- Arrête ça devient ridicule, soupire le jeune homme.
Elle hausse les épaules, indifférente à sa mauvaise humeur.
- Si tu veux rester dans le noir c'est ton problème.
- Non... C'est juste que... Le temps d'avant me manque.
- Les années du lycée ?
- Oui... J'y arrive pas sans vous autour de moi. Y a des moments où je suis au fond du trou et je me laisse parfois aller.
- Aller à quoi ?
- À des trucs de dépressifs.
La jeune femme écarquille les yeux horrifiée.
- N-non. Tu n'as pas fais ça ?
Elle ne lui laisse pas le temps de répondre et saisit son avant-bras. Elle veut vérifier, être sûre. Il se laisse faire et continu de fumer. Elle relève la manche. Choquée elle porte une main à sa bouche pour étouffer un sanglot.
- Pierre non... Chuchote-t-elle.
Des dizaines de cicatrices sont là. Certaines récentes et rouge vif, d'autres presque invisibles mais incrustées dans sa peau.
- Ça me permet de me sentir moins coupable.
- Mais tu n'es pas coupable ! Personne ne l'est. Ça devait arriver c'est tout.
- La fin de notre amitié aurait pu être moins pire que ça...
- Arrête de remuer le passé comme ça, vit avec le présent.
- Ton optimisme me fait vomir.
Elle souffle, elle en a marre de le voir rejeter son aide avec dédain.
- Je veux juste t'aider.
- Mais tu ne peux pas m'aider ! Hurle-t-il. Tu ne peux pas parce que...
- Parce que nous ne sommes plus amis ?
- Non parce que nous ne le sommes plus depuis quatre ans. Et que ça fait quatre ans que je déambule dans le brouillard. Quatre ans que je ne vis plus, que je ne souris plus, que je meure lentement...
Il rejette un dernier nuage de fumée et écrase sa cigarette sur la rambarde puis la laisse tomber.
- Viens, on rentre, dit-il. Les autres vont se demander ce qu'on fout et tu vas attraper froid.
Elle se relève à son tour et commence à bégayer.
- Je... Je suis dé-désolée de ce qu'il t'arrive... Je voulais pas ça.
- Ouais mais comme tu l'as bien dit : ce n'est de la faute de personne.
À ce moment là, elle-même a du mal à accepter ses propres mots. Elle s'en veux tellement de ne pas avoir pu faire quelque chose à cette soirée pour éviter que Pierre vive ça. Elle est tellement désolée.
- Allez, reprend-t-il, rentrons, tu vas choper froid sinon. Mais tu sais Rose, je suis quand même reconnaissant que tu te fasses du soucis pour moi et que tu veuilles m'aider. Merci.
Il referme la baie vitrée derrière elle et remet sa manche en place. Ni vu, ni connu. Rose renifle, sèche ses joues au cas où d'un revers de la main et rajuste sa jupe. Voilà, c'est parfait comme ça.

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